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lundi 20 septembre 2010

Qui sont les anarchistes ?



 Noir, rouge et vert  

Les liber­tai­res ne vivent pas non plus sur une autre planète, dans un autre monde. Ils font des enfants et tra­vaillent comme tout le monde ou pres­que. Néanmoins, au tra­vers de leurs rép­onses, on peut remar­quer que divers milieux se croi­sent. Cela va de l’artiste qui tra­vaille pen­dant de lon­gues journées dans son ate­lier loin de tous, au paysan qui vit dans un ter­roir semi-dés­er­tique de la cam­pa­gne franç­aise ; de ces révoltés urbains vivant en com­mu­nauté, à ces étudiants qui, dans les uni­ver­sités, trou­vent à la fois le savoir ins­ti­tu­tion­nel mais aussi des copains leur fai­sant connaître des auteurs qui ne sont tou­jours pas ins­crits au pro­gramme sco­laire. Et pour­tant, cer­tai­nes rép­onses nous infor­ment qu’on peut connaître les idées liber­tai­res par­fois au collège (pen­dant le cours d’ins­truc­tion civi­que en cin­quième, comme a rép­ondu un jeune employé de 26 ans), ou au lycée (par mes pro­fes­seurs d’his­toire, ainsi que l’a indi­qué ce fonc­tion­naire des PTT de 39 ans) ou enfin à l’uni­ver­sité, où il y a par­fois un prof de philo ou de socio­lo­gie qui fait connaître les idées et les auteurs anar­chis­tes, aux élèves. La lec­ture de ces rép­onses nous permet en fait de res­ti­tuer une image qui, à défaut d’être exhaus­tive, est quand même proche, me semble-t-il, de ce qui est en réalité la pra­ti­que et la vie quo­ti­dienne des liber­tai­res aujourd’hui : un ensem­ble, bouillon­nant, hétérogène, bavard, sen­si­ble, excen­tri­que, mili­tant, curieux, res­pon­sa­ble, autre­ment dit un être humain sen­si­ble et réfléchi, selon les termes uti­lisés par un jeune cui­si­nier de 27 ans pour résumer ce qu’est selon lui un anar­chiste. Cette diver­sité s’exprime non seu­le­ment dans les lec­tu­res indi­quées plus haut, mais aussi par leurs sen­si­bi­lités poli­ti­ques. En effet, la liste des grou­pes poli­ti­ques, des mou­ve­ments sociaux non liber­tai­res dont ils se sen­tent pro­ches est très longue. D’Amnesty International à La Libre Pensée. D’Act-up ! au CIRC (mou­ve­ment pour la léga­li­sation du can­na­bis). Des squats à la Ligue des droits de l’homme. Des éco­log­istes mais pas la ten­dance Waechter, plutôt les verts quand ils sont d’extrême gauche, aux situa­tion­nis­tes. De l’extrême gauche marxiste révo­luti­onn­aire aux mou­ve­ments de libé­ration sexuelle. En effet, il semble qu’il y ait là une partie de ce peuple d’une gauche liber­taire, éco­log­iste et « révo­luti­onn­aire » (1). Même s’ils sont nom­breux à n’adhérer à aucune orga­ni­sa­tion liber­taire, mais aussi à aucune autre orga­ni­sa­tion ou asso­cia­tion non liber­taire (34 rép­onses sur 140, ce qui est en effet un nombre impor­tant). Ces der­niers sont-ils pour autant des indi­vi­dua­lis­tes dans le sens tra­di­tion­nel du terme ? Pas forcément, même si une per­sonne dit adhérer au MMM (Moi-Même Mouvement), et d’autres ne se sentir pro­ches d’aucun mou­ve­ment poli­ti­que. Or, parmi elles, il y a soit des per­son­nes ne par­ti­ci­pant à aucune orga­ni­sa­tion anar­chiste spé­ci­fique non plus, soit des per­son­nes