Mais peut on faire confiance aux saloperies staliniennes des Éditions Sociales (PCF) ?
Extrait des Manuscrits de 1857/1858 "Grundrisse", tome 2, Éditions Sociales, 1980, pp. 220-226.
Dès que le travail, sous sa forme immédiate, a cessé d’être la source principale de la richesse, le temps de travail cesse et doit cesser d’être sa mesure, et la valeur d’échange cesse donc aussi d’être la mesure de la valeur d’usage. [...]
A mesure que la grande industrie se développe, la création de richesses en vient à dépendre moins du temps de travail et de la quantité de travail utilisée, que de la puissance des agents qui sont mis en mouvement pendant la durée du travail. L’énorme efficience de ces agents est, à son tour, sans rapport aucun avec le temps de travail immédiat que coûte leur production. Elle dépend bien plutôt du niveau général de la science et du progrès de la technologie ou de l’application de cette science à la production. [...]
[La production s’automatise, la force de travail du producteur n’est plus exploitée] Mais lui-même trouve place à côté du procès de production, au lieu d’en être l’agent principal. Avec ce bouleversement, ce n’est ni le temps de travail utilisé, ni le travail immédiat effectué par l’homme qui apparaissent comme le fondement principal de la production et de la richesse ; c’est l’appropriation de sa force productive générale, son intelligence de la nature et sa faculté de la dominer, dès lors qu’il s’est constitué en un corps social ; en un mot le développement de l’individu social représente le fondement essentiel de la production et de la richesse. Le vol du temps de travail sur lequel repose la richesse actuelle apparaît comme une base misérable par rapport à la base nouvelle, créée et développée par la grande industrie elle-même. Dés que le travail, sous sa forme immédiate, a cessé d’être la source principale de la richesse, le temps de travail cesse et doit cesser d’être sa mesure, et la valeur d’échange cesse donc aussi d’être la mesure de la valeur d’usage. Le surtravail des grandes masses a cessé d’être la condition du développement de la richesse générale, tout comme le non-travail de quelques-uns a cessé d’être la condition du développement des forces générales du cerveau humain. La production basée sur la valeur d’échange s’effondre de ce fait et le procès de production matériel immédiat se voit lui-même dépouillé de sa forme mesquine, misérable et antagonique. C’est alors le libre développement des individualités. Il ne s’agit plus dès lors de réduire le temps de travail nécessaire en vue de développer le surtravail, mais de réduire en général le travail nécessaire de la société à un minimum. Cette réduction permet ensuite que les individus reçoivent une formation artistique et scientifique, etc., grâce au temps libéré et aux moyens créés au bénéfice de tous. _Le capital crée une contradiction en procès : d’une part il pousse à la réduction du temps de travail à un minimum et d’autre part il pose le temps de travail comme la seule source et la seule mesure de la richesse. Il diminue donc le temps de travail sous sa forme nécessaire pour l’accroître sous sa forme de travail superflu. Dans une proportion croissante, il pose donc le travail superflu comme la condition -question de vie ou de mort- du travail nécessaire . D’une part, il éveille toutes les forces de la science et de la nature ainsi que celles de la coopération et de la circulation sociales, afin de rendre la création de la richesse indépendante (relativement) du temps de travail utilisé pour elle. D’autre part, il prétend mesurer les gigantesques forces sociales ainsi créées d’après l’étalon du temps de travail, et les enserrer dans des limites étroites, nécessaires au maintien, en tant que valeur, de la valeur déjà produite. Les forces productives et les rapports sociaux - simples faces différentes du développement de l’individu social -apparaissent uniquement au capital seulement comme des moyens, et des moyens pour produire sur une base limitée-. Mais en fait ce sont les conditions matérielles capables de faire éclater cette base. [...]
Le développement du capital fixe indique jusqu’à quel degré le savoir social général, la connaissance, est devenue force productive immédiate, et, par suite, jusqu’à quel point les conditions du processus vital de la société sont elles-mêmes passées sous le contrôle de l’intellect général , et sont organisées conformément à lui. [...]
Quoi qu’il en soit, le capital crée une grande quantité de temps disponible , en dehors du temps de travail nécessaire à la société en général et à chacun de ses membres en particulier, autrement dit, une marge d’espace pour le développement de toutes les forces productives de chaque individu, et donc aussi de la société. Cette création de temps de non-travail apparaît, pour le capital et les systèmes antérieurs, comme un simple temps de non-travail, du temps libre pour quelques-uns. Mais en ce qui concerne le capital, celui-ci augmente le temps de surtravail de la masse par tous les moyens de la science et de l’art, parce que sa richesse est directement fonction de l’appropriation du temps de surtravail, son but étant directement la valeur, et non la valeur d’usage. Il est ainsi, malgré lui, l’instrument qui crée les moyens du temps sociaI disponible, qui réduit sans cesse à un minimum le temps de travail pour toute la société et libère donc le temps de tous en vue du développement propre de chacun. Cependant, il tend toujours lui-même a créer du temps disponible d’un côté, pour le transformer en surtravail de l’autre. S’il réussit trop bien à créer du temps disponible, il souffrira de surproduction, et le travail nécessaire sera interrompu, parce que le capital ne peut plus mettre en valeur aucun surtravail. Plus cette contradiction se développe, plus il se révèle que la croissance des forces productives ne saurait être freinée davantage par l’appropriation du surtravail d’autrui. Les masses ouvrières doivent donc s’approprier elles-mêmes leur surtravail. De ce fait le temps disponible cesse d’avoir une existence contradictoire. Le temps de travail nécessaire se mesure dès lors aux besoins de l’individu social, et le développement de la force productive sociale croit avec une rapidité si grande que, même si la production est calculée en fonction de la richesse de tous, le temps disponible croît pour tous. La Richesse véritable signifie, en effet, le développement de la force productive de tous les individus. Dès lors, ce n’est plus le temps de travail, mais le temps disponible qui mesure la richesse. _Si le temps de travail est la mesure de la richesse, c’est que la richesse est fondée sur la pauvreté, et que le temps libre résulte de la base contradictoire du surtravail ; en d’autres termes cela suppose que tout le temps de l’ouvrier soit posé comme du temps de travail et que lui-même soit ravalé au rang de simple travailleur et subordonné au travail. C’est pourquoi la machinerie la plus développée contraint aujourd’hui l’ouvrier à travailler plus longtemps que ne le faisaient le sauvage ou lui-même, lorsqu’il disposait d’outils plus rudimentaires et primitifs.
Karl Marx
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire