lundi 28 octobre 2013

11-Septembre: Le cancer du doute

A quoi peut bien servir la machinerie NSA-CIA ?

« La guerre menée par le terrorisme contre ses adversaires déclarés est tout à fait invraisemblable. Pour être crédible, cette histoire exigerait triplement et simultanément une excessive stupidité des terroristes, une incompétence extravagante des services policiers, et une folle irresponsabilité des médias. Cette invraisemblance est telle qu’il est impossible d’admettre que le terrorisme soit réellement ce qu’il prétend être. »
Michel Bounan, Logique du Terrorisme

Dans un petit ouvrage salutaire intitulé Principes élémentaires de propagande de guerre, l’historienne Anne Morelli recommande, innombrables exemples à l’appui, de pratiquer avec assiduité le doute systématique face à toute communication gouvernementale, que ce soit en temps de guerre froide, chaude ou tiède. Après les attentats du 11 septembre 2001, qui ont suscité de la part de l’Occident, et des États-Unis en particulier, une déclaration de guerre indéfinie et sans fin contre le terrorisme, cette dernière notion prend d’ailleurs tout son sens. Comment nier que c’est bien dans une communication de guerre, et par conséquent dans la propagande, que les autorités états-uniennes ont versé dès le jour des attentats ? On se souvient peu aujourd’hui que dans le sillage du 11-Septembre, le ministre de la Défense Donald Rumsfeld avait créé un « Office of Strategic Influence » (i) ouvertement chargé de concevoir et diffuser une propagande de guerre qui donnerait l’avantage aux États-Unis dans leur ‘guerre contre le terrorisme’.
Cependant, dans le cas du 11-Septembre, bien plus qu’un devoir ou une nécessité, le doute s’est très vite imposé comme une évidence, tant l’ensemble des aspects de cet événement historique a été de nature à susciter la suspicion. Que cette tragédie, au-delà du choc qu’elle infligeait à une nation, soit tombée à pic pour une partie de ses dirigeants, personne n’en doute encore réellement. La direction qu’a prise la politique internationale des États-Unis après le 11-Septembre ressemblait trait pour trait à ce que les poids lourds de la future administration Bush avaient esquissé dans le cadre du Project for the New American Century (ii). Mieux, les guerres qui ont résulté des attentats étaient souhaitées, voire préparées, bien avant l’événement, comme le souligne Paul Lannoye dans son article. Mais de là à penser que ces mêmes dirigeants auraient laissé faire, favorisé, voire en partie organisé ce crime spectaculaire, il y a un pas douloureux, qu’il convient de bien considérer avant d’éventuellement se décider à le franchir.
En effet, les implications d’un tel scénario seraient tellement vertigineuses qu’elles incitent certains, consciemment ou non, à refuser tout net de simplement l’envisager. Sans tirer de conclusions hâtives, il est utile de soupeser les implications possibles et de les évaluer, tel le scientifique qui formule des hypothèses, valide celles qui se vérifient et invalide les autres pour construire un modèle théorique. Si vraiment une partie du pouvoir états-unien a trempé dans cette abomination, tous les beaux discours sur l’exportation de la démocratie et la lutte contre les dictateurs seraient réduits à des bobards à géométrie variable qui cachent mal une soif de pétrole et de domination géopolitique. Mais ça, on commençait à s’en douter, même sans l’éclairage du 11-Septembre. Par contre, cela pourrait en outre signifier que les États-Unis ont besoin d’ennemis pour perpétuer leur domination et justifier le modèle qui la sous-tend, et que partagent leurs nombreux alliés, en particulier au sein de l’OTAN. Cela impliquerait également que la démocratie telle que nous la connaissons est profondément viciée, et qu’un théâtre qui joue avec nos vies serait mis en scène par des intérêts hors de tout contrôle. Ultimement, cela signifierait que ceux vers lesquels nous nous tournons instinctivement pour notre sécurité en cas de détresse, nos dirigeants, peuvent être nos ennemis.
