Alors que pullulent les contre-vérités et confusions sur le Mouvement OCCUPY qui est volontairement amalgamé avec les sinistres échecs programmés de l'ANTICAPITALISME touristique façon ATTAC ou façon néo-ouvrièrisme-opéraîsme (Tarnac/IQV pas, "Antagonistes" à la sauce Bolognaise et néo-gauchistes "EMPIRE") il est nécessaire de donner la parole au debordiste Ken Knabb qui connaît bien de l'intérieur le mouvement OCCUPY et ses suites.
Le dernier amalgame douteux vient des marxistes de Temps critiques-Théorie Communiste, J.Wajnsztejn et C.Gzavier qui diffusent sur le net un tissus d'approximations sous le titre "La Tentation Insurrectionniste" ou ils loge OCCUPY au milieu du reste:
".../...Or l'insurrection sans majuscule et l'idée d'insurrections multiples relancent la discussion autour des rapports entre révolution et alternative et éventuellement, la question des alternatives à la révolution. L'insurrection peut ainsi être mise à toutes les sauces, de la plus modérée avec « l'insurrection des consciences » en provenance de l'Appel des appels qui se réclame du programme du CNR de la Libération, à la plus « limitée » avec un récent appel à une « insurrection démocratique contre le discours dominant sur la dette publique1 ». Mais ce discours irrigue aussi les luttes récentes depuis les insurrections surprises d'Égypte, de Tunisie et de Syrie ou du Yémen jusqu'aux luttes des « indignés » espagnols et des Occupy Wall Street américains."
Le dernier amalgame douteux vient des marxistes de Temps critiques-Théorie Communiste, J.Wajnsztejn et C.Gzavier qui diffusent sur le net un tissus d'approximations sous le titre "La Tentation Insurrectionniste" ou ils loge OCCUPY au milieu du reste:
".../...Or l'insurrection sans majuscule et l'idée d'insurrections multiples relancent la discussion autour des rapports entre révolution et alternative et éventuellement, la question des alternatives à la révolution. L'insurrection peut ainsi être mise à toutes les sauces, de la plus modérée avec « l'insurrection des consciences » en provenance de l'Appel des appels qui se réclame du programme du CNR de la Libération, à la plus « limitée » avec un récent appel à une « insurrection démocratique contre le discours dominant sur la dette publique1 ». Mais ce discours irrigue aussi les luttes récentes depuis les insurrections surprises d'Égypte, de Tunisie et de Syrie ou du Yémen jusqu'aux luttes des « indignés » espagnols et des Occupy Wall Street américains."
J. Wajnsztejn et C. Gzavier (printemps-automne 2011)
Retour sur le mouvement Occupy
Réponse à des questions venues de France
English version of this interview
1. Ton évaluation du mouvement Occupy était très enthousiaste. Quelle est ta vision actuelle? Que reste-t-il du mouvement?
Il
ne reste pas grand-chose du mouvement en tant que tel: presque tous les
campements ont été détruits en novembre et décembre 2011 et il n’y en a
eu quasiment aucun nouveau créé depuis. En revanche, le mouvement n’a
en aucune façon été “battu”. À quelques exceptions près, toutes les
personnes arrêtées ont été relâchées et entièrement disculpées.
L’élimination des campements a seulement eu pour effet de forcer les
participants a trouver d’autres terrains de lutte, plus variés. Un
nombre incalculable de gens dans tout le pays continuent à se rencontrer
régulièrement, à développer des réseaux et à mener toutes sortes
d’actions: piquets devant les banques, troubles de réunions de conseils
d’administrations d’entreprises, blocages des expulsions de logements,
protestations contre les mesures environnementales (Monsanto, Pipeline
de sables bitumineux, fracassement de roches pour l’extraction du gaz de
schiste, etc.), outre des actions de types plus spécifiquement axées
sur l’occupation de lieux comme les tentatives de s’emparer et de
rouvrir des écoles et des bibliothèques fermées et abandonnées, ou les
tentatives d’occuper des logements vides pour les SDF répondant au
slogan “Des maisons, pas de prisons”. L’une de ces actions les plus
intéressantes et les mieux organisées a été “Occupons la ferme”, qui
s’est déroulée un kilomètre de chez moi en avril dernier. Des activistes
écologistes se sont emparé d’un grand terrain urbain vide et l’ont
transformé en jardin communautaire, en y faisant plus de dix mille semis
en quelques jours. Les occupants jardiniers ont été chassés au bout de
trois semaines, mais l’agitation continue et a débouché sur une victoire
temporaire contre un projet de développement commercial.