pour qui au contraire, l’appar­te­nance à un groupe anar­chiste semble être suf­fi­sante. La diver­sité liber­taire, on la retrouve aussi dans les mani­fes­ta­tions aux­quel­les ils par­ti­ci­pent. En effet, ils vivent dans une opti­que d’enga­ge­ment cons­tant, comme ce mili­tant de la Fédération Anarchiste Francophone (FA) affir­mant par­ti­ci­per à toutes les mani­fes­ta­tions et à toutes les acti­vités orga­nisées par les anar­chis­tes. Mais ils sont aussi présents dans la rue lors des nom­breu­ses mani­fes­ta­tions, à côté de la gauche et l’extrême gauche. Dans l’année où ce ques­tion­naire a cir­culé (mars 1995-mars 1996), ils ont par­ti­cipé aussi à des mani­fes­ta­tions éco­log­istes, contre les essais nuclé­aires, ou au col du Somport contre la cons­truc­tion du tunnel. Ils ont été présents ou orga­ni­sa­teurs de mani­fes­ta­tions anti­fas­cis­tes, pour l’avor­te­ment, contre l’exclu­sion, contre Pasqua (lorsqu’il était minis­tre de l’Intérieur), ou encore pour sou­te­nir les luttes au Chiapas, la liberté en Algérie, le droit au loge­ment, etc. Ils/elles se dép­lacent pour par­ti­ci­per à des mani­fes­ta­tions mais aussi aux col­lo­ques et aux nom­breu­ses confér­ences et débats (ou pro­jec­tions vidéos sui­vies de débat) orga­nisés par les col­lec­tifs liber­tai­res sur des thèmes aussi divers que l’espér­anto, la méde­cine alter­na­tive, la rév­olte psy­ché­dé­lique, la science et l’anar­chie. À propos de ces débats, la liste est très longue. Ce qui représ­ente, en réalité, un nombre incal­cu­la­ble d’heures de dis­cus­sion. À Lyon, par exem­ple, la librai­rie la Gryffe et la Plume noire (la librai­rie gérée par des mem­bres de l’Union locale de la FA) orga­ni­sent plu­sieurs dizai­nes de débats par an. Mais, parmi les liber­tai­res ayant rép­ondu au ques­tion­naire, il y en a aussi une dizaine indi­quant n’avoir par­ti­cipé, ces der­nières années, à aucune mani­fes­ta­tion, ni à aucun débat. Parmi ceux-ci, il y a des per­son­nes ayant milité quel­que temps acti­ve­ment à la fin des années 60 et au début des années 70. Aujourd’hui, ils conti­nuent de mon­trer un intérêt, un atta­che­ment pour les idées liber­tai­res mais il se concré­tise sur­tout à tra­vers la lec­ture de quel­ques livres, de jour­naux, et/ou par des rela­tions ami­ca­les plus ou moins sui­vies avec des mili­tants ou des per­son­nes conti­nuant à fréqu­enter le milieu. Enfin, mêlées aux autres anars il se peut que dans des moments excep­tion­nels, ils/elles par­ti­ci­pent à des mani­fes­ta­tions impor­tan­tes comme, par exem­ple, celles de déc­embre 95, contre la venue du Pape, etc. Les rép­onses reçues à nos ques­tions semi-ouver­tes nous mon­trent un mou­ve­ment non dog­ma­ti­que. Pourtant, des posi­tions dog­ma­ti­ques ou sec­tai­res demeu­rent et peu­vent se lire entre les lignes de quel­ques-unes d’entre elles. Par exem­ple, à la ques­tion : Quel est le groupe, l’orga­ni­sa­tion liber­taire dont vous vous sentez le plus proche, une mili­tante répond : Mon orga­ni­sa­tion me suffit. Et c’est la même rép­onse qu’on obtient à la ques­tion concer­nant les grou­pes non liber­tai­res.
D'après:  http://mondialisme.org

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