jeudi 4 mars 2010

Thèses pour le temps présent

P M Fin mai 2008, les Éditions Échappée (Montreuil -93  www.lechappee.org) publient "Terreur et Possession", l’enquête de Pièces et Main d’œuvre sur la police des populations à l’ère technologique (334 pages, 14 euros).En 1921, Victor Serge écrit qu’« Il n’est pas de force au monde qui puisse endiguer le flot révolutionnaire quand il monte, et que toutes les polices, quels que soient leur machiavélisme, leurs sciences et leurs crimes, sont à peu près impuissantes… » – Voire. Mais quand l’Histoire, pour l’essentiel, est devenue l’histoire des sciences et techniques, la moindre des choses est d’examiner en quoi celles-ci affectent les anciennes vérités. C’est ce que ce livre s’applique à faire en cinq généalogies qui remontent et démontent l’enchaînement de nos désastres : inventions de la Théorie du complot, du sécuritaire, du contrôle, de la possession technologique, via dispositifs et implants corporels, afin de nous priver de notre libre arbitre au sens le plus physique et matériel, et d’aboutir à « La Société de contrainte » ou techno-totalitarisme.

                   Terreur et Possession
Enquête sur la police des populations 

à l'ère technologique
                                           Préface

Thèses pour le temps présent
Une théorie est une vue d’ensemble ordonnée. L’une des premières théories connues est celle des vaisseaux grecs allant en procession, du plus grand au plus petit, porter des offrandes au Dieu, à Délos. Les vaisseaux sont des faits. Ordonnez l’ensemble des faits selon votre vision rationnelle et vous produisez une théorie.
Une théorie sert à comprendre la façon dont s’ordonnent les faits, soit pour le repos de son esprit, soit pour l’action sur le réel. Pour Kandinsky, par exemple, la théorie est la lampe qui éclaire le chemin déjà parcouru, et non pas celui à venir. Elle est explicative et non prédictive. Cela vient de ce que le chemin déjà parcouru se transforme aussitôt en sentier battu. Et les sentiers battus ne mènent qu’aux lieux communs.
Or, au fur et à mesure de notre avancée, le paysage prolifère de faits nouveaux qui exigent un perpétuel ajustement de la vision. Très peu de causes persistent à produire les mêmes effets. Il s’ensuit que les théoriciens désireux d’interpréter le Monde, voire de formuler une théorie qui permette sa transformation, sont engagés dans une harassante course de vitesse avec
l’accélération historique, et en premier lieu technologique. Une vérité perdue pour les doctrinaires malgré la négation de Marx : « Tout ce que je sais, c’est que moi je ne suis pas marxiste » ; et celle de Debord quant à l’existence prétendue d’un « situationnisme ».
If you can’t beat them, join them. Sous couleur de dépasser la querelle des deux cultures, humaniste et littéraire versus scientifique et technique, l’universitaire des « sciences humaines » et de la philosophie, s’est rendu à la tyrannie technologique, comme il raisonnait , voici peu, au service du Parti et du matérialisme scholastique. Indécrottable servilité cléricale. Il est vrai que, pour ce qui est de transformer le monde, la technique est l’horizon indépassable de notre temps.
Le mot de « technique » nous vient d’un racine indo-européenne, T-K, qui a donné en sanscrit les mots « taksati », construire, et « taksan », charpentier, ainsi qu’en grec, « tektôn ». D’où l’architecte qui construit nos toits. La technique est l’art de transformer la matière première, en l’occurrence le bois : « Matrix », « matrice », « femelle pleine ou qui nourrit », « arbre qui produit des rejetons », « partie dure de l’arbre », « bois de charpente », « toute espèce de matériaux », « matière ». Materiarus, « relatif à la charpente ». Bas latin, « materiamen », « bois de charpente », materialis et immaterialis. ( Dictionnaire étymologique du français. Ed Robert)
La technique est le pouvoir de transformer ce monde maternel/matériel. Ce pouvoir a une histoire. Au fil des âges, il s’est diversifié, approfondi, étendu, complexifié. Combiné à la science (savoir c’est pouvoir), tantôt à son service et la précédant, tantôt l’asservissant et s’en fortifiant, il s’est lui même transformé en technologie. Fusion de la science et des techniques, techno-sciences et recherches appliquées (cf. « Elements of technology », 1829. Jacob Bigelow) Puis, « hautes technologies », « avancées », « convergentes », etc.
 

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