lundi 8 août 2011

Sur les « traitements » en prison


Avertissement : le but de ce texte est d’apporter quelques informations sur les médocs et sur la pratique des électrochocs, notamment sur leurs effets secondaires reconnus cliniquement par l’institution et les labos. Ça ne rendra jamais compte de la réalité vécue par celui ou celle qui subit ces « traitements ». Nous ne partageons en rien le discours officiel médical, sur la catégorisation des troubles ou la valeur des traitements médicamenteux. La consommation de médicaments psychotropes en prison est largement supérieure à celle de la population en général, qui en France consomme déjà beaucoup plus de psychotropes que la population mondiale. Les effets secondaires décrits ici sont fonction des doses et des mélanges ; on sait qu’en taule les fortes doses et les cocktails sont monnaie courante.


La pharmacie d’une prison est une pharmacie hospitalière comme les autres, sauf que la maîtrise de la distribution du médicament est une illusion. S’il y a obligation de traiter le prisonnier, pas toujours consentant, c’est certainement avec beaucoup de difficultés (l’utilisation de formes orales sèches est toujours préférée) dans les conditions sécuritaires des établissements pénitentiaires. Il n’empêche que la consommation de médicaments psychotropes en prison est largement supérieure à celle de la population en général, qui en France consomme déjà beaucoup plus de psychotropes que la population mondiale. Les prisonniers ingurgiteraient 30 % de neuroleptiques pour 70 % d’anxiolitiques.
Les neuroleptiques ou antipsychotiques sont des médicaments à effet neurobiologie utilisés dans le traitement de certaines affections du système nerveux central : psychoses (troubles délirants aigus ou chroniques) et dans les états d’agitation (accès maniaque, par exemple). Ils ont pour but de réduire les symptômes psychotiques. Il y a deux catégories de neuroleptiques : ceux qui traitent les symptômes positifs ou productifs : hallucination, délire, agitation, angoisse. Et ceux qui sont destinés aux symptômes négatifs ou déficitaires  : autisme (retrait du monde extérieur compensé par une prédominance de la vie intérieure), repli affectif, apragmatisme (incapacité à entreprendre des actions). Il y a deux générations de médicaments ; l’ancienne : Haldol, Tercian, Solian, Largactil, Théralène. Et la nouvelle : Zyprexas, Risperdal, Loxapac. Les effets indésirables généraux sont les mêmes que ceux des antidépresseurs, auxquels s’ajoutent : troubles de la mémoire ; troubles lipidiques et glucidiques (majorant le risque cardio-vasculaire) ; troubles neurologiques (aigus ou tardifs pouvant survenir des années après une prise unique) pouvant se rapprocher du syndrome parkinsonien (tremblement, rigi- « traitements » : les cachets, l’électricité dité, lenteur, mouvements anormaux) ; effets extrapyramidaux (révulsion des yeux, trismus, difficultés de déglutition, torticolis spasmodique ; dyskinésies tardives se manifestant par des balancements du tronc, des piétinements, des mouvements de mastication ; troubles psychiques : syndromes d’indifférences psychomotrice ; état dépressif dû soit au produit, soit à la disparition du délire ; syndrome confusionnel quelquefois ; troubles neurovégétatifs : hypotension artérielle orthostatique, parfois hypothermie ; troubles digestifs : constipation et sécheresse de la bouche ; troubles endocriniens et métaboliques  : syndrome d’aménorrhée et galactorrhée (arrêt des règles et écoulements mammaires), perte de la libido, frigidité et impuissance. Par ailleurs, le « syndrome (plusieurs symptômes associés) malin des neuroleptiques  » est un accident grave qui associe hyperthermie (fièvre de plus de 40°), tachycardie (pouls à 140-160 par minute), polypnée (ralentissement du rythme respiratoire), sueurs, pâleur. Ce syndrome s’installe en trente-six à quarante-huit heures, soit à l’occasion d’un changement de traitement, soit chez un patient nouvellement traité. Le syndrome malin nécessite un transfert d’urgence en service de réanimation ; le pronostic vital est alors en jeu.
Un antidépresseur est un médicament principalement prescrit dans le traitement de certaines dépressions et de certains troubles anxieux (attaque de panique, troubles obsessionnels et compulsifs), des troubles du sommeil, et dont les effets, lorsqu’ils sont favorables, apparaissent après 2 ou 3 semaines en moyenne. Dans l’état actuel des connaissances, les antidépresseurs modernes ne provoquent pas d’accoutumance ni de dépendance, bien que l’arrêt brutal du traitement puisse engendrer des effets "rebond" transitoires. Les effets indésirables surviennent dans 10 % dans des cas, si l’on respecte la dose indiquée, et sont : sédation (somnolence) ; prise de poids ; bouche sèche, constipation, troubles visuels ; épisodes d’hypotension orthostatique (malaises, étourdissements). La levée d’inhibition dans les 48 à 72 heures du début du traitement entraîne une majoration transitoire du risque suicidaire. Les antidépresseurs sont séparés en 2 classes : la première regroupe l’Anafranil et le Laroxyl. Leur effet indésirable principal est une toxicité cardiaque. Ils sont de ce fait moins utilisés que ceux de la seconde classe. Celle-ci est représentée par le Prozac qui entraîne, lui, des risques de dépendance avec syndrome de sevrage à l’arrêt (anxiété, vertiges, nausées, troubles du sommeil), troubles digestifs, troubles de la libido, troubles du sommeil, vertiges, tremblements, maux de tête.

