jeudi 2 août 2012

Pussy Riot et Kill Kiril

Ukraine Femen Soutient
Ce qui est le plus remarquable dans les anciennes "Dictatures de l'Est", toujours aussi dictatoriales mais modernisées en apparence, c'est la naissance des mouvements de "contestation civile".
A la fois sociaux et libertaires, ces mouvements très créatifs prennent à rebrousse-poil la répression Kgébiste qui voudrait tant lancer ses chars et ses chiens mais contre qui et contre quoi ?

Le degré d'esclavage d'un peuple peut se mesurer à sa capacité a faire reconnaître des droits dans la société qu'il habite. 
Russie, Ukraine, Biélorussie, une "opinion publique" se forme qui rend caduc les processus de répressions ordinaires accrochées au pouvoir et incapables de se moderniser au standard capitaliste indispensable, sans compromettre l'édifice même de leur dictature. La fusion économico-étatique a été totalement contrôlé par le KGB sans passer par les équilibres d'un partage du pouvoir comme dans les dictatures de l'Ouest. Le passage du Spectaculaire Concentré au Spectaculaire Intégré est donc "incomplet" car oublieux de cette vérité que c'est le Marché (Spectaculaire Diffus) qui a triomphé dans le mouvement de cette fusion.

Depuis lors les FEMEN ont trahi les Pussy Riot


"Le geste des prévenues montre clairement une haine et une hostilité envers la religion. Jurer dans une église est une insulte à Dieu", a déclaré le procureur Alexeï Nikiforov.

Le procureur a requis, mardi 7 août, trois ans de détention en camp d'internement contre les trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot, jugées à Moscou pour avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur.
Les trois jeunes femmes ont participé le 21 février 2012 à la Cathédrale du Christ Sauveur à Moscou à une prière punk « Sainte Vierge Marie chasse Poutine ». Elles sont accusées de « vandalisme aggravé, d’incitation à la haine religieuse et de sabotage des valeurs et du fondement spirituel du pays ». Elles encourent 7 ans de prison pour une chanson de 3 minutes.

Les jeunes femmes se déclarent « non coupables » et disent ne pas comprendre l’acte d’accusation car leur action avait un caractère politique et non religieux. Par leur action elles voulaient dénoncer le lien entre l’Église et l’État et exprimer leur indignation après l’appel du Patriarche de toute la Russie à la société orthodoxe à voter pour Vladimir Poutine et ne pas participer aux manifestations de contestation.
« Je ne comprends pas le fondement de l’accusation et je considère que cette affaire est fabriquée pour des raisons politiques » - a dit Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans.

L’accusation présente les témoins de l’affaire. Ils sont neuf et tous employés de la Cathédrale et donc de l’État Russe et à son service. La hiérarchie de l'Orthodoxie a toujours été le larbin des Tsars dans ce pays d'esclaves.

Les questions que l’accusation pose à tous ses témoins sont démente: « Êtes-vous croyant ? Respectez-vous les traditions de l’Église Orthodoxe Russe ? Respectez-vous le carême ? »

Le jugement se transforme très rapidement en inquisition.

L’accusation demande à la victime-témoin N.1 (une vendeuse de bougies à la Cathédrale) : « Comment pouvez-vous décrire leurs mouvements ? »

La vendeuse de bougies saintes: « Des trémoussement diaboliques »

« Elles ont souillé mon choix de vie ! »

L’accusation: « Peut-on appeler cela de l’art contemporain ? »

La vendeuse de bougies saintes: « C’était un trémoussement diabolique et non de l’art ! »

L’avocate des accusées Volkova demande au témoin de résumer la profession de foi. Le témoin ne répond pas. La juge rejette la question.

La juge rejette plusieurs questions à la file des avocats des accusées.

Tolokonnikova (avocat des accusées): « Pour vous le mot “féministe” est une insulte ? ».

Le témoin : « Dans la cathédrale – oui. C’est une insulte ! ».

