jeudi 3 mars 2011

Critique du capitalisme

et de l’aliénation du travail.

Le capital suppose le travail salarié, le travail salarié suppose le capital : ils sont les deux termes d’un seul et même rapport.
Marx
1) La forme marchande du travail
Le capitalisme est un mode de production qui réduit le « travail » à une marchandise.Marx définit la marchandise au début du Capital par son caractère double, à la fois concrète et abstraite, valeur d’usage et valeur d’échange. Il écrit à son propos : « [L]’utilité d’une chose fait de cette chose une valeur d’usage [...] Les valeurs d’usage ne se réalisent que dans l’usage ou la consommation. Elles forment la matière de la richesse, quelle que soit la forme sociale de cette richesse. Dans la société que nous avons à examiner, elles sont en même temps les soutiens matériels de la valeur d’échange. »1
Marx explique ainsi que les produits de l’activité humaine deviennent sous le capitalisme des marchandises qui fonctionnent également comme moyen d’acquérir les biens socialement produits. Objectivé sous la forme marchande, le travail devient sous le capitalisme un moyen social, une médiation obligatoire pour obtenir des biens d’usage particuliers et qualitativement appréciables dont l’individu a besoin pour vivre. En somme, le travail salarié, le « travail marchandise », devient sous le capitalisme un moyen de reproduction de la vie individuelle et collective qui fonctionne comme moyen pour un individu d’acquérir les biens et services utiles, précieux, rares ou nécessaires produits par d’autres. Précisons que c’est le capitalisme lui-même qui crée, invente le « travail », dans la mesure où il permet de regrouper sous un même vocable un ensemble varié d’activités humaines qui, dans d'autres sociétés, n’étaient pas vues comme ontologiquement semblables. Gorz explique que « la notion de travail est une invention de la modernité, plus exactement une invention du capitalisme industriel. Aussi longtemps que la production marchande était marginale et que l’essentiel des besoins était couvert par l’autoproduction domestique et l’économique villageoise, la notion de travail tout court, de travail sans phrases comme disait Marx, ne pouvait avoir cours. On ‘‘fabriquait ’’, ‘‘ confectionnait ’’, ‘‘ préparait ’’, ‘‘ oeuvrait ’’, ‘‘ peinait ’’, ‘‘ besognait ’’, ‘‘ vaquait à des occupations ’’ diverse, spécifiques, incommensurable dans le cadre de la de la communauté domestique » 2. En opposition à cette variation du sens des activités humaines, sociales et productives concrètes, le travail sous le capitalisme s’identifie à une double fonction, celle de produire des biens, et celle d’échanger ces biens ou services, matériels ou immatériels, obligatoirement et universellement pour vivre. Ces deux fonctions du travail ne sont pas du tout identiques, même si elles sont toujours accomplies par un seul et unique travail, concret et abstrait à la fois, possédant cette double fonction qu’il partage ainsi avec la marchandise. C’est la même dépense d’énergie physique qui est à la fois activité de labeur dans le temps (travail concret) et médiation sociale (travail abstrait) ou fabrication collective de valeur. Ainsi, dans le capitalisme, le travail en tant qu’activité rémunérée ne peut donc plus être directement identifié à l’activité humaine productive de bien, mais essentiellement à l’activité productive de la valeur.
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1MARX, Karl Le Capital livre 1 éd Flammarion 1969 p 41-42
2GORZ, André Capitalisme socialisme écologie ed Galilée p. 111

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