Le
mouvement Occupy avait déjà comme but implicite de “récupérer les
terrains communaux”: en occupant les places publiques ou les parcs sur
ce thème, étant donné que malgré les chicaneries sur les questions de
permis, il était évident que ces espaces appartenaient au public et
sont, ou étaient à l’origine, prévus pour un usage public. Mais ces
actions plus récentes ont le mérite de s’attaquer au fétiche de la
propriété privée d’une manière plus directe. Ce fétiche a toujours été
extrêmement puissant aux États-Unis et la réaction de la police à sa
transgression a toujours été immédiate et brutale. J’espère donc que ce
type d’action finira par affaiblir ce fétiche, comme cela s’est produit
au moment du mouvement pour les Droits civiques. Dans les années 1950 et
60, quand les Noirs ont commencé des sit-in dans des restaurants, on
entendait souvent cet argument: “Ce restaurant appartient à son
propriétaire, il a le droit d’en faire ce qu’il veut, y compris de
décider qui il veut servir.” Mais comme de plus en plus de gens
continuaient à occuper et à accepter calmement de se faire arrêter, le
grand public a peu à peu été amené à réfléchir à l’idée qu’il existe un
“droit supérieur” au droit de propriété: que d’autres droits doivent
aussi être respectés, tel que le droit d’être traité équitablement en
tant qu’être humain. Je crois que cela pourrait finir par se produire
lors des invasions de divers types de propriétés, les gens se rendant
compte de l’absurdité de millions de bâtiments vides alors que des
millions de personnes sont sans logement. Même actuellement, beaucoup de
gens sont favorables à l’idée de défendre une famille contre les
expulsions, malgré le fait que, officiellement, une banque soit
propriétaire du bien, car ils sont de plus en plus conscients de ce que
les banques ont agi illégalement. L’idée de rouvrir des écoles
abandonnées, etc. est encore plus exemplaire en ce qu’elle évoque la
notion d’une société fondée sur la coopération et la générosité et non
sur la quantité d’argent qu’on peut tirer de quelque chose.
Les deux
inconvénients de ce type d’actions tiennent a ce qu’elles sont très
risquées et qu’elles ont donc tendance à n’être le fait que d’une
minorité (jeune et masculine principalement). L’occupation d’espaces
publics a plus de chances d’attirer la sympathie, le soutien et, en
dernier ressort, la participation de masses de gens ordinaires (y
compris parents, enfants, personnes âgées ou handicapées...). Mais pour
ceux qui veulent repousser les limites et ne craignent pas de prendre
des risques, l’occupation d’immeubles vides et leur ouverture au public
est une gageure plus efficace et inspirante que de casser des vitres.
2. Avec le recul, quelles ont été pour toi les traits ou les innovations les plus significatifs du mouvement?
Il
y en a eu plusieurs, la plupart étroitement liés entre eux. Certains
étaient des véritables innovations, d’autres étaient inspirés par des
luttes récentes dans d’autres pays (Argentine, Tunisie, Égypte, Grèce,
Espagne).
- Le fait que le mouvement ait surgi de façon si
soudaine et imprévue. Par le passé, dans d’autres pays, des questions
particulières ont parfois provoqué des rassemblements massifs qui se
sont transformés en assemblées populaires radicales, mais ici les
assemblées sont apparues en premier, sans déclencheur particulier.
- Le
fait que l’ordre du jour était ouvert et que tout le monde était le
bienvenu. Cela incita les gens à se rassembler pour chercher des
solutions pratiques aux problèmes auxquels nous sommes tous confrontés,
mais sans préjuger des solutions qui pouvaient être adoptées. Les gens
ont mis leurs différences de côté (pour le moment en tout cas) et sont
tombés d’accord pour se réunir de manière amicale, avec de l’amour ou au
moins du respect pour tous ceux qui étaient venus et qui prenaient la
parole, même si leurs idées étaient extrêmement différentes. Cet esprit
ouvert contrastait avec presque tous les mouvements radicaux du passé,
et ce fut sans doute une des principales raisons que tant de gens furent
conquis aussi vite.
- En même temps, le mouvement créa un
terrain provoquant pour ces rassemblements: “Exercer votre droit de vous
réunir pacifiquement, d’occuper l’espace public”. Ce terrain incertain,
semi-légal a ajouté le tranchant nécessaire pour que les discussions ne
deviennent pas trop abstraites. (Il n’y a rien de tel que de se
demander quand la police va débarquer pour arrêter les bavards et
encourager les gens à en venir au fait et à s’en tenir aux questions
pratiques.)
- Dès le début, il fut évident pour tout le monde que c’était un mouvement participatif,
et non un truc qu’on pouvait observer de loin. Dans la plupart des
grandes villes et même dans des petites villes, il suffisait de se
rendre sur le campement local, de jeter un coup d’œil et de poser des
questions. On pouvait arriver et participer aussitôt aux assemblées.
Cela opéra une cassure par rapport à l’isolement social habituel et à la
passivité de spectateur, en balayant les mensonges et les idées fausses
qui dominent quand les gens dépendent seulement de ce dont les
abreuvent les médias.
- Les refus imprévus des occupants de
formuler toute revendication particulière refléta l’idée qu’il y avait
des problèmes innombrables et qu’ils étaient tous liés entre eux, qu’il
s’agit d’un système social global et que c’est notre mode de vie dans
son ensemble qui est en jeu.
- Contrairement aux luttes
radicales précédentes qui rassemblaient les gens pour une manifestation
sur un sujet précis, un jour précis, puis qui se dispersaient, les
occupants déclarèrent leur intention de rester sur place indéfiniment.
