mercredi 19 janvier 2011

LA «GUERILLA JARDINIÈRE»:

 UNE LUTTE ET UNE PRATIQUE CONCRÈTE !
A l'initiative de divers projets de potagers, collectifs militants et lieux autogérés, une initiative a été lancée pour des journées coordonnées de guérilla jardinière à travers les villes et espaces péri-urbains. Il s'agit de se balader en «repiquant» des légumes et en semant des graines sur tous les «p'tits bouts de vert» qui jalonnent la ville : plates-bandes délaissées, terrains en friche, jardins publics et autres bouts de bitume à ébrécher...
La mise en place de ces multiples petits potagers sauvages est une manière de résister à l'empire des biotechnologies :
— La guérilla jardinière et les potagers urbains permettent de sortir du rôle de simples consommateurs-trices, d'échanger des savoir-faire, de découvrir le plaisir de faire «pousser» et de produire des légumes gratuitement.
— Les semences plantées seront de préférence non-brevetées et non-hybrides. Leur échange et leur prolifération permettra ainsi de sauvegarder des espèces illégales aux yeux de l'industrie (vous pouvez refaire chaque année des graines en laissant certaines des plantes «monter en graine»).
— Ces pratiques sont aussi un acte de solidarité avec tous-tes les paysan-nes en lutte, une façon de les sortir de leur isolement en montrant que d'autres se préoccupent de ces problèmes et de recréer des liens urbain-es/ruraux-ales.
— À l'heure où le moratoire européen sur les OGM risque d'être levé et les cultures transgéniques se démultiplier, la guérilla jardinière est une action complémentaire de toutes sortes d'initiatives de sabotages sur les laboratoires et champs d'OGM.
— La «guérilla jardinière», outre un travail de sensibilisation, devrait viser à inscrire des occupations de terrains dans la durée. Il est possible de s'entendre avec des gens du quartier pour occuper un petit bout de friche et en faire un potager plus permanent près de chez vous (des potagers collectifs squattés se multiplient actuellement autour de divers collectifs ou lieux de vie autogérés). Il existe aussi bien sur encore quelque potagers associatifs et jardins ouvriers en milieu urbain, louables pour une bouchée de pain.
— C'est enfin une excellente façon de se réapproprier un espace urbain réservé à la vente, à l'exploitation salariée et à la circulation automobile ; un espace dont la concentration et l'organisation sociale sont des facteurs majeurs de dépendance. Pour s'autonomiser vis à vis du capitalisme, transformons et réapproprions nous la ville, produisons nous même, dés-urbanisons !
Ces expériences d'agriculture urbaine peuvent paraître anecdotiques quant à l'enjeu de nourrir une population entière. Il est en effet nécessaire d'envisager une révolution des espaces urbains, ruraux et de nos modes de vie.  Cependant de petites parcelles, pots, toits ou terrains abandonnés et bien exploités peuvent d'ores et déjà apporter, outre un peu de nourriture, des contacts et savoirs-faire.
Un grand nombre de plantes nécessitent peu de travail pour pousser et se reproduire : épinards sauvages, menthe, topinambours, mâche, courges, choux et bien d'autres...
Vous pouvez y amener quelques sacs de compost, faire de temps à autre un petit tour à vélo de vos endroits préférés, où les placer au fil de vos parcours quotidiens pour en prendre soin.
Ouvrez l'œil, des tas de compost vont s'élever et des légumes pousser dans les rues. Ils n'attendent que d'être entretenus, de se reproduire librement ou d'être ramassés !
Pour entrer en contact avec un potager collectif ou squatté près de chez vous, pour nous tenir au courant d'initiatives de guérilla jardinière ou envoyer des compte-rendus de vos actions, écrivez à semetazone@riseup.net
LA BETTERAVE ROUGE ET LE RADIS NOIR VAINCRONT LE CAPITAL !
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12 IDÉES POUR ORGANISER
UNE ACTION COLLECTIVE DE GUÉRILLA JARDINIÈRE

PAR CHEZ VOUS...

