L'infecte texte qui suit nous présente un modèle de Bande comme quasi-générique. En gros une bande d'adolescents cherchant vaille que vaille a explorer leur masculinité, virilité et courage dans des comportements absurdes sexistes et misogynes voir homophobes.
Une Bande est exactement ce que ses membres en font. Aucune règle ne doit venir de l'extérieur mais tout de la confrontation des idées et des actes de leurs membres. Comme tout groupe humain elle est évolutive dans le temps et dans l'espace. Il y a donc des bandes de cons comme des bandes de truands, des Bandes politisés, des bande de PD, des Bandes ethniques, mixtes, de filles, de sportifs...
Une Bande est toujours liée à un quartier et peut avoir un espace délimité et un, ou des lieux de réunions. Un simple banc publique peut servir de point d'appui.
C'est avant tout un territoire d'expérimentation mais qui peut se structurer autour d'une activité légale ou pas. La réputation d'un Bande peut rejaillir sur l'ensemble des jeunes d'un quartier au point de les assimiler d'office à cette Bande (policiers, riverains). Dans les quartiers chauds on désigne la bande du coin comme responsable de tous les désordres alors qu'il y a en fait de nombreuses bande différentes qui peuvent s'entendre ou se combattre sur le même territoire.
Amar Henni, ancien éducateur de rue, analyse les relations filles-garçons:
Il a beaucoup travaillé sur les rapports filles-garçons dans les quartiers populaires.
Qu’est-ce que l’histoire de Noisy-le-Sec dit sur les relations filles-garçons dans les cités ?
En réalité, c’est assez simple : la réputation dans une cité, voire dans la ville, joue un rôle déterminant, elle fait homme. Elle permet d’exister, de s’étalonner, mais surtout de se valoriser. Lorsqu’un jeune comme Christius trouve des textos laissant croire que sa sœur a eu une relation sexuelle avec Haroun, sa réputation est menacée ainsi que celle de son père, de sa famille. Il pense qu’il n’a pas d’autre choix que de réagir face à l’idée que cet acte pourrait ternir l’image de sa famille. Dès lors, il deviendrait une victime. Et être une victime dans ces enjeux d’images et de pouvoir, c’est devenir quelqu’un qu’on ne respectera plus. Il pense que dans la cité, la relation de sa sœur se sait, ou va se savoir, et qu’il va passer pour le frère d’une fille qui couche. «Le groupe» va alors le tancer et une logique d’humiliation va s’enclencher pour lui. En allant dire ses quatre vérités à Haroun, il tente de réparer une réputation écornée. Ce constat est terrible. Il prouve que les garçons peuvent adopter des comportements violents, irresponsables et condamnables, car ils sont en manque de repères et établissent eux-mêmes des critères de respect qui ne sont pas les bons.
La vie amoureuse des filles devient un enjeu de pouvoir pour les garçons ?
En quelque sorte, car le garçon qui impose à sa sœur «un comportement de pudeur» est respecté par le groupe. Il ne voit ainsi pas sa domination, sa virilité remise en question. Appelons un chat un chat, il y a un côté extrêmement machiste dans les relations filles-garçons. La pire chose que vous pouvez faire à un garçon vivant dans les quartiers, c’est s’attaquer à sa sœur ou à sa mère. Il n’y a rien de plus terrible que d’être perçu comme le frère ou le fils d’une fille qualifiée de «pute». Etant entendu «qu’être une pute» s’apparente parfois simplement à sortir avec un garçon, ce qui est pourtant parfaitement légitime à l’adolescence. Une des clés de l’affirmation identitaire des garçons réside dans la vie amoureuse des filles et cela génère des interdits dont elles sont otages.
Comment expliquer cette quête de virilité ?
Il y a plusieurs façons de conquérir le respect aux yeux d’un groupe : il y a l’argent, le statut social ou professionnel, le niveau de diplômes. Ces trois éléments étant souvent absents dans des zones frappées par le chômage et la précarité, les jeunes inventent de nouvelles règles, fallacieuses. Affronter la police par exemple est malheureusement la seule façon pour ces garçons de démontrer leur virilité et en ce sens, quand la police joue leur jeu, elle ne les aide pas à sortir du schéma.
Comment y parvenir ?
Il faudrait mettre le paquet sur des structures socio-éducatives car s’il y avait eu des adultes référents dans cette histoire, il est très probable qu’ils auraient raisonné Christius. Le problème, c’est que la politique de répression et de punition enclenchée par Sarkozy ne marche pas. Pourquoi ? Parce qu’en l’état actuel des choses, si Christius part en prison, il va ressortir avec une réputation décuplée positivement. Il va passer pour «le garçon qui a cassé la gueule du mec qui a maltraité sa sœur», ce qui va contribuer à sa légende dans l’histoire du quartier. Si, en plus, il n’a pas balancé les potes qui l’accompagnaient aux policiers, alors il va vraiment passer pour un héros. Et cela ne découragera pas d’autres de faire de même.
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