OGM : fin de partie
Il s’agit ici de rendre compte de ce que nous avons trouvé sur notre chemin en cherchant à combattre les OGM et, au-delà, le monde qui les a produits : une fois de plus, nous avons été confrontés à la misère de l’époque, camouflée en mouvement social et citoyen regroupant, entre autres, les traditionnels conseillers du prince, médiateurs improvisés et autres médiatiques. On a ainsi vu défiler en France, autour de la question de l’agriculture transgénique, d’abord un petit syndicat agricole minoritaire désireux de participer à la cogestion du désastre agricole européen ; puis des associations de consommateurs indignées, des multinationales de l’écologie et, plus tardivement, une poignée d’hommes d’État. Ce petit monde armé essentiellement de caméras a prétendu s’opposer aux OGM en négociant des conditions acceptables à leur mise en place. Il a, en fait, travaillé à désarmer les raisons d’une colère et les moyens d’une contestation.
Paris, 2004.
Des OGM pour Tous
La loi votée par le Parlement européen en juillet 2003 et entrée en application le 7 novembre de la même année est le produit de cette agitation citoyenniste. Elle impose l’étiquetage obligatoire, et présente au consommateur l’illusion d’un choix entre deux filières - avec ou sans OGM. « Illusion », car jusqu’ici, personne, ni ministre, ni scientifique, ni firme, n’a réussi à énoncer les conditions dans lesquelles les OGM végétaux ne contamineraient pas les plantes d’une même famille sur un même territoire.
Cette loi, donc, condition sine qua non de la levée du moratoire sur les OGM en Europe et de ce fait préalable nécessaire à la dissémination des OGM partout dans l’Union européenne, a été rédigée par le groupe européen des Verts et applaudie par la plupart des écologistes. « C’est un bon résultat », a résumé le Vert belge, Paul Lannoye, « cette législation est la plus ambitieuse du monde ». De son côté, Danielle Auroi, autre lumière Verte, a déclaré que, « pour conserver des filières sans OGM », il fallait que « la responsabilité des industriels OGM [soit] clairement établie, le pollueur devant être le payeur ». Laissons tout contaminer, à condition que les fautifs soient tenus pour responsables financièrement. C’est la légitimation bien moderne du droit de polluer.
On voit à quel point les écologistes sont donc bel et bien, eux aussi, des agents de la dissémination des OGM. Il n’y a rien là que de très logique. Les catastrophes industrielles sont nécessaires à leur existence et au maintien de la petite place que leur concède l’État dans la gestion des avancées techno-marchandes. Tout le monde trouve ainsi son intérêt dans l’histoire : la présence des OGM garantit la persistance des « peurs écologiques » des électeurs et, par là, quelques élus pour les Verts, tandis qu’un nombre considérable de fonctionnaires européens et de leurs acolytes ONGistes peuvent gérer la traçabilité des marchandises - et assurer la dilution des responsabilités après chaque avancée du désastre.
Aussi, pour que les associations de consommateurs aient quelque raison d’exister, il faut que « le mangeur juge » comme l’avait titré pour l’occasion Libération. Selon Hiltrud Breyer - encore une députée européenne Verte pleine de bon sens -, la nouvelle loi serait justement une « victoire stratégique du lobby des citoyens-mangeurs » puisque « le moratoire politique sera remplacé par une sorte de moratoire économique, dans la pratique, ce sont les consommateurs globalement opposés aux OGM qui vont pouvoir choisir en fonction des étiquettes».
Mais derrière ces niaiseries écologistes perce une coïncidence troublante. C’est au moment précis où l’indignation citoyenne contre les OGM se trouve validée par son inscription dans la loi que la partie est perdue. Le président de Monsanto ne s’en cache pas : « ...L’Union européenne a désormais défini un processus réglementaire d’homologation des OGM et émis des recommandations sur leur étiquetage et leur traçabilité... c’est plus d’avancée que je n’en ai vu ces cinq dernières années. »
Voilà donc une loi concoctée par les Verts, louée par le président de Monsanto, qui propose aux citoyens-mangeurs le choix d’une double filière : ils voteront avec leur portefeuille pour ou contre les OGM. Sauf que les OGM seront partout, y compris là où on leur dit qu’il n’y en a pas. Qu’on juge de l’exemple brésilien.
