samedi 26 février 2011

Les révolutions arabes se radicalisent

 Trois morts dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre à Tunis


Trois personnes sont mortes dans de violents affrontements samedi 26 février entre manifestants anti-gouvernement et forces de l'ordre en plein centre de Tunis, a annoncé le ministère de l'intérieur. Selon le communiqué, "3 personnes ont trouvé la mort parmi les douze qui ont été blessées lors de ces heurts et qui ont été transférées dans un hôpital pour y être soignées".
Des incidents ont marqué vendredi soir la plus importante manifestation tunisienne depuis la chute de Ben Ali, où plus de 100.000 personnes ont réclamé le départ du gouvernement de transition. Commissariats incendiés, voitures de police brûlées, cafés saccagés, arbres et bancs arrachés: l'avenue Habib Bourguiba à Tunis a ressemblé dans la nuit à un véritable champ de bataille, avec des policiers lancés à la poursuite de "terroristes" accusés de vouloir "semer le chaos".
Rafales de tirs de sommation, gaz lacrymogènes, suivis par des tirs d'automatiques, la panique s'empare de la population dans la capitale qui se terre et n'avait pas vu une telle violence après la chute du régime policier du président Ben Ali à la mi-janvier.
Soldats, forces anti-émeutes, policiers en civil cagoulés armés de matraques sillonnent ensuite la ville. Des hélicoptères de l'armée survolent à basse altitude la capitale durant des heures. Mais rien n'arrête une poignée d'irréductibles déterminés à vouloir pénétrer dans le ministère de l'Intérieur, entouré de barbelés et de chars de l'armée : des véhicules de police dans le parking du ministère de l'Intérieur brûlent.
L'avenue Bourguiba s'enfonce dans d'épaisses colonnes de fumée noire après plusieurs foyers d'incendie allumés par des manifestants. L'air, chargé de gaz lacrymogène et de fumée des incendies, brûle les yeux et est irrespirable. Des policiers armés et cagoulés s'approchent de journalistes de l'AFP. Leur attitude est presque menaçante pensant qu'il s'agit de manifestants qui ont semé les troubles.
Plus de 120.000 personnes, mobilisées via Facebook, ont réclamé le départ du gouvernement de transition dirigé par Mohammed Ghannouchi au cours de la plus grande manifestation à Tunis depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. Au lendemain de cette manifestation géante et des heurts qui ont suivi, deux journaux tunisiens ont averti que le pays risquait de s'enliser dans le chaos, si le gouvernement transitoire restait "insensible" au message du peuple.

La police militaire en cagoule disperse les occupants de Tahrir au Caire  26 février

L'armée égyptienne a présenté ses excuses ce matin après des affrontements dans la nuit entre des militaires et des manifestants sur la place Tahrir au Caire, mais des militants ont appelé à de nouveaux rassemblements samedi pour dénoncer ces violences.

Peu après minuit vendredi soir, la police militaire a encerclé quelques centaines de manifestants et les ont battus à coups de matraques et d'armes à électrochocs de type Taser pour les disperser, selon un responsable de sécurité et des témoins.
Dans la journée, plusieurs milliers d'Égyptiens s'étaient rassemblés sur la place symbole de la lutte contre l'ancien président Hosni Moubarak pour célébrer la "révolution" et réclamer un nouveau gouvernement composé de technocrates. "Ce qui s'est passé vendredi soir était le résultat de confrontations non intentionnelles entre la police militaire et les jeunes de la révolution", a déclaré le Conseil suprême des forces armées, en charge du pays depuis la chute de M. Moubarak le 11 février. Le Conseil "n'a pas et ne va pas donner l'ordre d'attaquer la jeunesse, et des mesures vont être prises pour garantir que cela ne se reproduise plus", a-t-il ajouté.
Mais des militants ont lancé un appel à de nouvelles manifestations samedi pour dénoncer l'usage de la force la veille. "Des manifestants pacifiques sur la place Tahrir ont été dispersés par la police militaire avec des Taser, des matraques et des fouets. Des hommes masqués armés de fusils automatiques ont essayé de faire taire la protestation par la force. Beaucoup ont été battus, agressés et arrêtés", ont-ils dénoncé dans un communiqué publié sur Facebook. "Nous ne pouvons pas accepter cela. Nous devons réagir face à la violence envers des manifestants pacifiques", ont-ils ajouté.