Voici une petite fiche pratique réalisée à partir de quelques expériences de guerilla jardinière de l'an dernier. Il ne s'agit pas d'un modèle à suivre mais de quelques conseils sur une certaine manière d'envisager la guérilla jardinière (à travers des manifest-actions publiques). Il y en a bien d'autres.


(1)

Choisir une période propice de l'année, de mars à juin suivant les régions pour bon nombre de légumes. 

(2)

Se renseigner sur les coins en friche du quartier. Aller voir à la communauté urbaine, au cadastre, à la mairie, enquêter auprès du voisinage... pour savoir à qui ils appartiennent, si il y a des projets en cours.  


(3)

Faire un repérage des coins jardinables, et des coins a priori non jardinables mais transformables par la verdure. Prévoir un parcours avec des arrêts réguliers et éventuellement, en fin, un espace où rester un peu plus longtemps, pique-niquer et dans lequel pourrait éventuellement se mettre en place un projet suivi.

(4)

Vous pouvez privilégier les espaces, bouts de parcs un peu cachés, mal entretenus, friche de quartiers ou parcs de banlieue, où vos légumes auront plus de chances de persister et grandir. Les plantations dans les plates bandes aseptisées et millimétrées du centre ville seront moins durables mais plus visibles. Pensez aussi aux interstices dans le béton, aux petits recoins, aux pavés manquants, aux endroits incongrus (une crête verte de blé sur une cabine téléphonique ou une statue, une plante totalement envahissante dans une brèche...), bref, transformez la ville ! Attention, les trottoirs en pavé ou en sable sont généralement passés au désherbant chaque année.


(5)

Vous pouvez repiquer des plants et des graines. Les graines c'est plus discret, les plants c'est plus visible et joli. Pour les plants, il faut y songer entre un et deux mois à l'avance si vous voulez qu'ils soient prêts et repiquables. Des tables de plants, c'est faciles à faire chez soi en grande quantité, en plein air, sous bâche transparente, sous vitre ou en intérieur, dans des bacs en polystyrène, petits pots...  

(6)

Pour obtenir des semences ou des plants, vous pouvez demander à des maraîchers bios du coin, ils ont souvent des plants en trop ou des semences qu'ils ne peuvent plus réutiliser dans un cadre commercial et qu'ils seront éventuellement ravis de donner pour un projet militant et pour aider des gens à se mettre au potager. C'est aussi possible de produire des semences soi même, d'en prendre à des personnes qui jardinent (car la pratique de faire ses propres graines est loin d'avoir disparu), de contacter des associations comme kokopelli qui distribuent et entretiennent des semences non-industrielles de toutes sortes et proposent un guide d'entretien et de reproduction des semences. 


(7)

Prévoir beaucoup d'eau (bidons de récup nettoyés, arrosoirs, pour pouvoir arroser abondamment après semis ou repiquage) et repérer d'éventuelles fontaines et points d'eau sur le parcours... surtout si cela se déroule en mai/juin. Prévoir un éventuel réarrosage le lendemain. Emmener aussi des sacs de terre, compost, fumier pour en rajouter dans les endroits pauvres ou presque dépourvus de terre ou totalement dépourvus de terre mais biens quand même.


(8)

Contacter les personnes et assos du quartier à l'avance, dans les hall d'immeuble, les boîtes aux lettres... C'est le genre d'initiatives que beaucoup trouvent plaisantes et un type de manifestation dans laquelle tout le monde peut faire de l'action directe et transformer l'espace sans prendre trop de risques.


(9)

Amener avec vous et demander par tract aux manifestant-e-s d'amener des brouettes et caddies pour transporter les plants, des cuillères et autres petits outils pour les repiquer.

(10)

Prévoir éventuellement des petits panneaux à mettre à coté des plants pour y indiquer le nom des variétés repiquées et les visibiliser dans les jours suivants. Par le passé, à coté du nom des plants nous avions collé une photocopie avec le texte ci-joint  


«Je suis une semence sauvage»

Contre les biotechnologies et les géants de l'alimentation capitaliste, les mini-potagers urbains, sauvages ou non, permettent de sortir du rôle de simple consommateurs-trices, d'échanger des savoirs-faire et de retrouver petit à petit des possibilités d'autonomie alimentaire. C'est un acte de solidarité avec les paysan-ne-s en lutte et une façon de faire proliférer des plantes jugées comme illégales par l'industrie. Sème ta zone et fais pousser !
Vous pouvez en demander une version mise en page à semetazone@riseup.net
  


(11)

Si la guérilla jardinière peut aboutir à une discussion sur «que faire ensemble après ?», c'est encore mieux...