Cela permis de s’installer et d’expérimenter différentes formes de
démocratie et d’autogestion. L’expérience se déroula évidemment dans les
conditions de précarité de la société actuelle et ce fut donc bancal et
facilement sujette au ridicule. Mais nous ne devons pas sous-estimer
l’effet puissant que même des expériences aussi limitées ont eu sur les
gens. Pour la plupart, c’était la première fois de leur vie qu’ils
goûtaient à une vraie démocratie en actes.
- Pour beaucoup
d’entre nous, ce fut aussi une expérience sociale sur le terrain très
éclairante. Les campements nous réunirent avec des sans-logis qui sont
des “occupants” involontaires des rues et des parcs, du fait qu’ils
n’ont pas d’autres endroits où aller, et qui trimbalent avec eux tant de
problèmes créés par cette société, de la misère économique à tous les
types de dépendances et de maladies mentales. Pouvoir les connaître sur
une base intime, quotidienne, fut une expérience qui donna à réfléchir,
mais aussi une expérience enrichissante: partager un repas ou une tente
avec eux, se retrouver soi-même dans la situation où ce sont eux qui nous aident, nous donnent des conseils sur le moyen de s’en sortir dans pareilles conditions.
- Le
fait que le mouvement se répandit si largement et si rapidement.
Beaucoup d’entre nous étaient habitués à l’idée que l’activité radicale
aux États-Unis avait lieu dans les grandes villes des deux côtes et nous
avions désespéré des vastes régions conservatrices et mal informées au
centre du pays. Contrairement à beaucoup d’autres pays, les États-Unis
semblaient trop étendus et trop décentralisés pour se prêter au
développement d’un mouvement radical. (La France, avec sa capitale
dominante, est l’exemple inverse le plus évident: à de nombreuses
reprises, un petit nombre de gens ont déclenché une révolte à Paris, qui
s’est ensuite propagée rapidement au reste du pays, par l’intermédiaire
des réseaux de communication et de transports existants.) Ainsi, quand
j’ai entendu parler de Occupy Wall Street pour la première fois,
ma première réflexion a été: “Hou, ça a l’air merveilleux! Si ça
continue, cela finira peut-être par inspirer des mouvements similaires
dans une ou deux autres grandes villes. Ce serait vraiment fantastique!”
Or, dans les trois semaines qui ont suivi, le mouvement s’est propagé
dans des centaines de petites et grandes villes, y compris dans de
nombreuses régions isolées et conservatrices du pays.
- Malgré
leur séparation géographique, les occupations ont pris conscience
qu’elles faisaient partie d’un mouvement national (et même, dans une
certaine mesure, international) et cette conscience leur donna confiance
et leur conféra de la crédibilité. Quelques dizaines de personnes dans
une petite ville du Middle West, dont les manifestations dans les
circonstances ordinaires auraient été tournées en ridicule par la
population locale et totalement ignorées des médias locaux, avaient
désormais droit à des interviews respectueux, du fait qu’elles étaient
perçues comme une partie d’un mouvement national digne d’intérêt.
- Le
mouvement put se propager ainsi grâce à l’Internet et autres “réseaux
sociaux”. Comme en Tunisie et en Égypte, les gens utilisèrent Facebook,
Twitter, les blogs et autres moyens de communication interactifs pour
organiser des actions, partager des expériences et analyser et critiquer
des pratiques, en temps réel. La plupart des révoltes du passé étaient
dépendantes de formes de communication beaucoup plus lentes et
maladroites (tracts, appels téléphoniques, courrier postal) ou, pire
encore, devaient espérer que leurs actions et leurs objectifs fassent
l’objet de comptes-rendus pas trop déformés dans les médias. Cette
fois-ci, les gens purent voir des vidéos de rassemblements à New York et
dans d’autres grandes villes et décider immédiatement d’organiser des
occupations dans leur propre quartier, puis envoyer des vidéos et des
comptes-rendus de leurs propres actions qui pouvaient à leur tour en
inspirer d’autres. Ceci pendant que les médias ne mentionnaient pas la
seule existence du mouvement. Ce mouvement a effectivement créé ses
propres réseaux de communication et de publicité en se passant des
médias dominants.
- Cette communication interactive massive
fut parfois déroutante ou envahissante, mais elle fut aussi immensément
puissante, quand une idée ou un thème particulier atteignait soudain des
millions de gens en moins de 24 heures. Au lieu de s’appuyer sur
quelques meneurs ou spécialistes, on pouvait désormais puiser dans un
agrégat de savoirs et de créativité humains où nul n’était en mesure de
dominer. Pour tout problème, n’importe qui pouvait se présenter et
proposer des solutions viables. Dans le meilleur des cas, cela refléta
une sorte de “communisme des idées” au sens où les gens se souciaient
moins de savoir qui était “l’auteur” de l’idée, encore moins à qui elle
pouvait “appartenir” et plus intéressés par l’usage pratique de ces
idées, en éliminant celles qui ne passaient pas l’épreuve de
l’expérience et en perfectionnant celles qui le passaient. Ce processus
réduisit aussi l’accent traditionnel mis sur les “auteurs” et les
“textes”. Dans mon propre cas, par exemple, même si j’écrivis quelques
courts textes au début du mouvement, je me rendis compte rapidement que
les choses que j’aurais pu dire avaient déjà été dites par d’autres. Au
lieu d’écrire un article, tout ce que j’ai eu a faire a été de faire
suivre ou de “partager” ce que quelqu’un d’autre avait dit (en ajoutant
un commentaire si j’avais des réserves a faire).