Les benzodiazépines sont une classe de médicaments aux propriétés hypnotiques, anxiolytiques, antiépileptique, anamnesiantes. Les benzodiazépines sont souvent utilisées pour soulager à court terme l’anxiété, l’insomnie sévère ou incapacitante. L’usage à long terme peut être problématique à cause de l’apparition d’une tolérance (accoutumance) et d’une addiction (dépendance). On pense qu’elles agissent sur le récepteur des GABA (neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central) dont l’activation tempère l’activité des neurones. Elles sont apparues dans les années 1960. Ce sont le Valium, Lexomil, Rivotril, Temesta, Seresta, Tranxène, Xanax, Rohipnol. Elles ont une toxicité hépatique et sont contre-indiquées dans les troubles respiratoires sévères. Leurs effets indésirables sont : sédation avec ses complications fréquentes : obstruction des voies respiratoires, hypotension et apnée ; troubles de la mémoire ; hypotonie des muscles de la gorge pouvant entraîner un gène, une dépression respiratoire lorsqu’ils sont administrés par voie intraveineuse et à fortes doses ; somnolence  ;confusion ;chutes ; dépendance avec un syndrome de sevrage pouvant aller jusqu’à la crise d’épilepsie, accoutumance et toxicomanie.
C'est le principal composant de la "Fiole"  administré en zonzon et responsable de milliers de toxicomanies...
Jamais de Benzos camarades ! Voir conseils ASUD 
Ajoutons que ces substances sont fortement addictives et que la décroche s'accompagne fréquemment de crises épileptiques.
Les thymorégulateurs (régulateur de l’humeur) sont utilisés dans les troubles bipolaires (anciennement psychose maniaco-dépressive). Il s’agit du sel de Lithium ( carbonate de lithium, le citrate de lithium ou l’orotate, vendu sous le nom de Thevalithe) et de plusieurs antiépileptiques  : le Tegretol, le Depakote ou Dépakine et le Valpromide. Les effets indésirables généraux sont : prise de poids, sédation, ralentissement, fatigue, troubles digestifs et visuels, tremblements, vertiges. Selon la molécule utilisée, on peut constater l’atteinte d’un organe spécifique (thyroïde, coeur, foie, pancréas, rein, peau).
L’electroconvulsivothérapie (ECT, en fait les électrochocs) est utilisée dans les dépressions sévères et les psychoses, épisode maniaque, résistantes aux médicaments. Elle est également souvent utilisée en première intention dans les pathologies psychiatriques de la femme après l’accouchement et chez les personnes âgées. Elle n’assure pas de prophylaxie (ne soigne pas), à moins qu’elle ne soit administrée au long cours comme traitement d’entretien (hebdomadaire, bihebdomadaire ou mensuel). Effets indésirables : troubles cognitifs à type de confusion transitoire de durée brève ; ce trouble s’atténue généralement après 10 à 20 minutes et disparaît en 2 heures. La confusion mentale est habituellement plus prononcée après les premières séances d’ECT, et chez les patients qui reçoivent une ECT bilatérale ou qui ont des troubles neurologiques concomitants. L’effet indésirable le plus gênant de l’ECT est la perte de mémoire. Les troubles mnésiques en cours de traitement sont quasiment inévitables. L’ECT peut engendrer secondairement des troubles mnésiques de type amnésie antérograde et/ou rétrograde. Ces troubles sont le plus souvent transitoires. L’amnésie antérograde disparaît constamment. L’amnésie rétrograde peut être durable chez certains patients. La sévérité des troubles est liée au nombre total de séances d’ECT, au placement des électrodes (plus marquée en position bilatérale qu’en position unilatérale), à l’utilisation d’un courant sinusoïdal (anciens appareils). Par exemple, un patient peut ne pas se rappeler les événements l’ayant conduit jusqu’à l’hospitalisation et l’ECT et de telles lacunes de la mémoire autobiographique peuvent ne jamais être comblées. D’autres effets indésirables (céphalées, nausées, douleurs musculaires) s’amendent rapidement après les séances. La mortalité est estimée à 1 pour 10000 patients traités (c’est-à-dire comparable à celle liée à l’anesthésie générale pour les interventions chirurgicales mineures) ou 2 pour 100000 séances d’ECT. Le taux de morbidité actuel est estimé à 1 accident pour 1 300 à 1 400 séances. La morbidité consiste en : laryngospasme, traumatisme dentaire, luxation ou fracture, défaillance circulatoire, état de mal épileptique, paralysie des nerfs périphériques, brûlure cutanée au point d’application des électrodes, apnée prolongée. Notons qu’autrefois, avant l’utilisation d’une anesthésie-curarisation, des complications (en particulier fractures de vertèbre) étaient observées fréquemment (jusqu’à 40 % des patients). Le traitement engendre souvent, dans les minutes suivant la stimulation, une bradycardie avec hypotension transitoire (stimulation vagale centrale) et secondairement une tachycardie sinusale et une hypertension artérielle. Des arythmies cardiaques peuvent survenir. L’état confusionnel post-critique est plus sévère si un courant sinusoïdal est utilisé, si les électrodes sont en position bilatérale, si la différence entre l’énergie administrée et le seuil épileptogène du patient est grande, enfin si le nombre total de séances est élevé. Les séances d’ECT peuvent se révéler anxiogènes pour certains patients. L’ECT ne provoquerait pas de lésions cérébrales objectivables (connues) chez l’adulte par les techniques actuelles d’imagerie. L’ECT pourrait être utilisée tout au long de la grossesse. Une consultation et une surveillance obstétricales sont nécessaires pour la réalisation de l’ECT. Une surveillance de l’état du fœtus lors de chaque séance d’ECT et lors de la période de réveil est conseillée. En cas de grossesse à risque ou lorsque le terme est proche, le monitorage peut être plus important et la présence d’un obstétricien est souhaitable lors des séances d’ECT.

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