Pendant que la Tunisie vibre toujours au rythme des émeutes l'Algérie est touchée elle aussi par la révolte.
M. Boudina décline les raisons de cette révolte. «Notre cité compte plus de 2200 familles entassées dans 700 maisons», révèle-t-il. Il retrace le parcours du combattant qu’ils ont fait pour inscrire leur cité dans le programme de relogement lancé par la wilaya d’Alger cette année. Ladite commission a été installée en novembre de l’année précédente, précise M. Boudina. «Le wali-délégué de Baraki nous a invités à une réunion en mars de cette année. Il nous a conviés à constituer une commission pour l’étude des dossiers de demandes de logement», a ajouté notre interlocuteur. La commission a passé sept mois à étudier les dossiers. Elle a établi une liste de demandeurs de logement. Ces membres ont attendu une réponse officielle de l’administration. Rien n’a profilé à l’horizon. «Nous attendons depuis le mois de juin et voyez-vous où cette attente nous a menés», regrette M. Boudina. Pourtant, les autorités ont annoncé en grande pompe, en début de la semaine, l’opération de relogement de ces habitants. «Je l’ai entendu à la radio. Aussi, un quotidien a fait part de cette information», affirme un autre habitant de la cité. «J’ai été surpris de découvrir que notre cité ne figure pas dans la liste des opérations de relogement lancées aujourd’hui (hier)», renchérit-il. Hier, une large opération de relogement a été effectuée par les services de la wilaya d’Alger. Elle a touché près de 1600 familles (1586) occupant des bidonvilles et des habitations précaires. Le directeur du logement de la wilaya, Smaïl Mohamed, a annoncé à la radio que «ce sont d’abord les habitants de Diar Echems, Diar El-Kef et de la cité des Palmiers qui seront visés». Il a précisé que trois opérations «combinées et non-stop», seront également lancées. Pour rappel, la première action de ce dispositif de relogement a été lancée en janvier 2010. Elle a vu le relogement de 10.000 familles et le démantèlement de 12 sites. Elle a touché 579 familles occupant des chalets. La seconde opération concerne 520 familles de Diar Echems tandis que la troisième touchera 487 foyers. «Nous sommes laissés-pour-compte», déplore Samir.
La presse indésirable
«Laissez-nous faire notre travail. Nous vous donnerons des informations après (les échauffourées)», c’est en ces termes que les éléments de la police antiémeute ont tenté, hier, d’empêcher les journalistes de couvrir les émeutes les ayant opposés aux citoyens de la cité Diar El Baraka de Baraki. Sur les lieux, des policiers en civil surveillaient de près les mouvements des reporters dépêchés sur les lieux. Les pratiques du parti unique ont la peau dure…À Oued Ouchayeh, dans la banlieue d'Alger, les habitants du bidonville situé sur les hauteurs du tunnel ont fermé la route durant la journée d'hier. La raison est toute simple : «Nous réclamons un logement, c'est notre droit. Nous avons été chassés par le terrorisme durant les années 1990, nous avons adopté la loi pour la réconciliation nationale, l'État doit nous rendre la monnaie de notre pièce», a crié un quadragénaire en exhibant sa carte d'identité nationale. Des camions de la police sont stationnés et prêts à d'éventuelles interventions. Des dizaines d'éléments de la police munis de boucliers et de casques de sécurité en file indienne et des policiers en civil tentent de pénétrer parmi les émeutiers afin d'en isoler quelques-uns. De l'autre côté, un autre décor saute aux yeux : des jeunes et moins jeunes, pierres, barres de fer et bouteilles en verre à la main menacent. Les dizaines de jeunes regroupés à l'entrée de la cité ont commencé à jeter des pierres et d'autres objets sur les policiers venus contenir la contestation.
Les jets de pierres de part et d'autre partent et des poursuites contre des émeutiers sont effectuées, notamment par des policiers en civil. Mais sans résultat. Au début de l'après-midi, la contestation a baissé d'un cran et ce grâce à la pacification de la police qui n'a pas voulu enflammer la foule. L'absence totale des autorités locales est la cause de ces incidents. «Ni le maire, ni le wali délégué ne sont venus nous voir. C'est de l'exclusion caractérisée que nous ne sommes pas près d'accepter. Nous sommes des Algériens à part entière», a déclaré l'un des membres du comité.