(12)

Pour plus d'infos sur le potager, comment démarrer, faire pousser ses légumes et autre... :
— Le Guide l'Agriculture biologique est un bouquin facile et pratique. Il y en a bien d'autres.
— Sur les semences : Association Kokopelli, 131 impasse des palmiers, 30 100 Alès. 

QUE SE CACHE T-IL DERRIÈRE NOTRE ASSIETTE ?

Avertissement ! Ce qui suit n'est qu'une courte perspective critique face à l'industrie agro-alimentaire. Chaque argument mériterait d'être détaillé longuement pour ne pas être assimilé à de la simple propagande. De nombreux ouvrages politiques, scientifiques et historiques le font très bien. Vous trouverez en note un certain nombre de références où trouver plus d'informations.
La production alimentaire capitaliste implique entre autre un usage massif de pétrole, de pesticides et d'emballages plastiques, le transport des aliments sur des milliers de kilomètres, la réduction de la biodiversité, la destruction des sols et des cours d'eau, la mise en esclavage de millions de sans-papier-e-s et pauvres en Europe et dans le monde.
Accepter le contrôle des ressources alimentaires par quelques grands groupes industriels est un suicide social, écologique et sanitaire à court terme.
Les millions qu'ils dépensent en propagande pour laver le cerveau des consommateurs-trices (ils se sont encore récemment auto-proclamés «industriels de la protection des plantes») ne nous feront pas oublier que les Dupont, Syngenta, Monsanto, Novartis, Bayer et autre Dole sont en fait parmi les plus grands criminels et pollueurs de la planète, détenant industrie pharmaceutique, production de semences, de produits chimiques, d'armements...
Hors des pays «riches» le développement de l'agriculture industrielle et productiviste ruine les modes d'agricultures vivrières et fait disparaître les paysan-nes (la moitié de la population mondiale ne vit pas dans les villes), les exilant par millions vers les bidonvilles, où ils/elles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins.
La minorité qui conserve une exploitation agricole devient totalement dépendante de la machinerie et de la chimie des grands groupes et de leurs volontés. Ils produisent en masse des plantes destinées à l'exportation et à la grande distribution, abusant souvent de sans-terres pour les basses tâches. L'extension du mode de production industriel dans les pays du sud est ainsi responsable d'exodes et famines massives. Il détruit les communautés et les pratiques sociales qui échappent encore aux logiques de compétition et de profit. Dans les pays riches les quelques agriculteurs-euses qui subsistent et concentrent les terres deviennent de simples agents techniques sous contrôle.
L'industrie biotechnologique parfait ce système totalitaire en produisant des semences stériles et des OGM qui vont se croiser avec les autres espèces et rendre toute autre forme d'agriculture inenvisageable. Et ce alors qu'il est aujourd'hui totalement impossible d'en calculer les dangers ou de stopper après coup la pollution génétique.
Les brevets sur le vivant vont permettre en parallèle aux firmes transnationales de disposer de droits exclusifs sur les plantes, animaux et gènes. A l'heure actuelle, les paysan-nes ne peuvent déjà plus utiliser une partie de leur propre récolte comme semence: ils/elles doivent racheter chaque année à des industriels des graines hybrides, conçues pour ne plus produire de semences valables. (ce qui entraîne aussi la disparition de multiples variétés et une impossibilité de s'autonomiser vis à vis de grands groupes).
Les mythes scientistes du «progrès» et du «développement» visent à empêcher tout raisonnement lucide sur les dangers et l'irréversibilité des biotechnologies et de la production agricole industrielle...
Quant aux consommateurs-trices des villes ou des campagnes, nous vivons le plus souvent coupé-es de tout rapport concret à la production de notre alimentation et sommes à la merci de ces logiques... 
SÈME TA ZONE ! AVRIL-MAI 2004 

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