La presse, avec son sens de la nuance habituel, et aussi un bel ensemble, nous sert sur un plateau (télé) un mot qui a tant servi qu’il paraît très usé : casseur. Tel la limace ou l’escargot qui sort après la pluie, le casseur fait inévitablement son apparition en fin de manif. Il fait les choux gras des médias : que serait le journal de 20 heures, en période de manifestations, sans sa séquence “casseurs” ?
Le Petit Robert donne cette définition de casseur : “Personne qui, au cours d’une manifestation, endommage des biens publics ou privés.” Mais si l’on interroge les vieux dictionnaires, le casseur est un cambrioleur, un ouvrier casseur de pierres ou une personne travaillant dans une casse (de voitures). Cela peut aussi être une personne maladroite ou tapageuse. Le Grand Larousse donne l’exemple “domestique casseuse” (on espère que ses maîtres lui auront fait une retenue sur gages). Rien sur la casse du bien d’autrui en cours de manif, bien que cette activité canaille soit presque aussi vieille que l’histoire de France, des maillotins* aux frondeurs jusqu’aux soixante-huitards.
En fait cette acception de casseur est très récente : elle vient de l’immédiat après-Mai 68. Peut-être est-elle un produit maison du ministère de l’intérieur repris avec avidité par la presse, comme en son temps “forces de l’ordre“, le but sournois étant de réduire la contestation à sa seule écume ?
Il y a d’ailleurs eu dans les années soixante-dix une loi “anticasseurs” qui instaurait une sorte de responsabilité collective, abrogée depuis.
Quant à l’auteur de ces lignes (une moitié de LSP), il lui est arrivé une fois de se livrer à des actions qui pourraient répondre assez précisément à la définition donnée par Robert. Il peut l’avouer, il y a prescription. Et tant pis si les mauvaises langues y voient un lien avec la définition que nous donnons de nous-mêmes : camarades de casse.
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De l'infamie dans les cœurs
Je viens aujourd'hui vous parler des mensonges qui les font vivre et des contradictions dans nos esprits.
Premier point : les casseurs
Nous ne devons pas tomber dans le piège. Vous ne devez pas tomber dans le piège. Les témoignages racontant que des agents de la BAC ont été vus discutant avec un groupe de lycéens juste avant que celui-ci ne parte brûler des voitures ne manquent pas, on a déjà suspecté l'existence d'agents fauteurs de troubles au sein des Black bloc à Gênes et il y a de fortes chances que ces casseurs soient (souvent) instrumentalisés par la police pour justifier a posteriori d'une répression violente et rapide. Outre ce fait, il ne faut pas tomber dans la bêtise médiatique qui dépolitise complètement ces actes en les rabaissant à du simple vandalisme et occulte ainsi la raison de ces violences qui ont au moins le mérite de ne pas se borner à simplement contester une réforme.
Deuxième point : les chiffres
Ils mentent, sans arrêt. Et ils n'ont aucune excuse. Discutez autour de vous, combien de gens sont pour cette réforme abominable ? Combien ne manifestent pas par dépit, par peur, par manque de motivation, par désintérêt ? Ce qui n'empêche pas Fillon, une nouvelle fois, comme il l'a fait pour la LRU et comme d'autres l'ont fait avant lui, de faire passer les manifestants pour une «extrême minorité». Ne vous laissez pas avoir, leurs techniques sont rodées, ils connaissent les mécanismes, mais il ne faut pas chercher longtemps pour détruire un argumentaire qui ne se base que sur du vent. Ils mentent sur le nombre de grévistes, sur le nombre de manifestants, sur le nombre d'interpellations, sur les débordements, ils mentent sur les opinions du peuple, ils mentent quand ils défendent leur réforme et c'est normal. Le mensonge fait partie de leur arsenal, la manipulation est un jeu pour eux. Ce que nous devons faire, c'est à chaque instant dévoiler, dénoncer et détruire leurs mensonges.
Troisième point : les camps
Là, je nous attaquerai. Quand j'entends, suite à l'apparition des CRS, une vingtaine de personnes se réclamant communistes libertaires entamer avec force : «On est des étudiants, pas des délinquants», ça me fait gerber. Comme si les exactions de la police se justifiaient sur les personnes «délinquantes», comme s'il y avait des «bons» et des «mauvais» et qu'heureusement la police était là pour nous protéger des méchants, des casseurs. Nous ne devons pas jouer leur jeu, nous devons nous méfier de nos paroles et des slogans que nous chantons, car ils ont des significations profondes, pleines de conséquences. Quand un anarchiste hurle «Je suis un étudiant, pas un délinquant», il ne vaut pas mieux que la CGTraître qui hurle «De la dignité pour la vieillesse, des emplois pour la jeunesse» et qui adjoint son service d'ordre aux flics en civil pour éviter que quelques esprits échauffés n'aient l'idée tordue de ne pas se comporter de la bonne manière.
Je terminerai ce message par quelques informations.
Ici, à Montpellier, les routes sont régulièrement bloquées, partiellement pour éviter que le blocage ne tienne qu'une minute face à des automobilistes furieux. Les flics sont intervenus à l'UM3 pour déloger les occupants (l'occupation de nuit avait été votée le jour même) et la fac reste fermée jusqu'à lundi (excellente manœuvre politique pour que les étudiants énervés de ne pas avoir cours fassent porter le chapeau à ceux qui squattaient l'amphi). À l'UM2, le blocage de la fac a été voté pour jeudi. Mardi, un cortège libertaire s'est dirigé vers le Polygone (immense centre commercial) en fin de manif, ce dernier a fermé ses portes puis le cortège a vite été encerclé, les CRS devant, la BAC derrière. Après quelques minutes assez tendues, il a rejoint la CGT afin de pouvoir s'évaporer tranquillement, escorté par les flics qui ont confié être là pour «éviter les débordements d'anars».
D'autres actions sont prévues, nous vous tiendrons au courant.
Courage, amis, nous vaincrons !
Courriel reçu mercredi 20 octobre 2010.
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