- Cette manière de se répandre eut aussi l’effet imprévu de créer un degré inhabituel d’autonomie entre les différentes occupations. Comme je l’ai noté dans mon tract Le réveil en Amérique, “chaque nouvelle occupation et assemblée reste totalement autonome. Bien qu’inspirées par l’occupation de Wall Street, elles ont toutes été créées par des gens dans leurs propres communautés. Aucun individu ou groupe extérieur n’a de contrôle sur ces assemblées. Ce qui est bien ainsi.” Cette autonomie était si évidente que personne n’aurait pu la nier. Or curieusement je ne me rappelle pas avoir vu quiconque noter l’importance de ce fait. Malgré les différences entre les différentes villes, nul n’osa suggérer qu’une occupation doive rendre des comptes à une autre. Comme je le notai plus loin, cela présenta deux grands avantages: “La prolifération de groupes et d’actions autonomes est plus saine et plus fructueuse que cette “unité” ordonnée d’en haut à laquelle nous appellent sans relâche les bureaucrates. Plus saine, parce qu’elle rend la répression plus difficile: si l’occupation dans une ville est écrasée (ou récupérée) le mouvement sera toujours vivant dans des centaines d’autres. Plus fructueuse, parce que cette diversité permet l’expérience et la comparaison d’un plus grand nombre d’idées et de tactiques.”
Je considère que ce dernier point est si
significatif qu’à un certain moment j’ai caressé l’idée de lancer un
“Appel au maintien de l’autonomie de chaque occupation”. Cela aurait été
amusant parce que les appels politiques visent toujours à modifier
quelque chose de mauvais, tandis que dans ce cas j’aurais eu la tâche
facile et agréable de conseiller aux occupants de continuer à faire
exactement ce qu’ils faisaient déjà. Maintenant, bien sûr, les
circonstances ont changé par divers aspects à cause de la destruction
des campements, mais je crois que la plupart des traits cités ci-dessous
restent exemplaires.
3. Quelles nouvelles valeurs et experiences le mouvement a-t-il apporté à la pratique?
3. Quelles nouvelles valeurs et experiences le mouvement a-t-il apporté à la pratique?
Beaucoup
plus que je ne pourrais mentionner ici. Ce serait comme si l’on posait
la même question à propos de Mai 1968! Un des placards disait: “Vous
vous souvenez des années 60? Les voilà de retour!” Ce n’était qu’une
légère exagération. D’une certaine manière, c’était en effet une
renaissance de la contre-culture des années 1960, concentrée en quelques
semaines, sauf que dans ce cas le mouvement n’était pas basé sur un
antagonisme culturel étroit (“hip” contre “normal”). Tout le monde était
le bienvenu, toutes les différences étaient tolérées et appréciées à
condition que les gens partageaient le même esprit d’ouverture et de
bonne volonté. Il y avait le sentiment que nous nous étions soudain tous
réveillés, que tout était désormais remis en question et que tout le
monde le savait. Je me contenterai de proposer quelques liens qui
donneront une idée de cet état d’esprit.
- Un
jeune homme d’Occupy Wall Street utilise le “micro populaire” (ou
l’assemblée répète à voix haute chaque phrase afin que tous puissent
entendre) pour demander son ami en mariage. (Comment le système
va-t-il réussir à battre un mouvement comme celui-ci, un mouvement qui
est aussi imbriqué dans la vie des gens?)
- Occupy Atlanta unit des membres de bandes rivales.
(S’étant rencontrés dans le contexte du mouvement des occupations, deux
jeunes gens qui auraient normalement été des ennemis mortels deviennent
des amis proches.)
- Un SDF abandonne le crack après s’être engagé dans Occupy Atlanta.
(Vers la fin, l’interviewer lui pose des questions sur son ancienne
addiction au crack. Il répond que le mouvement l’a occupé, il est
maintenant trop occupé à aider les autres pour s’intéresser au crack.
“On ne peut pas s’occuper de soi avant de s’occuper de quelqu’un
d’autre.”)
- La marche silencieuse d’une présidente d’université.
(Après l’incident notoire du jet de poivre à l’Université de Californie
à Davis, la présidente de l’université, hostile, tient une conférence
de presse. Des milliers d’étudiants se réunissent à l’extérieur pour
protester. Par un trait de génie, au lieu de crier des slogans contre
elle, la foule décide de rester totalement silencieuse
lorsqu’elle regagne sa voiture. Cette tactique est très puissante, mais
elle exige un haut degré d’autodiscipline qu’on a rarement vu depuis les
actions pour les Droits civiques il y a cinquante ans.)
