Souvenez-vous: Fin juillet 2010, quelque deux cents personnes se sont réunies dans la commune de Corrèze où des jeunes gens avaient été interpellés, le 11 novembre 2008, lors de l’enquête « antiterroriste » ouverte après le sabotage de lignes TGV. La réunion a eu lieu à la ferme du Goutailloux, à Tarnac, en présence notamment de personnes toujours mises en examen dans ce dossier. Pendant une semaine, les participants – venus des Etats-Unis, d’Europe et de France – ont cherché à « analyser la situation politique actuelle et élaborer ce que serait une sortie bouleversante de l’ordre présent ».
Un texte insultant les "absents" a cette sauterie circula alors sur le Net:
Morceau choisi
"Que, dans ces moments, chacun se cramponne à sa position sociale menacée est bien compréhensible, mais que militants et activistes restent confortablement installés dans leur rôle social minoritaire, qu’au lieu de s’interroger sur leur soudaine paralysie, ils préfèrent considérer que tout leur donne raison et qu’ils n’ont qu’à continuer à parfaire leur posture radicale sur les sites web spécialisés ou à siroter leur bière à la terrasse des cafés branchés, voilà ce qui est proprement hallucinant. »"
On comprend mieux maintenant la déception des "Services" devant le peu de succès de cette rencontre mise a profit par les policiers pour surveiller les dupes de Tarnac...
"...En mars dernier, deux personnes du comité de soutien aux inculpés de Tarnac (pas poursuivies) vont chez le garagiste pour des problèmes récurrents de batterie. Le mécano leur explique qu’un truc bizarre pompe dessus, sans entrer dans les détails. En démontant les grilles de ventilation, les propriétaires de la voiture tombent sur un petit boîtier noir de 9 centimètres sur 5, relié par des fils au système électrique. A l’intérieur, deux circuits imprimés comprenant une antenne passive, un dispositif de géolocalisation de marque Navman et une carte SIM Orange pour transmettre les données. Tout l’attirail pour tracer à distance les déplacements de la voiture. De quand date le bidule ? Sans doute d’une fête à Tarnac, il y a un an. La police a pu en profiter pour poser la balise. Juste après, la vitre électrique a commencé à déconner. Depuis le retrait de l’objet, elle fonctionne à nouveau..." source
Intimidations, contrôles, traçage GPS: la police ne lâche pas les mis en examen de Tarnac et leurs amis. Rencontre à Rouen, où quatre d’entre eux habitent aujourd’hui.
"...On s’était mis d’accord : pas de photos, pas de descriptions bucoliques du jardin au printemps, pas de commentaires sur leurs plats préférés. Les mis en examen de Tarnac et leurs amis ont déjà vu leurs maisons perquisitionnées, leurs lectures décortiquées et des journalistes planquer devant chez eux. Deux ans et demi après les premières gardes à vue antiterroristes, ils n’ont pas envie de voir leur intimité étalée dans les journaux, ni de raconter une énième fois les arrestations de novembre 2008 et les policiers cagoulés.
Dix personnes sont toujours poursuivies, notamment pour “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste”. Elles sont soupçonnées d’avoir préparé des dégradations en vue de désorganiser les réseaux ferroviaires. Parmi elles, Julien Coupat, mis en examen pour direction d’une structure à vocation terroriste. L’instruction en cours peine à décoller faute de preuves, et les erreurs répétées des policiers chargés de l’enquête ont largement décrédibilisé la procédure.
Quatre des “dix de Tarnac” vivent à Rouen : Elsa, Bertrand, Mathieu et Aria*. Ils habitent deux maisons en colocation avec des copains, une poignée de jeunes entre 25 et 30 ans qui passent leur vie ensemble. En attendant un éventuel procès, ils mènent une vie sous surveillance, et leurs amis aussi. Sans jouer les martyrs ou les paranos, ils nous ont accueillis pendant deux jours pour raconter les signes d’une présence policière continue et les ingénieux efforts pour les diaboliser..."
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