jeudi 18 août 2011

Un Hackerspace dans Paris


Le LOOP

La rencontre de deux terrains radicaux: Le squat et le hacking. L'ouverture de ces espaces "publiquement" est un grand risque si depuis le début la répression n'a pas été pensée, pesée et des contre-mesures prises en amont. Il est vital que le Gris reste Gris... et que vivent mille Hackspaces loin de la surveillance.

Sous les néons du quatrième étage d'un immeuble du quartier du Marais, à Paris, baptisé le Loop (Laboratoire ouvert ou pas), se retrouvent depuis quelques mois les hackers de la région parisienne, devenus squatteurs par la même occasion.
Ce mardi soir, ils sont une dizaine, âgés entre 18 et 35 ans. Ils passent environ dix-huit heures par jour reliés aux flux d'informations, portent les cheveux longs « par flegme ». Un doux parfum libertaire flotte dans l'air. Une fougère s'épanouit dans le creux d'un modem éventré. 

Peux tu nous expliquer ce qu’est le LOOP ?
Le LOOP c’est ce que l’on appelle un Hack lab ou encore un hackerspace, mouvement qui existe depuis plusieurs années et qui s’est généralisé en Allemagne et aux États-Unis. En France on dira plutôt un laboratoire ouvert. Ce sont des lieux qui réunissent ce que l’on appelle des hackers, les hackers étant des bidouilleurs, des gens passionnés de technologies, que ce soit l’informatique, la mécanique ou la biologie. Des lieux pour qu’ils puissent se réunir de façon à pouvoir créer une synergie, et pouvoir mener à bien des projets en coopération. Cette synergie est orientée vers le “faire”, vers la réalisation. Il faut dépasser les discussions : il s’agit ici de mener à bien des projets.
Qui sont les personnes qui se réunissent dans un Hacker Space ?
Il existe une définition du hacker que j’apprécie beaucoup et qui a été donnée dans le Jargon Files par Eric S. Raymond : « le hacker est celui qui apprécie le challenge intellectuel du dépassement créatif et du contournement des limitations. » Voilà le facteur commun, le point qui fait que ces gens, se réunissent et ont envie de se réunir dans un tel lieu, pour finalement aboutir, créer des projets et mener à bien leurs idées, leurs envies.
Pourquoi vous installer dans ce squat ?
On est dans ce lieu pour plusieurs raisons, la première étant qu’en France, depuis quelques années  beaucoup de hackerspaces émergent, se créent. Cela a commencé par un hackerspace en banlieue parisienne qui s’appelle le (Vitry Sur Seine), suivi par le /tmp/labTetalab à Toulouse. Un autre groupe est en train de s’installer à Grenoble. Un autre hackerspace qui vient d’ouvrir à Nanterre, l’Electrolab. Et encore un autre dans le nord de Paris. Sans oublier Rennes, avec le Breizh Entropy Lab. Mais, la France est un pays jacobin, le centre est toujours Paris : la vie économique se situe là. Il est très difficile  de réunir en un même lieu, intra muros, les gens qui sont acteurs de cette vie économique et ceux qui sont de passage pour que le brassage se fasse, et que tous puissent collaborer ensemble à des projets, se réunir tout simplement.
Enfin, ce lieu est un squat artistique, qui réunit des gens ayant des idéaux proches des idéaux du hacking : notamment des artistes, qui veulent avoir des ateliers pour créer, pour exprimer leur art. Mais aussi des personnes qui veulent faire de la mécanique ou d’autres activités, et qui, pour les mettre en valeur, se réunissent dans l’interstice de la cité pour mettre en valeur leurs projets.
Quel est le message que vous voudriez passer ?
Le message général du mouvement hackerspace est un message aux gens qui ne sont pas férus de technologies et qui n’ont pas intérêt à comprendre comment elles fonctionnent. On est dans une phase où la technologie est de plus en plus ubiquitaire, de plus en plus présente dans note vie quotidienne. On est entourés de boîtes noires. Typiquement, tout le monde a un téléphone. Beaucoup de gens ont ce qu’on appelle un smartphone, mais en dehors de dire que ce téléphone est smart on n’apprend rien sur l’objet. Les gens ne voient qu’une boite noire avec des choses sur lesquelles on peut jouer. En revanche, se poser la question de savoir comment ça fonctionne à l’intérieur, ce que fait le téléphone. Est-ce qu’il n’est fait que ce que pour quoi je l’ai acheté ? Comprendre son fonctionnement interne finalement : voilà un des buts du mouvement du hackerspace. Au delà du téléphone, ça peut s’appliquer à tout, aux publicités dans le métro, aux ordinateurs, aux tablettes, aux téléviseurs, aux téléphones fixes et au système téléphonique en lui même. À tout ce qui participe de la vie de tous les jours. Demain ce sera peut être des frigos ou des micro-ondes intelligents, des systèmes qui allumeront automatiquement les lumières dans la maison.
La question est : comment garder le contrôle sur ces choses là ? Le but des hackerspaces est d’être garant de la connaissance sur ces choses là, et du partage de celle-ci avec tout le monde. Pour éviter que la réalité ne rejoigne la science fiction d’anticipation comme 1984 d’Orwell, ou « Le Cycle des Robots » d’Asimov, où la société est entièrement contrôlée par des technologies. Soit on contrôle la technologie, soit on est contrôlé par elle, la seule différence, c’est la connaissance qu’on en a.

La croyance en la fin d'un mode de gouvernance pyramidal

Internet redistribue en effet les cartes du pouvoir:
« Le système d'information unidirectionnel du haut vers le bas est en train de muter vers un système transversal, multidimensionnel. Et c'est ça qui va l'emporter. »

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