- Projection géante sur un mur à New York. (Des milliers de protestataires d’Occupy Wall Street défilent le 17 novembre, et c’est ce qu’ils ont vu.)
4. Dirais-tu que le mouvement Occupy a modifié la perception de la question sociale aux États-Unis?
Oui.
Tout d’abord, et c’est une évidence, le thème des “99% contre 1%” a
recentré l’attention des gens sur le creusement des divisions
économiques extrêmes. Deuxièmement, la forme du mouvement a donné un
aperçu de la manière dont ces divisions peuvent et doivent être
surmontées — par l’action participative collective, par opposition à
l’abandon des décisions au politiciens et autres leaders chargés d’agir à
notre place.
5. Dirais-tu que la répression étatique (surtout
les raids coordonnés contre les campements) fut la cause principale du
déclin du mouvement?
Oui. Sans cette répression, la plupart des
camps existeraient encore (même s’ils commençaient à faire face à des
questions problématiques).
6. Y a-t-il eu d’autres facteurs?
Il
y a eu différentes contradictions internes. Dans certains endroits, on a
déploré des divisions culturelles ou raciales, ou des divisions entre
les sans-abri et les autres. Dans d’autres cas, des divisions sont
apparues sur des questions tactiques: “réformistes contre
révolutionnaires” ou “non-violents contre black bloc”. Je mets des
guillemets à ces divisions car elles sont quelque peu artificielles et
simplistes. Et puis elles ne sont pas identiques entre elles:
non-violent ne correspond pas forcément à réformiste, et black bloc
n’équivaut pas forcément à révolutionnaire. Selon moi, être
révolutionnaire n’exclut pas forcément s’employer à des réformes ou à
des améliorations immédiates. Et même si je ne suis pas pacifiste, je
pense que dans la plupart des situations les tactiques “non-violentes”
sont plus efficaces que les tactiques de “black blocs”. (La situation
peut être différente dans des pays comme la Grèce où une grande partie
de la population sympathise avec la tactique du combat de rue. Mais ce
n’est certainement pas le cas aux États-Unis.)
On notera aussi que
le spectacle électoral national, qui commença à occuper le centre de la
scène au début de 2012, eut aussi tendance à éclipser les autres
événements. Quand les élections seront passées, on assistera
probablement à une résurgence de l’agitation populaire qui mettra au
défi les Démocrates comme les Républicains. On voit déjà un exemple de
cela dans la récente grève des enseignants de Chicago qui s’en est pris
directement à Rahm Emanuel (ancien chef de cabinet d’Obama et
aujourd’hui maire de Chicago). Ces contradictions sont aujourd’hui
atténuées mais elles devraient être plus visibles après les élections en
novembre.
7. Sous un angle différent, penses-tu que l’échec
de la campagne de rappel électoral dans le Wisconsin est un exemple de
la manière dont le mouvement Occupy est tombé dans le piège de la
stratégie politique du Parti démocrate et des syndicats?
Non. Le
mouvement du Wisconsin, aussi significatif et exemplaire qu’il ait pu
être par biens des aspects, ne faisait pas partie du mouvement Occupy.
Il a commencé plusieurs mois plus tôt et il fut dès le départ centré
très spécifiquement sur la situation politique dans le Wisconsin et en
particulier sur certaines lois de cet État et sur les partis démocrate
et républicain qui étaient engagés dans l’adoption ou le rejet de ces
lois. Il est donc à peine surprenant qu’il se soit rallier derrière le
rappel électoral. Presque tout le monde impliqué dans la lutte voulait
se débarrasser des Républicains et des nouvelles lois qu’ils avaient
votées, quels que fussent leurs désaccords entre eux par ailleurs. Mais
cela avait peu à voir avec le mouvement Occupy national. Pour autant que
je sache, aucune des occupations ne tomba dans un quelconque “piège
démocrate”. Certains participants voteront certainement pour Obama et
d’autres Démocrates comme un moindre mal, mais les assemblées
d’occupants ont constamment mis l’accent sur la complicité des deux
grands partis avec le système économique dominant et ont unanimement
évité de soutenir l’un ou l’autre parti.
Il y a bien sûr des débats
animés sur la question voter ou ne pas voter (ou voter pour un troisième
parti plutôt que pour les Démocrates). Mais cela aurait été le cas même
si le mouvement Occupy n’avait pas eu lieu. L’expérience du mouvement a
simplement montré plus clairement que, qu’on choisisse de voter ou non,
la politique électorale n’est au mieux qu’une des facettes de la lutte
sociale, et qu’un engagement direct sur les questions sociales est en
dernier ressort beaucoup plus important et efficace. En outre, malgré le
fétichisme qui règne des deux côtés sur cette question, je ne crois pas
qu’il s’agisse d’un choix exclusif. Voir à ce sujet la déclaration que
j’ai diffusée il y a quelques semaines: Au-delà du vote.