Les citoyens vivent dans des cellules
«Nous habitons cette cité construite sous forme d'écuries depuis l'indépendance. sommes-nous encore sous le règne de la France ou avons-nous eu notre indépendance ?» a interrogé Mohamed, un septuagénaire. Notre interlocuteur renchérit : «Nous avons été inscrits dans plusieurs programmes de relogement et ce depuis 1986, date à laquelle nous avons eu des arrêtés de la mairie de Baraki qui offrait des lots de terrain à certains habitants. En 1987, un projet de construction d'une cité a été initié par les autorités à Haouch El Khorchof non loin d'ici, mais à ce jour nous n'avons rien eu.» Djilali, un autre habitant de la cité de Diar El Baraka et membre du comité de quartier ajoute : «En 1989, certains habitants ont effectivement bénéficié de lots de terrain d'une superficie de 160 m2. Pour le reste, les autorités ont promis des logements.» Selon les propos de aâmi Mohamed, les logements de Haouch El Khorchof entrent dans le cadre de l'opération APC/CNEP. «D'ailleurs, nous avons tous ouvert des comptes CNEP, mais voilà, plusieurs années après, nous sommes encore au point de départ.» Mustapha qui insiste pour nous faire visiter les logements dira : «Durant les années de terrorisme, nous avons tous quitté la cité, laquelle a été récupérée par les services de sécurité qui ont transformé nos logements en cellules pour les terroristes capturés.»
Dans le périmètre qui a vu démarrer les évènements, le calme tient à un fil, comme nous le fait remarquer un jeune émeutier. Tout près, dans le lot de baraques de Boumaâza, la situation est autre, plus tranquille cette fois-ci. Un vieil homme rencontré sur les lieux indique que les jeunes de son quartier n'ont pas l'intention de sortir pour bloquer quoi que ce soit, mais le sentiment d'injustice reste profondément ancré. «En 1964, le président Ben Bella nous avait remis les clés. Nous devions habiter ces taudis pour une période de 10 ans. Nos logements n'ont pas été construits pour l'éternité. D'ailleurs, l'ingénieur français auteur du chantier avait prévenu les autorités. Il avait précisé que cette situation ne devait pas durer et ce, pour éviter l'explosion sociale. Mais depuis, rien de positif. Des familles entières se sont succédé de génération en génération, et toujours rien», raconte-t-il.
Tunisie:
La police a dispersé à coups de matraque, lundi à Tunis, un millier de jeunes chômeurs diplômés qui réclamaient notamment des emplois et un coup d’arrêt à ce qu’ils dénoncent comme la corruption ambiante.
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Les affrontements entre la police et les mal logés se sont étendues mardi à de nouveaux quartiers d'habitat précaire à Alger et sa banlieue, rapporte mercredi la presse locale, faisant état de plusieurs blessés, d'arrestations et de l'incendie d'un commissariat au quartier Ennakhil.
Plusieurs dizaines de jeunes ont manifesté dans la matinée d’hier leur colère contre le chômage en procédant à la fermeture de la RN12 à hauteur de la commune de Bordj Menaïel, à une quarantaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès. Ils ont barricadé la route à l’aide de pierres, de troncs d’arbres et autres objets hétéroclites pour exprimer leur ras-le-bol. «Je préfère travailler avec un salaire de 12'000 DA que de traîner à longueur de journée dans les rues», peste un protestataire. Plusieurs jeunes contestataires partagent ainsi cet avis mais sans oublier de préciser qu’un emploi dans ce dispositif ne permettra pas de répondre aux besoins de la vie, notamment un logement ou le mariage. Bien que ce dispositif ait permis le recrutement de centaines de jeunes en quête d’emploi stable, il a été cependant source de plusieurs actions de protestation dans le passé. Malgré ce climat d'émeute et la psychose qui a gagné les familles parquées chez elles, les jeunes n'arrêtaient pas de plaisanter entre eux sur leur mouvement. «Nous sommes fatigués d'entendre à chaque fois des promesses», «ils nous ont trompés», «hogra», sont entre autres les principales réactions qui reviennent à chaque fois dans leurs déclarations. La nuit devait être longue. Nous étions à la sortie des Palmiers quand nous avons entendu un cri déchirant : c'était des femmes qui lançaient des youyous…
Tunisie:
Une grande manifestation s'est déroulée lundi à Tunis, en signe de solidarité avec les populations de Sidi Bouzid, région du centre-ouest tunisien, en proie depuis 12 jours à des troubles sociaux sur fond de chômage et de précarité des conditions de vie, a constaté l'Associated Presse sur place.
La police a dispersé à coups de matraque, lundi à Tunis, un millier de jeunes chômeurs diplômés qui réclamaient notamment des emplois et un coup d’arrêt à ce qu’ils dénoncent comme la corruption ambiante.
Tunis, Alger même combat, même misère, même dictature !
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