Le témoin N2. (un paroissien) « L’exactitude de leurs actes m’a donné l’impression que leur action a été commandité ».

L’accusation : « Vous pouvez répéter les mots qu’elles ont prononcé dans la Cathédrale ? ».

Le témoin N2 : « Il n’ y avait rien contre Poutine, il n’y avait que du blasphème contre le Seigneur ».

Polozov : « Êtes-vous membre actif de l’organisation “La Cathédrale du peuple” ? ».

Le témoin N2 : « Oui. Je coordonne l’éducation militaire et patriotique ! ».
Le témoin « Mon seul règlement c’est la morale ».
Le témoin N4 : « Il y avait violation des principes moraux. La violation de valeurs centenaires ».
Le témoin N8 « En ce moment mon âme est dans un tel état que je ne peux pas le faire ».

Le témoin N9, un autre gardien répète exactement la même chose. Il n’a pas entendu la chanson, il trouve leur action blasphématoire et souillant les traditions orthodoxes et les valeurs spirituelles.


Bref une synthèse entre la bonne vieille inquisition et l'idéologie néo-stalinienne de Poutine le KGbiste au service d'un capitalisme mafieux. Les méthodes du marché pour la pacotille capitaliste et celles du secret policier pour les sous-citoyens, ce que Debord désigne comme "Spectaculaire Intégrée"
Soutient de Femen aux Pussy
Les membres du groupe russe Pussy Riot, emprisonnées pour «hooliganisme», sont issues du groupe d’art protestataire Voïna («guerre», en russe), célèbre à Moscou et à Saint-Pétersbourg pour ses actions scandaleuses et subversives. Le 20 février, Pussy Riot s'était déjà retrouvé sur la place Rouge pour allumer des fumigènes aux sons du refrain «Révolte en Russie, Poutine se chie dessus»:
«Révolte en Russie, Poutine se chie dessus»

Le groupe Voïna au Musée biologique de Moscou, le 29 février 2008.

Action de Voîna

Interview de Vice.com, quelques jours avant l’arrestation le 4 mars de deux des membres de PUSSY RIOT.

 