8. Penses-tu qu’une partie de l’esprit et des idées d’Occupy se soit diffusée dans le mouvement ouvrier?
8. Penses-tu qu’une partie de l’esprit et des idées d’Occupy se soit diffusée dans le mouvement ouvrier?
Oui, mais pas autant que nous l’avions espéré.
9. Comment le milieu syndical traditionnel, dont on connaît la nature bureaucratique, s’est-il associé à Occupy?
Il ne s’y est guère associé, quoiqu’il y ait eu des échanges et des
tentatives de collaboration à New York et à Oakland et dans quelques
autres grandes villes. Il y a eu beaucoup de sympathie de la part des
ouvriers de la base, mais les bureaucraties syndicales ont écarté toute
collaboration pratique significative. Par exemple, le Syndicat des
travailleurs des transports de New York a exprimé son “soutien” à Occupy
Wall Street, il y a donc eu un certain espoir que les ouvriers se
mettent en grève pour le défendre, mais cela ne s’est pas produit.
10. Rétrospectivement, comment analyses-tu les tentatives d’Occupy de bloquer les ports de la Côte Ouest et la difficulté du mouvement de se lier aux ouvriers impliqués?
10. Rétrospectivement, comment analyses-tu les tentatives d’Occupy de bloquer les ports de la Côte Ouest et la difficulté du mouvement de se lier aux ouvriers impliqués?
Le premier blocus (la “grève générale” d’Oakland du 2 novembre) fut un
succès. Ce ne fut pas vraiment une grève générale, mais elle fut très
massive et jubilatoire. Toutefois la participation des dockers fut
ambiguë — ils ne firent pas vraiment grève, et se contentèrent
d’utiliser le blocus d’Occupy pour avoir une bonne excuse légale pour
rester à la maison. Le blocus de la Côte Ouest du 12 décembre s’étendit à
d’autres grandes villes, mais son succès fut inégal et tout aussi bref,
et dans la plupart des cas je crois que la participation des ouvriers
fut tout aussi ambiguë. Cependant, la menace d’un soutien massif
semblable par les occupants de la région semble avoir exercé une
pression sur les patrons dans la résolution de la grève de Longview
(État de Washington) deux mois plus tard (en février 2012). Cette
capitulation partielle refléta probablement la crainte des patrons que
les ouvriers et les occupants ne nouent des liens étroits si la grève se
prolongeait.
11. À Oakland en particulier, le mouvement Occupy a-t-il réussi à toucher la communauté noire et, si oui, dans quelle mesure?
11. À Oakland en particulier, le mouvement Occupy a-t-il réussi à toucher la communauté noire et, si oui, dans quelle mesure?
Oui.
En fait, il serait trompeur de parler de “toucher” la communauté noire.
Cette dernière fut massivement impliquée dès le début, et constitua un
gros pourcentage du campement originel d’Occupy Oakland ainsi que de
diverses manifestations et célébrations.
12. Comment perçois-tu le lien entre le mouvement Occupy et les groupes de gauche traditionnels et les anarchistes?
Tout d’abord, on doit noter que les groupes de gauches autoritaires
traditionnels (maoïstes, troskyistes, etc.) ont presque tous disparu et
personne ne prête attention aux rares qui survivent encore. Dans les
années 1960 et 70, ces groupes avaient une certaine influence et l’une
de nos tâches premières étaient de dévoiler leur nature et d’essayer de
convaincre les gens de ne pas se laisser avoir par eux. C’est
aujourd’hui devenu complètement inutile. Le mouvement Occupy était si
pénétré de démocratie participative que la seule idée de permettre à on
ne sait quel “parti d’avant-garde” de venir dire ce qu’il fallait faire
aurait suscité la risée générale.
Les initiateurs d’Occupy Wall
Street comprenaient quelques anarchistes et autres radicaux
anti-autoritaires, mais la grande majorité des participants là et dans
les autres campements qui surgirent dans tout le pays étaient des
péquins lambda qui avaient peu ou n’avaient pas du tout d’expérience
politique. Beaucoup étaient des soutiens d’Obama déçus, et quelques-uns
étaient mêmes des libertaires de droite et des apparentés au “Tea Party”
qui étaient aussi très remontés contre les récentes manipulations de
Wall Street et les renflouements des banques.