Algérie: Des manifestants ont été neutralisés samedi par un important dispositif policier déployé dans la capitale algérienne.  Alger: Des centaines d'opposants, emmenés par le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) Saïd Sadi, n'ont même pas pu se réunir Place des Martyrs, leur lieu de rendez-vous. Ils se sont retrouvés encerclés par les forces de l'ordre avant même le début de la marche. Les policiers ont réussi à repousser vers le front de mer les partisans du RCD. Saïd Sadi a dénoncé «les brutalités de la police», affirmant avoir lui-même été «violemment bousculé» par des éléments du cordon policier. 

A Sanaa, les chefs tribaux se rallient à l'opposition

Yémen: D'importants chefs tribaux ont annoncé samedi lors d'un vaste rassemblement près de Sanaa leur ralliement à la contestation du président Ali Abdallah Saleh. Ce ralliement, après celui de l'opposition parlementaire et des rebelles zaïdites (chiites) dans le Nord, élargit encore le cercle des contestataires du régime de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Les chefs de deux des plus importantes tribus du pays où la structure clanique est très importante, les Hached et les Baqil, se sont dissociés du pouvoir. L'un des chefs des Hached, cheikh Hussein ben Abdallah Al-Ahmar, a annoncé sa «démission du Congrès populaire général (de Saleh, ndlr) pour protester contre la répression des manifestants pacifiques à Sanaa, Taëz et Aden».
Bahreïn: Le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a procédé samedi à un remaniement ministériel et changé les attributions de cinq de ses ministres tout en les gardant au gouvernement, a annoncé l'agence officiel BNA.
L'opposition a déploré l'absence de dialogue avec le gouvernement en dépit des promesses du pouvoir. Le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a désigné son fils, le prince Salman Ben Hamad Al-Khalifa, pour conduire le dialogue avec toutes les composantes de l'opposition, qui conteste la monarchie sunnite dans cet archipel à la position stratégique et allié clef des Etats-Unis dans le Golfe.
En Irak, le guide spirituel de la communauté chiite, le Grand Ayatollah Ali Sistani, a exigé la suppression des avantages que se sont octroyés les hommes politiques irakiens, au lendemain des manifestations de colère qui ont fait seize morts.
Jordanie: L'opposition a décidé de monter d'un cran son mouvement de contestation, accusant samedi le gouvernement de «manque de sérieux» dans les réformes, au lendemain de la plus grande manifestation dans la capitale depuis le début de la protestation en janvier. En Iran, les sites de l'opposition réformatrice iranienne ont appelé à de nouvelles manifestations le 1er mars pour protester contre le placement «illégal» en résidence surveillée de ses deux principaux dirigeants, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi.
Un appel à l'éviction de l'émir de Qatar Hamad ben Khalifa al-Thani, lancé sur une page Facebook, a rassemblé samedi plus de 20.000 sympathisants, une nouvelle initiative pour un changement de régime dans le monde arabe. La page appelle les Qataris à descendre dans la rue le 16 mars pour une journée consacrée à la «Révolution pour la Liberté». Dans le même temps, une page Facebook appelant à une manifestation en Arabie saoudite avait réuni plus de 9.000 «fans».

Kadhafi contrôle toujours Tripoli.

Témoignage On l'appellera L. Elle ne veut pas qu'on la reconnaisse. Elle est enseignante. Elle raconte l'ambiance au cœur de la capitale libyenne peu avant le discours de Kadhafi sur la place Verte.

L'Italie de Silvio Berlusconi a vendu à la Libye du matériel militaire - explosifs, missiles et hélicoptères - d'une valeur de dizaines de millions d'euros ces deux dernières années, rapporte ce samedi le Corriere della Sera.
Le quotidien italien cite un rapport officiel du ministère de l'Intérieur qui énumère à la fois les contrats et les négociations en cours entre la Libye et plusieurs grandes compagnies d'armement italiennes comme le géant Finmecanica.

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