Des fous pas si furieux
Un rapport dévoilé jeudi va à l’encontre des clichés sur la dangerosité des malades mentaux.
Pourquoi reproduire ici le début d'un article de Libé (et écrit par Favereau, surnommé coupé/collé par les anciens d'Act-Up paris...) ?
Et bien justement un de nos amis est retenu en HP depuis plus d'un mois (La Queue-en-Brie) suite à une embrouille de famille ou s'opposent deux points-de-vue mais que la police de Créteil a jugé avantageux de faire placer d'Office et ce sans avoir bénéficié des services d'un avocat. Le deal imposé étant, soit la tôle, soit le HP alors que devant le juge notre camarade avait toute les chances d'être remis en liberté, son vague "passé psychiatrique" l'a conduit à l'hospitalisation d'office sur la seule "bonne fois" des déclarations d'un frère accusateur et cela sans aucun témoin pour départager les deux. Abusif, le mot est faible pour une pratique scandaleuse mais pourvoyeuse de malades au point de submerger les hôpitaux psychiatriques...
Les polices n'agissent que sous les ordres de leur hiérarchie on peut donc en déduire que pendant les "vacances judiciaires", période ou les prisons débordent et deviennent invivables pour les détenus, les ordres sont de diriger en masse les suspects vers les HP...
La Haute Autorité de santé (HAS) est bonne fille. Elle, qui est censée faire des choix en matière de santé, a eu la délicatesse de ne rendre public que jeudi son rapport sur la question de la «dangerosité chez les malades mentaux». Soit deux jours après la promulgation de la nouvelle loi sur l’enfermement sous contrainte. Bizarre, non ? D’autant que ledit rapport, pourtant terminé depuis mars, fait un point, honnête et documenté, sur cette question. Et, au final, prend le contre-pied des clichés établissant une sorte d’équation entre fou et dangereux, clichés qui ont fortement inspiré le texte de loi sur la psychiatrie.
«Exceptionnel».«C’est honteux ce que l’on a pu entendre ces derniers mois, a rappelé, jeudi, Claude Finkelstein, présidente de la Fédération des associations de malades mentaux. A chaque fait divers, on pouvait lire : "Un schizophrène a tué." Comme s’il y avait un lien automatique. Personne n’oserait écrire : "Un Noir a tué." Mais, là, cela ne choque personne.» Une colère que les chiffres du rapport rendent légitime. La Haute Autorité a recensé toutes les études sur ces questions. «Dans les études internationales disponibles, les individus souffrant de troubles mentaux graves sont 4 à 7 fois plus souvent auteurs de violences que les individus sans trouble mental, mais ils ne sont que rarement auteurs d’actes de violence grave : environ un homicide sur 20 actes de violence, voire un homicide sur 50 [soit de 2 à 5 % des homicides, ndlr].» En France, on estime que 1% de la population souffrirait de troubles schizophréniques et 1% de troubles bipolaires. Ces personnes seraient à l’origine de 3 à 5% des cas de violence.
«C’est le premier constat qu’il faut répéter : le passage à l’acte violent chez un malade reste exceptionnel, explique le professeur Jean-Louis Senon, psychiatre à Poitiers, et qui a présidé les auditions à la base du travail de la HAS. Ce n’est ni la règle ni l’habitude. Pour les agressions sexuelles, les malades mentaux sont même très peu représentés : moins de 5%.» Comme le notent d’autres études, les malades mentaux sont bien plus victimes qu’acteurs. «Ils subissent de 7 à 17 fois plus d’actes violents que la population générale», insiste le professeur Senon.
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