Pendant les tout premiers jours, beaucoup d’anarchistes et autres
militants de gauche rejetèrent le mouvement avec mépris comme étant du
pur “réformisme”. À leur crédit, quand ils comprirent que c’était un
événement majeur et d’une certaine façon un mouvement de masse radical
sans précédent, la plupart abandonnèrent leurs idées toutes faites et y
participèrent avec un esprit ouvert, pour voir ce qu’ils pourraient
apprendre ainsi que ce qu’ils pourraient transmettre. Mais certains
s’obstinèrent à considérer cette lutte à l’aune de leurs perspectives
idéologiques — comme si la chose la plus importante était de savoir
combien de personnes ils pourraient rallier à une perspective
explicitement “anticapitaliste” ou “anti-État”. Comme je l’ai souligné
dans le tract “Le réveil en Amérique”, je crois que la dynamique
d’un mouvement populaire est beaucoup plus importante que ses positions
idéologiques affichées. Il est tout à fait naturel que les gens
expriment des griefs particuliers sans attendre qu’il soit possible
d’envisager des transformations sociales plus fondamentales. De plus, il
y a peu de chances qu’ils puissent parvenir au stade suivant s’ils
n’ont jamais mesuré leurs forces ou développé leurs capacités de
critique dans des luttes plus immédiates. Une fois qu’ils sont engagés
dans ce processus, ils mesureront bien assez tôt par eux-mêmes s’il est
nécessaire qu’ils aillent plus loin. Presque toutes les révolutions de
l’histoire sont passées par ces phases. Pour ne prendre qu’un exemple
frappant, au début de 1789, on demanda au peuple français d’exprimer ses
doléances ou ses revendications, que leurs délégués présenteraient aux
États généraux. Ces “cahiers de doléances” soulevèrent des centaines de
sujets différents, mais ils étaient quasiment tous rédigés sous la
forme: “Le Roi devrait modifier telle ou telle loi… Le Roi devrait
abolir tel ou tel impôt… Le Roi devrait ordonner aux nobles de cesser de
faire ceci ou cela…” Un observateur superficiel aurait pu en conclure
que le mouvement était non seulement totalement réformiste mais
totalement monarchiste! Pourtant, quelques mois plus tard, la Bastille
était prise et trois ans plus tard le roi était décapité.
13. Serait-il
juste de dire que ces groupes sont prisonniers d’une sorte de vieille
bravade militante vaine, laquelle n’a pas marché à Oakland, sauf pour
dégoûter et décourager la plupart des participants?
Je ne crois pas que la plupart de ces groupes aient eu le moindre effet,
qu’il soit positif ou négatif — le mouvement était beaucoup plus large,
profond et vivant que toute tendance idéologique. Cependant, je crois
que la bravade militante “black bloc”, qui à tort ou à raison était
perçue comme reflétant les perspectives anarchistes, eut l’effet négatif
que tu signales, à savoir de causer une forte baisse de la
participation. Certains attribuent cette baisse à la répression
policière, et ce fut en effet un facteur important. Mais il faut noter
que la répression policière la plus flagrante — la destruction du
campement d’Occupy Oakland au matin du 25 septembre, suivie de la
projection de gaz lacrymogènes et autres violences policières plus tard
dans la journée (y compris le presque meurtre de Scott Olsen) — a en
fait provoqué une forte augmentation du soutien du grand public.
Des milliers de gens appelèrent le maire d’Oakland ou affichèrent tant
des dénonciations sur sa page de Facebook que le lendemain la police osa
à peine se montrer (ce qui permit aux occupants de reconstruire leur
campement moins de 48 heures après qu’il eut été détruit). La “grève
générale” du 2 novembre, une semaine plus tard attira plus de 50 000
personnes. Et ce n’étaient pas seulement des visiteurs de rencontre;
près de la moitié d’entre eux prirent aussi part au blocus du port,
illégal et potentiellement dangereux, le même jour. L’ambiance était
euphorique. Des milliers de nouveaux venus visitaient le campement
chaque jour. Des gens du monde entier observaient la scène. L’audace et
le caractère positif du mouvement sapaient tous les arguments des
réactionnaires et il y avait de fortes chances que ces événements
accaparent l’attention du public pendant au moins les jours suivants et
inspirent de nouvelles avancées dans d’autres grandes villes.
Le
lendemain, nous nous sommes réveillés pour constater que la couverture
des médias s’étaient déplacée sur les rares incidents de “vandalisme de
black bloc”. Presque tous mes amis et moi (radicaux autant que modérés)
eurent le même sentiment d’angoisse. Non pas parce que nous nous
soucions des carreaux cassés, mais nous redoutions que cet intermède
débile ne déforme la perception du mouvement et ne brise son élan. Ce
qu’il fit. Les occupants furent rejetés sur la défensive et se
montrèrent incapables de résoudre la question à la satisfaction
générale. Une grande majorité des assemblées générales reconnut que ce
type de vandalisme était contreproductif, mais une minorité notable
bloqua tout abandon de la politique de “diversité des tactiques”. (Au
départ cette politique avait l’aire d’être un compromis raisonnable,
mais dans la pratique elle signifia qu’une minorité violente pouvait
s’incruster dans une manifestation même quand la majorité des
participants souhaitaient être non-violents. Ceux-ci avaient alors le
choix peu enviable de permettre à la minorité de détourner leur
manifestation, ou bien d’être traités de “flics pacifistes” s’ils
essayaient de l’empêcher.) Un mois plus tard, à la suite de la
concentration obsessionnelle des médias sur “la violence irresponsable
du black bloc”, la portion d’Oakland du blocus de la Côte Ouest du 12
décembre attira peut-être 5000 personnes. L’atmosphère, quoique encore
parfois enthousiaste, était beaucoup plus contenue et mal à l’aise, et
il n’y eut presque plus de nouveaux venus. Un mois et demi plus tard, la
tentative d’occupation d’un bâtiment public d’Oakland le 18 janvier
attira à peine plus de mille personnes. Depuis lors, les actions ont
rarement attiré plus de quelques centaines de personnes. Ces chiffres
sont parlants. Ce serait trop simplifier l’affaire que d’attribuer
entièrement ce déclin à la tactique du black bloc, mais le lien est
indéniable.