VICE : Qu’est ce qui vous a inspiré pour commencer PUSSY RIOT ?
KOT : Pussy Riot est né d’une action fin septembre 2011, juste après l’annonce de Poutine comme quoi il planifiait de retrouver sa place présidentielle et de gérer d’une main de fer la Russie pour au moins 12 ans de plus.
SERAFIMA : Exact et à ce moment nous avons réalisé que ce pays avait besoin d’un groupe militant, punk féministe et de rue qui apparaîtrait dans les rues et les places de Moscou, qui mobiliserait l’énergie publique contre le royaume criminel de la junte poutiniste et enrichirait la culture russe et l’opposition politique avec des thèmes qui nous sont importants : le genre et les droits des Lesbiennes, Homosexuels, BisexuelLEs et transsexuelLEs, les problèmes de dictat de la masculinité, l’absence d’un message politique audacieux dans la musique et les arts et celui de la domination des mâles dans toutes les sphères publiques et privées.
VICE : Pourquoi « PUSSY RIOT » ?
GARADZHA : Un organe sexuel féminin, qui est supposé être passif et être un réceptacle, soudainement, devient le départ d’une rébellion radicale contre l’ordre culturel, qui essaye constamment de le définir et de lui montrer sa place appropriée. Les sexistes ont certaines idées du comment une femme devrait se comporter et Poutine, dans ce sens, a aussi de nombreuses idées sur comment les Russes devraient vivre. Lutter contre tout ça, c’est Pussy Riot.
KOT : Tu ne devrais pas répondre à cette question, Garadzha, car officiellement nous ne le faisons jamais. Quand la police et les agents du FSB (ancien KGB, police politique de Russie) nous interrogent et demandent : Qu’est ce que c’est que ces lettres anglaises sur votre banderole signifient ? Nous mettons souvent une bannière durant nos performances illégales et presque jamais ces idiots ne connaissent et pratiquent une langue étrangère, alors souvent nous leur répondons quelque chose du genre: Oh monsieur l’agent secret, ce n’est rien de spécial, ces mots signifient ‘pussy cat rebellion’. Mais, bien sûr, c’est un énorme mensonge. 
En Russie tu ne dois jamais dire la vérité à un flic ou à un agent du régime de Poutine.
VICE : Quelles sont vos influences musicales ?
KOT : CertainEs d’entre nous pêchent l’inspiration des groupes de punk oï classique du début des années 80 : The Angelic Upstarts, Cockney Rejects, Sham 69 et ça agit dans le bouquet de tout cette incroyable énergie sociale amenée par cette musique, leur son traverse les décennies et provoque le trouble autour de lui. Leurs esprits capturent réellement l’essence du punk qui se doit d’être une protestation agressive.
GARADZHA : Beaucoup d’idées proviennent certainement de BIKINI KILL et des groupes de la mouvances des RIOT GRRRLS, nous développons à notre manière ce qu’elles ont fait dans les années 90, bien que dans un contexte totalement différent et avec une position exagérément politisée, ce qui entraîne l’illégalité de toutes nos performances. Nous ne donnerons jamais un concert dans un club ou tout autre espace musical. C’est un principe important pour nous.
KOT : Tobi Vail nous a contactées après avoir lu un article dans The Guardian. Elle disait qu’elle appréciait vraiment ce que nous faisions. C’était incroyable d’avoir un retour émotionnel de sa part. Et les gens de LE TIGRE apportaient leur soutien à l’action faîte sur la Place Rouge. C’était inspirant d’écouter parce que ces gens nous ont beaucoup influencé.
VICE : Quelles sont vos influences féministes majeures ?
SERAFIMA : Dans la théorie féministe ce pourrait être Simone de Beauvoir avec « le deuxième sexe », Dvorkin, Pankhurst avec ces courageuses actions « suffragistes », Firestone et ses folles théories sur la reproduction, Millett, Braidotti et ses pensées nomades, Judith Butler et ses parodies d’art.
GARADZHA : Et comme j’ai dit avant, en termes d’actions féministes musicales et d’activisme et de communauté en construction nous donnons la part belle au mouvement Riot GRRRL.
VICE : Est ce que Pussy Riot cherche de nouveaux/nouvelles membres ?
GARADZHA : Toujours ! Pussy Riot se doit de rester en perpétuelle évolution. C’est une des raisons pour laquelle nous avons choisi de toujours porter des cagoules, de nouveau membres peuvent rejoindre le groupe et pour les prochaines actions il pourra y avoir 3 ou 8 d’entre nous, comme à notre dernier concert sur la Place Rouge, ou même 15. Pussy Riot est un corps qui se bat et qui grandit.
TYURYA : Connais tu quelqu’un qui veut venir à Moscou, jouer des concerts illégaux et nous aider à combattre Poutine et les chauvinistes russes ? Ou peut-être devraient-ils/elles commencer leur propre PUSSY RIOT local si la Russie est trop éloignée ou trop froide.