Jusqu’ici principal producteur de soja non-OGM, le Brésil avait toujours interdit la culture et l’importation du soja transgénique. Mis devant le fait accompli, le gouvernement a été forcé d’en légaliser la culture : 10 à 30 % de sa production interne était déjà transgénique suite à la plantation clandestine de graines transgéniques importées de pays limitrophes. Sans parler de la contamination « naturelle » que cette situation implique forcément. La décision « forcée » d’autoriser le soja OGM a été imposée par une social-démocratie présidée par Lula, altermondialiste, ancien trotskiste et ami de Bové. Elle avait été précédée d’une commande du ministre de l’Environnement à la compagnie Monsanto d’« une étude sur l’impact des OGM dans le contexte agronomique brésilien... » ! Cet exemple montre bien le petit jeu imbriqué que jouent les marchands de chimères transgéniques et les altermondialistes. Il prouve aussi que la double filière et l’étiquetage (imposé également au Brésil, d’après le modèle européen) sont des pièges à cons - puisque aucune filière sans OGM ne peut exister sans falsification. Ils sont bien plutôt la manoeuvre légale pour imposer la généralisation des OGM.
Les efforts altermondialistes pour prétendre « encadrer le développement » des OGM normalisent de fait leur prolifération. Les OGM sont partout, cultivés par 6 millions d’agriculteurs sur plus de 68 millions d’hectares dans le monde ! Y compris en Europe, terre de résistance, se gargarise-t-on, où chaque année et pendant le fameux moratoire, sous le contrôle bienveillant de l’Union européenne, des millions de tonnes de soja transgénique ont été importées des États-Unis et d’Argentine pour nourrir le bétail ; et où, notamment en Espagne, sont cultivés tranquillement 32 000 hectares de maïs génétiquement modifié.
Pour compléter ce joyeux tableau de la dissémination des OGM dans le monde, il faut savoir que les États-Unis refusent désormais l’aide alimentaire à tout pays qui n’accepterait pas le principe que cette aide soit composée d’aliments transgéniques.
On voit bien que la transgénèse sera imposée au monde au même titre que le « terrorisme » et sa mise en scène , « la libre entreprise » ou encore « la tolérance religieuse et les élections » - kit « export » de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui la démocratie.
Il faut être Hervé Kempf, spécialiste de ces questions au journal Le Monde, pour imaginer que, dans ces conditions, la lutte contre les OGM est gagnée ! Elle ne pourra être gagnée, ni en Europe ni ailleurs.
Cette loi, donc, condition sine qua non de la levée du moratoire sur les OGM en Europe et de ce fait préalable nécessaire à la dissémination des OGM partout dans l’Union européenne, a été rédigée par le groupe européen des Verts et applaudie par la plupart des écologistes. « C’est un bon résultat », a résumé le Vert belge, Paul Lannoye, « cette législation est la plus ambitieuse du monde ». De son côté, Danielle Auroi, autre lumière Verte, a déclaré que, « pour conserver des filières sans OGM », il fallait que « la responsabilité des industriels OGM [soit] clairement établie, le pollueur devant être le payeur ». Laissons tout contaminer, à condition que les fautifs soient tenus pour responsables financièrement. C’est la légitimation bien moderne du droit de polluer.
On voit à quel point les écologistes sont donc bel et bien, eux aussi, des agents de la dissémination des OGM. Il n’y a rien là que de très logique. Les catastrophes industrielles sont nécessaires à leur existence et au maintien de la petite place que leur concède l’État dans la gestion des avancées techno-marchandes. Tout le monde trouve ainsi son intérêt dans l’histoire : la présence des OGM garantit la persistance des « peurs écologiques » des électeurs et, par là, quelques élus pour les Verts, tandis qu’un nombre considérable de fonctionnaires européens et de leurs acolytes ONGistes peuvent gérer la traçabilité des marchandises - et assurer la dilution des responsabilités après chaque avancée du désastre.