En fait, ce fut plus une question de ton que de
tactique, plus une question de bravade que de violence. Comme toujours,
la vraie violence est venue presque exclusivement de la police. La
prétendue violence du black bloc ne dépassa jamais quelques vitres
brisées, quelques bouteilles jetées de loin et quelques semblants de
barricades qui n’auraient pas arrêté un landau. Mais ces postures
machistes firent le jeu de l’ordre dominant, permettant à son spectacle
de recadrer la lutte. Au lieu d’un mouvement joyeux et accueillant réuni
pour créer un monde nouveau, on nous réservait le vieux scénario ranci
“militants contre police” — scénario qui tendit naturellement à
décourager les autres formes de participation et à renvoyer la plupart
des gens dans le rôle de spectateurs passifs. Les militants se
demandèrent alors où tout le monde était passé et finalement certains
d’entre eux ont conclu que la faute incombe aux “réformistes” et
“pacifistes” et aux autres gens ordinaires de ne plus venir soutenir la
minorité héroïque de martyrs révolutionnaires suicidaires. Tel est le
genre de délire avant-gardiste qui détruisit le mouvement radical américain à la fin des 1960 et au début des années 1970, et ce n’est pas étonnant si la plupart des gens n’ont plus envie d’y retourner.
Je
ne voudrais pas totalement dénigrer les efforts du black bloc. Même si
certaines de ces actions ont sans doute été déclenchées par des
provocateurs, il est clair que la plupart d’entre elles émanaient d’une
rage sincère et tout à fait compréhensible contre le système. Il faut
aussi noter que beaucoup de ceux qui y prirent part avaient aussi
participé à certaines des actions constructives les plus admirables des
campements. Le problème est qu’ils ne semblent pas avoir mesuré
sérieusement les effets ultimes de leurs tactiques.
A cet
égard, ils feraient bien de réexaminer certaines des tactiques “raids
éclair” qui apparurent pendant la lutte anti-CPE en France en 2006. Les
insurgés français étaient certes agressifs, mais ils l’étaient de
manière créative plutôt que simplement réactive et impulsive. Comme je
l’ai signalé à l’époque: “Les manifestations de masse ont la force du
nombre, mais il leur manque la souplesse qui permet aux raids éclair de
se déplacer rapidement, et de se disperser et regrouper selon les
besoins. Ce fut la raison principale du développement des tactiques des
‘black blocs’ au cours des dernières années. Mais les black blocs sont
souvent englués dans des fantasmes stupides de combats de rue et de
guérilla urbaine. Les raids cherchent à éviter de se confronter là ou le
système est fort et cherchent à exploiter ses faiblesses. Ils le
combattent autant sur le terrain des idées et des sentiments que sur
celui de la force physique. Alors que les actions des black blocs ont
tendance à être impulsives, tristement auto-satisfaites et purement
destructrices, les raids contiennent une large part de calcul, de
créativité et d’humour” (Réflexions sur le soulèvement en France).
14. Tu as été encouragé par le mouvement du Québec. Quels points communs avait-il avec Occupy?
Bien que le mouvement du Québec n’ait pas créé d’occupations fixes, il
s’est déroulé pour une bonne part dans le même esprit d’une manière plus
mobile, opérant d’une façon tout aussi ouverte, expérimentale et
non-idéologique, suscitant du même coup une large sympathie et se
répandant dans le reste de la population. On voit la parenté avec le
mouvement Occupy aux États-Unis sur les visages semblablement joyeux et
dans les slogans et débats tout aussi vivants. Même si le mouvement au
Québec démarra sur une protestation particulière (contre l’augmentation
des frais de scolarité), on comprit rapidement que c’était
l’organisation sociale en entier qui était remise en question.
15. Plus généralement, considères-tu le mouvement des occupations comme un moment d’un mouvement plus global, soulevant de nouvelles questions politiques et ouvrant de nouvelles voies à l’action dans la période qui commence?
Oui15. Plus généralement, considères-tu le mouvement des occupations comme un moment d’un mouvement plus global, soulevant de nouvelles questions politiques et ouvrant de nouvelles voies à l’action dans la période qui commence?
http://www.bopsecrets.org/French/occupy-looking-back.htm
English version of this interview
Version française d’un entretien de Ken Knabb pour la revue L'Échaudée no. 2 (Paris, décembre 2012). Traduction par Gobelin et Ken Knabb.
English version of this interview
Version française d’un entretien de Ken Knabb pour la revue L'Échaudée no. 2 (Paris, décembre 2012). Traduction par Gobelin et Ken Knabb.
Anti-copyright.
http://debord-encore.blogspot.fr/2011/11/les-situationnistes-et-les-mouvements.html
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