jeudi 17 novembre 2011

General Strike ! Occupy everywhere !

 
Hier matin, le New York Times se demandait si la musique des batteries, tambours et autres bongos que jouent les protestataires d’Occupy Wall Street était susceptible d’accélérer l’évacuation de Liberty plazza. Ma réponse était : probablement pas.
 
Car si certains riverains s’étaient plaint de l’enthousiasme avec lequel les musiciens utilisaient leurs instruments, des heures durant, et ce bien après que la nuit soit tombée, d’autres riverains s’étaient émus de la construction à deux pas d’ici du building qui remplacera bientôt les Twin Towers, qui entraîne également son cortège de nuisance sonore, des heures durant, et ce bien après que la nuit soit tombée. Moyennant quoi personne ne sait vraiment quel était le pire des deux. Car à l’heure où j’écris, la situation a complètement changé : la police est intervenue cette nuit, évacuant tout le monde, cassant des choses, en volant d’autres (des livres par exemple), arrêtant une centaine de personnes, en gazant un certain nombre au passage.
La perspective d’être évacués ne semblait pourtant pas effrayer grand monde dans Zuccotti Park, et en tout cas pas les anarchistes à qui j’en avais parlé quelques heures auparavant, qui m’avaient affirmé qu’il était impossible pour la police d’entreprendre une telle action sans se heurter au soutien massif des sympathisants du mouvement. Bon.
Les protestataires se déplacent désormais dans New York, entre Foley Square et Canal Street, et je suppose qu’ils vont tenter de s’installer dans le parc, si les nombreux flics présents ne les en empêchent pas. A vrai dire, n’ayant pas la possibilité d’être sur place pour le moment, je suis les événements en écoutant à la radio le special report sur WNYC, dans l’appartement de Roosevelt Island où je loge pour encore quelques jours, et d’où je ne peux pas être d’une grande aide au mouvement.

J’ai passé un après-midi ensoleillé et doux hier, en tant qu’envoyé spécial pour le site Un Autre Futur qui voulait avoir des nouvelles fraîches de ce qu’il se passe à NYC. Je comptais rédiger un texte dans le genre "papier d’ambiance", dans lequel j’aurais parlé des anarchistes qui ont pignon sur rue, en insistant sur mon émotion au spectacle du drapeau rouge et noir flottant dans le quartier d’affaires de la capitale du monde.
J’aurais évoqué la table à l’entrée du square, sur laquelle de nombreuses brochures attiraient l’œil du public: No Authority but Oneself, How rich invented racism, The Anarchist Solution to the Problem of Crime etc., ou encore des versions en espagnol de certains textes fondateurs de l’anarchisme en Amérique, tel ce Anarquismo, lo que significa realmente d’Emma Goldman. Le fait que ces brochures aient été mises à la disposition du public gratuitement n’explique pas à lui seul pourquoi il s’en est écoulé autant, des milliers selon David qui en pliaient et en agrafaient des dizaines chaque jour ; une édition du week-end du New York Times parue il y a quelques semaines a popularisé dans un long et très intéressant article les thèses de l’anarchie appliquées à l’organisation de Zuccotti Park : démocratie directe, autogestion, absence de hiérarchie... le tout induisant un sens profond de la responsabilité individuelle http://www.nytimes.com/2011/10/09/o.... ; Bref. _

Si l’ambiance avait quelque peu changé depuis deux ou trois semaines avec l’arrivée des tentes empiétant sur l’espace de rassemblement et de discussions, la pulsation était toujours la même : rencontre, créativité, joie d’être ensemble. Ainsi, j’ai pu chanter A Las Barricadas ! avec Ignacio, un Espagnol qui avait terminé la veille son tour du monde en moto, j’ai pédalé avec la Canadienne Laura sur une bicyclette conçue pour alimenter en électricité des batteries servant à recharger ordinateurs et téléphones portables, mangé une excellente glace au chocolat et aux noix de macadamia distribuée à qui en voulait par les volontaires de la cuisine générale... Un type m’a accosté, en me démontrant, papiers officiels en main, que la C.I.A. avait injecté des produits nocifs dans ma glace et que je ferais mieux d’arrêter d’en manger im-mé-dia-te-ment !
J’ai terminé ma glace en m’excusant de le décevoir, puis suis allé récupérer un nouveau T-shirt OWS, qui est super smart, composé uniquement d’un slogan sérigraphié en couleurs psychédéliques à même le trottoir, et dont je livre le texte en intégralité: GENERAL STRIKE / NO WORK - NO SCHOOL /OCCUPY EVERYWHERE / SOLIDARITY FROM OAKLAND TO NEW YORK / WE STAND UNITED
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