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dimanche 24 juillet 2011

Techno, le son de la technopole


Technopoles, habitat des nouvelles élites, ingénieurs, techniciens, chercheurs ; parcs des nouvelles technologies, robotique, biotech, informatique. Partout, depuis les années 1980, prolifèrent les colonies de la cyberville globale, postes avancés du techno-monde unifié. A cette époque triomphale de l’histoire du machinisme, et à ces hommes-machines si bien de leur temps, il fallait nécessairement une bande-son, expression et célébration de cette fierté machinale, du besoin de donner la cadence et d’y régler leurs organismes, et peut-être de celui de s’éclater, se défoncer, se déchirer, afin de fuir dans la possession leur mécanique condition post-moderne. Sans blague. Entre techno-musique et technopole, il y a bien davantage qu’un préfixe.


Le prélude est à télécharger ci-dessous en PDF.

Prélude

Février 1968. « La France découvre qu’elle a une métropole de l’an 2000. Grenoble, c’est Brasilia », s’enflamme Paris Match1. Un coup de pub monstre, que la ville doit aux Jeux olympiques d’hiver. Le pays découvre le « laboratoire grenoblois », que les sociologues et économistes à gages n’ont cessé depuis d’ériger en modèle, et qui fait la fierté des élus locaux. Ce « mythe grenoblois », c’est la technopole, cette « métropole de l’an 2000 » fondée sur l’alliance entre la recherche, l’université, l’industrie et les pouvoirs publics, civils et militaires, et dont l’innovation, à la fois moteur et but perpétuel, impose ses lois au territoire et aux habitants.
Grenoble, c’est Brasilia – voyez le monolithe de béton qui lui sert d’hôtel de ville – c’est « la Silicon Valley française », la capitale des ingénieurs et techniciens, pionnière inter pares de la technification du monde. De la « houille blanche » domestiquée par Aristide Bergès en 1869, aux laboratoires de robotique et aux technologies convergentes de Minatec, NanoBio et Clinatec – nanotechnologies, biotechnologies, informatique, neurotechnologies ; de l’Association des producteurs des Alpes françaises des années 1920 au pôle de compétitivité mondial Minalogic de 2010, elle a fourni le mode d’emploi de la technopole, aux avant-postes de la modernité et du Progrès triomphants, prête aujourd’hui pour la « planète intelligente », interconnectée, numérique, cyberpilotée.

En 2008, la ville de Grenoble se porte derechef candidate à l’organisation des Jeux d’hiver de 2018, décidée à réitérer son « bond en avant » de 1968 grâce à la manne étatique, à coups de rocades urbaines, de gratte-ciel et de technologies de pointe. Afin de séduire le Comité national olympique français, la municipalité organise pour deux millions d’euros des « Jeux de
[NDE : Le Dauphiné libéré] neige » en pleine ville, avec compétition de snow-board sur neige naturelle transportée par camions et grande fête techno sur la colline de la Bastille, site emblématique de la ville. « Une formidable vitrine », explique la mairie aux Grenoblois qui renâclent à ces dépenses. Le Daubé [NDE : Le Dauphiné libéré], partenaire de l’événement, interroge avec une impertinence inédite la vedette locale – à la renommée internationale – de la soirée électro, le DJ The Hacker : « L’événement “Jeux de Neige”, c’est de la com’ ? » Réponse de l’intéressé : « Je m’en fous. J’aurais pu faire la fine bouche il y a quelques années. Maintenant, pour une fois qu’il y a une bonne grosse soirée électro à Grenoble, je ne vais pas cracher dans la soupe.2 »

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