Au vu de la douloureuse ampleur de ces implications, il est vital d’en avoir le cœur net : s’il y a le moindre doute, il faut remuer ciel et terre pour établir la vérité. Et malheureusement, les doutes sont légion. D’une part, il y a de nombreux précédents d’opérations sous fausse bannière ou inside jobs*, comme l’explique l’historien suisse Daniele Ganser, y compris et en particulier de la part des puissances démocratiques. Il y a aussi de nombreuses incohérences factuelles ou zones d’ombre qui subsistent dans la version officielle des attentats, de l’aveu même de certains de ses défenseurs. Enfin, le doute est fondé aussi au vu de l’attitude du pouvoir états-unien, à qui les familles des victimes et l’opinion publique ont dû forcer la main pour obtenir une enquête tardive, et dont le résultat est à tout le moins indigent, comme l’ont reconnu par la suite une majorité de membres de la Commission d’enquête officielle.
Quand bien même le doute serait infondé, il est devenu une réalité qui atteint une partie substantielle de l’opinion mondiale et des nations démocratiques. Or la confiance qu’accordent les peuples aux dirigeants qu’ils élisent est par définition la base même d’une démocratie saine. Cette confiance est actuellement gravement mise à mal par toute une série d’événements récents qui font douter les peuples de la teneur démocratique des pays occidentaux : mensonges avérés sur les mobiles de la guerre en Irak et des suivantes, sauvetages ruineux des banques en crise au détriment des dispositifs sociaux les plus élémentaires, remise en cause des principes même du fonctionnement de la démocratie dans son berceau grec – et demain peut-être au-delà – par la délégation de la prise de décisions cruciales à des instances non élues, et la liste ne s’arrête pas là. Dans le monde actuel, les raisons de se défier des gouvernements démocratiques ne manquent pas. A ce titre, il serait vital que ceux-ci commencent à prendre en compte l’existence et l’ampleur de cette défiance, et à donner au moins l’impression d’une volonté de l’entendre et de la réduire par des gages de bonne foi. Or, notamment dans le cas du 11-Septembre, c’est au contraire que l’on assiste. Le doute légitime est systématiquement décrédibilisé, voire ridiculisé, et plus largement, la résistance aux divers reculs démocratiques est criminalisée dans une mesure croissante. Notons que le 11-Septembre a signé le déclin du mouvement altermondialiste et a fait reculer les libertés individuelles dans le monde ‘libre’. Si l’on ne s’étonne même plus d’apprendre que la NSA états-unienne est à la Stasi est-allemande ce que le TGV est à la bicyclette, c’est que la situation est grave.
Grave, mais pas désespérée. La défiance croissante est aussi un signe de réveil, d’une prise de responsabilité de la part des opinions qui demandent désormais des comptes aux pouvoirs, qui leur en doivent. Les sceptiques du 11-Septembre, souvent qualifiés de ‘conspirationnistes’, ne sont pas les ennemis de la démocratie que certains voudraient faire d’eux. Bon nombre d’entre eux ne demandent qu’à croire que les États-Unis ont été surpris par une attaque sur leur sol, et au-delà, que la démocratie telle que nous la connaissons peut encore être sauvée. Simplement, devant la gravité de l’événement et de ses implications, ils demandent que leurs questions soient entendues, et qu’on leur fournisse des preuves solides qui soient de nature à lever le moindre doute. En regard d’un crime qui a fait reculer la paix dans le monde, les libertés démocratiques, et les perspectives de développement autonome de toute une série de pays, leur revendication ne paraît pas extravagante.

Olivier Taymans
 
(i) Voir par exemple : « How rocket scientists got into the hearts-and-minds game », US News, 17/04/2005 ;
et « Pentagon plans propaganda war », BBC News, 20/02/2002.

(ii) Ce think tank républicain a notamment publié, en septembre 2000, un document intitulé Rebuilding America’s Defenses, qui appelait de ses voeux, entre autres, un renforcement massif de la présence militaire états-unienne au Moyen Orient, tout en reconnaissant que « ce processus de transformation […] sera sans doute long en l’absence d’un événement catastrophique et catalyseur – comme un nouveau Pearl Harbor ».
Voir: http://www.newamericancentury.org.

* Les GLADIOS made in OTAN qui sous couvert de lutte secrète contre l'URSS utilisaient des gauchistes européens pour faire endosser les crimes terroristes de leurs cellules spécialisées. L'islamiste a remplacé le gauchiste dans ce rôle du couillon indispensable.

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