VICE : Je ferais mieux alors de trouver ma cagoule fluo. Etes-vous inquiétées par l’Etat et la police du fait que votre popularité augmente ?
KOT : Nous n’avons rien à craindre de leur part car si la police répressive de Poutine jette l’une d’entre nous en prison, ce sera 5, 10, 15 filles de plus qui s’équiperont de cagoules colorées et qui continueront de se battre contre leur symbole du pouvoir.
SERAFIMA : Et aujourd’hui avec des dizaines de centaines de personnes qui investissent régulièrement les rues, l’Etat devra y réfléchir à deux fois avant d’essayer de criminaliser l’une d’entre nous et de nous enfermer. Il y a des masses de fans de PUSSY RIOT dans les manifestations en Russie.
VICE : Quelle a été la raison de choisir de rester anonymes ?
SERAFIMA : Notre but est d’interloquer des personnalités et de renverser les symboles par une protestation pure.
TYURYA : Nous changeons souvent de nom, de cagoules, de robes et de rôles dans le groupe. Des gens partent, de nouvelles personnes rejoignent le groupe et la formation de chaque performance de guérilla des PUSSY RIOT peut être entièrement différente.
VICE : Comment voyez-vous la Russie sous un nouveau règne poutiniste ?
SERAFIMA : Comment verrais tu la Libye à nouveau sous Kadhafi ? Comment verrais-tu la Corée du nord à nouveau sous Kim Jong-un, camarade de 28 ans ? Pour nous la Russie sous Poutine, à travers le leader national n’est pas différente.
TYURYA : Comme une dictature du tiers-monde avec toutes ces belles et classiques caractéristiques : une détestable économie basée sur les ressources naturelles, un incroyable niveau de corruption, une absence de justice indépendante et un dysfonctionnement du système policier.
VICE : Quelles sont vos relations avec les autres mouvements anti-gouvernementaux comme VOINA et UKRAINE’S FEMEN ?
TYURYA : VOINA est cool, nous sommes très proches, nous sommes très attachés à leur période 2007-2008 quand ils/elles ont amené au plus haut des actions vraiment dingues et symboliques comme ‘’Fuck for the heir Puppy Bear" au moment des élections présidentielles de 2008. Ils/elles ont dessiné une tête de mort au laser vert sur le parlement russe ou leur stupéfiant cérémonial mettant en avant les homosexuelLEs et les immigréEs illégaux/illégales qu’ils/elles ont offert au maire de Moscou, c’étaient de puissantes activités.
SERAFIMA : Notre opinion sur FEMEN est une histoire compliquée. D’une part, elles exploitent une rhétorique très masculine et sexiste dans leurs démonstrations, les hommes veulent voir d’agressives filles nues attaquées par la police. D’un autre côté, leur énergie et leur habilité à garder la face est terrifiante et inspirante : un jour elles sont en Suisse à escalader les barrières du Forum Economique Mondial et le jour d’après elles sont en Russie attaquant le quartier général du plus gros producteur de gaz naturel en Russie. Et même après avoir été torturées et humiliées par des agents du KGB en Biélorussie, elles jurèrent de continuer le combat et d’une manière encore plus radicale. L’énergie est vraiment importante de nos jours, les groupes de rue en Europe et aux Amérique manquent souvent de puissance, mais elles, elles l’ont vraiment.
VICE : Quel a été ton meilleur concert ?
GARADZHA : A part celui de la Place Rouge, chacune de nous a aimé celui sur le toit d’un building du centre de détention à Moscou, où une personne arrêtée 5 jours après l’élection était enfermée. Le prisonnier politique pouvait nous voir à travers les barreaux de sa cellule et il chantait et souriait quand nous chantions « Mort aux prisons ! Liberté de protester ! ». Des officiers de la prison nous ont tourné autour ne sachant quoi faire car ils n’avaient aucune idée de la façon de procéder pour nous interpeller directement sur le toit. Ils avaient l’air apeurés alors ils ont immédiatement ordonné un barrage, ils ont du penser que nous tenterions un siège du centre de rétention quand nous aurions arrêté de chanter. C’était cool.
VICE : Avez vous des plans pour monter des spectacles pendant les apparitions publiques de Medvedev ou de Poutine ?
TYURYA : Poutine est trop apeuré de faire quoi que ce soit en public, tous ces meetings publics sont férocement surveillés par les sourires et baisers meurtriers des loyalistes du kremlin. Mais un jour, nous le chasserons, c’est sûr.
SERAFIMA : Ce serait mieux pour lui qu’il se sauve avant que nous l’attrapions. Poutine ne voudra jamais rencontrer les PUSSY RIOT en face à face.

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