Aussi, pour que les associations de consommateurs aient quelque raison d’exister, il faut que « le mangeur juge » comme l’avait titré pour l’occasion Libération. Selon Hiltrud Breyer - encore une députée européenne Verte pleine de bon sens -, la nouvelle loi serait justement une « victoire stratégique du lobby des citoyens-mangeurs » puisque « le moratoire politique sera remplacé par une sorte de moratoire économique, dans la pratique, ce sont les consommateurs globalement opposés aux OGM qui vont pouvoir choisir en fonction des étiquettes».
Mais derrière ces niaiseries écologistes perce une coïncidence troublante. C’est au moment précis où l’indignation citoyenne contre les OGM se trouve validée par son inscription dans la loi que la partie est perdue. Le président de Monsanto ne s’en cache pas : « ...L’Union européenne a désormais défini un processus réglementaire d’homologation des OGM et émis des recommandations sur leur étiquetage et leur traçabilité... c’est plus d’avancée que je n’en ai vu ces cinq dernières années. »
Voilà donc une loi concoctée par les Verts, louée par le président de Monsanto, qui propose aux citoyens-mangeurs le choix d’une double filière : ils voteront avec leur portefeuille pour ou contre les OGM. Sauf que les OGM seront partout, y compris là où on leur dit qu’il n’y en a pas. Qu’on juge de l’exemple brésilien.
Jusqu’ici principal producteur de soja non-OGM, le Brésil avait toujours interdit la culture et l’importation du soja transgénique. Mis devant le fait accompli, le gouvernement a été forcé d’en légaliser la culture : 10 à 30 % de sa production interne était déjà transgénique suite à la plantation clandestine de graines transgéniques importées de pays limitrophes. Sans parler de la contamination « naturelle » que cette situation implique forcément. La décision « forcée » d’autoriser le soja OGM a été imposée par une social-démocratie présidée par Lula, altermondialiste, ancien trotskiste et ami de Bové. Elle avait été précédée d’une commande du ministre de l’Environnement à la compagnie Monsanto d’« une étude sur l’impact des OGM dans le contexte agronomique brésilien... » ! Cet exemple montre bien le petit jeu imbriqué que jouent les marchands de chimères transgéniques et les altermondialistes. Il prouve aussi que la double filière et l’étiquetage (imposé également au Brésil, d’après le modèle européen) sont des pièges à cons - puisque aucune filière sans OGM ne peut exister sans falsification. Ils sont bien plutôt la manoeuvre légale pour imposer la généralisation des OGM.
Les efforts altermondialistes pour prétendre « encadrer le développement » des OGM normalisent de fait leur prolifération. Les OGM sont partout, cultivés par 6 millions d’agriculteurs sur plus de 68 millions d’hectares dans le monde ! Y compris en Europe, terre de résistance, se gargarise-t-on, où chaque année et pendant le fameux moratoire, sous le contrôle bienveillant de l’Union européenne, des millions de tonnes de soja transgénique ont été importées des États-Unis et d’Argentine pour nourrir le bétail ; et où, notamment en Espagne, sont cultivés tranquillement 32 000 hectares de maïs génétiquement modifié.
Pour compléter ce joyeux tableau de la dissémination des OGM dans le monde, il faut savoir que les États-Unis refusent désormais l’aide alimentaire à tout pays qui n’accepterait pas le principe que cette aide soit composée d’aliments transgéniques.
On voit bien que la transgénèse sera imposée au monde au même titre que le « terrorisme » et sa mise en scène , « la libre entreprise » ou encore « la tolérance religieuse et les élections » - kit « export » de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui la démocratie.
Il faut être Hervé Kempf, spécialiste de ces questions au journal Le Monde, pour imaginer que, dans ces conditions, la lutte contre les OGM est gagnée ! Elle ne pourra être gagnée, ni en Europe ni ailleurs.
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