« L’ordre règne à Budapest »
« L’ordre règne à Varsovie », « l’ordre règne à Paris », « l’ordre règne à Berlin » Tous les demi-siècles, les gardiens de « l’ordre » lancent ainsi dans un des foyers de la lutte mondiale leurs bulletins de victoire. Et ces « vainqueurs » qui exultent ne s’aperçoivent pas qu’un « ordre », qui a besoin d’être maintenu périodiquement par de sanglantes hécatombes, va inéluctablement à sa perte... Les masses ont été à la hauteur de leur constituent la fierté et la force du socialisme international. Et voilà pourquoi la victoire tâche. Elles ont fait de cette « défaite » un maillon dans la série des défaites historiques, qui fleurira sur le sol de cette défaite. [Rosa LUXEMBURG, Die Rote Fahne n° 14, 14 janvier 1919]
Il y a cinquante ans éclatait l’une des plus grandes insurrections ouvrières du XXe siècle. Elle frappa les esprits par son intensité et fut la cause d’un considérable ébranlement des partis communistes staliniens d’Europe occidentale. Pour la première fois depuis l’insurrection des ouvriers de Berlin-Est et celle des ouvriers de Poznań, une insurrection ouvrière dirigée contre le Parti-État et sa « couverture » soviétique se généralisait à tout un pays. La Hongrie avait connu en 1919 pendant 133 jours la révolution des conseils ouvriers sous la conduite très contestable et quasiment dictatoriale de Bela Kun, qui était un ancien (et fort médiocre) bureaucrate syndical. La République des conseils telle que l’imaginait Bela Kun était dans les mots une République des conseils, qui détenait le pouvoir politique, et dans les faits une République où les syndicats étaient un organisme de reconstruction et de gestion économiques de l’État et non un véritable organe de pouvoir par en bas.
En octobre et novembre 1956, un mot d’ordre apparut, qui semblait reprendre en la critiquant la défunte République des conseils : « le pouvoir effectif aux conseils ouvriers ». Dans l’urgence, la dispersion et souvent la confusion, ce mot d’ordre reçut un début d’application. Néanmoins, très rapidement, le mouvement fut écrasé par les chars soviétiques. Cet écrasement, finalement approuvé en leur fors intérieur par les puissances occidentales, la Yougoslavie de Tito et ouvertement par la Chine, fut occulté par la crise de Suez qui plaça au second plan l’insurrection spontanée des travailleurs hongrois, pour e plus grand soulagement de la France et de la Grande-Bretagne qui avaient envoyé leurs troupes sur le Canal pour soutenir Israël et surtout contrôler la mer rouge. Les prodromes et les luttes de fraction pour « nationaliser » le système stalinien de la Pologne à la Hongrie
Les « révélations » à huis clos de Khrouchtchev, lors du XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique tenu en février 1956, sur ce qui fut pudiquement appelé les « crimes de Staline », n’avaient pu rester « secrètes » et avaient déjà ébranlé tous les partis staliniens, en particulier ceux qui étaient au pouvoir à l’Est et ceux qui, à l’Ouest, comme le parti communiste français (PCF), risquaient de voir leur assise ouvrière s’effondrer. Ils craignaient tous que ce fut l’ouverture d’une « boîte de Pandore », laissant échapper non seulement l’espérance mais la rage chez des ouvriers qui ne nourrissaient aucune illusion sur la nature d’un État dont le « social » ne profitait qu’à la mince couche des « dirigeants ».
Janvier 2006, PHILIPPE BOURRINET
Suite Ici
Il y a cinquante ans éclatait l’une des plus grandes insurrections ouvrières du XXe siècle. Elle frappa les esprits par son intensité et fut la cause d’un considérable ébranlement des partis communistes staliniens d’Europe occidentale. Pour la première fois depuis l’insurrection des ouvriers de Berlin-Est et celle des ouvriers de Poznań, une insurrection ouvrière dirigée contre le Parti-État et sa « couverture » soviétique se généralisait à tout un pays. La Hongrie avait connu en 1919 pendant 133 jours la révolution des conseils ouvriers sous la conduite très contestable et quasiment dictatoriale de Bela Kun, qui était un ancien (et fort médiocre) bureaucrate syndical. La République des conseils telle que l’imaginait Bela Kun était dans les mots une République des conseils, qui détenait le pouvoir politique, et dans les faits une République où les syndicats étaient un organisme de reconstruction et de gestion économiques de l’État et non un véritable organe de pouvoir par en bas.
En octobre et novembre 1956, un mot d’ordre apparut, qui semblait reprendre en la critiquant la défunte République des conseils : « le pouvoir effectif aux conseils ouvriers ». Dans l’urgence, la dispersion et souvent la confusion, ce mot d’ordre reçut un début d’application. Néanmoins, très rapidement, le mouvement fut écrasé par les chars soviétiques. Cet écrasement, finalement approuvé en leur fors intérieur par les puissances occidentales, la Yougoslavie de Tito et ouvertement par la Chine, fut occulté par la crise de Suez qui plaça au second plan l’insurrection spontanée des travailleurs hongrois, pour e plus grand soulagement de la France et de la Grande-Bretagne qui avaient envoyé leurs troupes sur le Canal pour soutenir Israël et surtout contrôler la mer rouge. Les prodromes et les luttes de fraction pour « nationaliser » le système stalinien de la Pologne à la Hongrie
Les « révélations » à huis clos de Khrouchtchev, lors du XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique tenu en février 1956, sur ce qui fut pudiquement appelé les « crimes de Staline », n’avaient pu rester « secrètes » et avaient déjà ébranlé tous les partis staliniens, en particulier ceux qui étaient au pouvoir à l’Est et ceux qui, à l’Ouest, comme le parti communiste français (PCF), risquaient de voir leur assise ouvrière s’effondrer. Ils craignaient tous que ce fut l’ouverture d’une « boîte de Pandore », laissant échapper non seulement l’espérance mais la rage chez des ouvriers qui ne nourrissaient aucune illusion sur la nature d’un État dont le « social » ne profitait qu’à la mince couche des « dirigeants ».
Janvier 2006, PHILIPPE BOURRINET
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