jeudi 18 mars 2010

Euskadi Ta Askatasuna

A l'heure ou la peur est distillée et instrumentalisé par un gouvernement tyrannique liberticide et totalitariste. Affaibli, tant par la crise financière de 2007 et ses suites que par une défaite électorale qu'il craint, il se désigne un nouvel adversaire diabolisé, l'ETA.
Il est bon de mieux connaître cette organisation politique basque, voici un texte de 1998 qui proposait  alors une trêve. On sait ce qu'il en est advenu depuis, le gouvernement espagnol a jurer de mettre a genoux l'ETA avec le soutient empressé du gouvernement français.
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COMMUNIQUE DU 17 SEPTEMBRE 1998
Par ce communiqué Euskadi Ta Askatasuna (ETA) veut faire connaître à la société basque son analyse de la situation et du moment historique que vit notre pays ainsi que la décision qui en découle.

Après deux longues décades sur le chemin de l'indépendance du Pays Basque, une nouvelle fois nous avons l'opportunité de faire un pas décisif.

Nous croyons que nous avons une opportunité similaire à celle que nous avons eu lors de ces difficiles années de la « transition » il y à vingt ans. Cette fois, nous devons faire que la phase politique qui se profile soit celle de la souveraineté, concrétisant cette fois l'opportunité alors perdue.

ETA entreprend cette nouvelle phase remplie d'espoir. Remplie d'espoir surtout parce que nous pensons que les erreurs commises alors nous aurons servi de leçon.
Remplie d'espoir aussi car nous pensons que le travail, l'expérience et les forces accumulées depuis lors nous donnent une garantie suffisante pour que cette nouvelle phase soit un succès. Avoir cette nouvelle opportunité et nous y investir pleins d'espoir ne doit cependant pas nous aveugler. Nous ne devons pas fermer les yeux face à la réalité vécue par le Pays Basque.
A tous les niveaux, la situation vécue par notre pays est très grave.

Nous les citoyens basques, sommes soumis à deux puissants états.

Ces deux états, ont utilisé tout leur potentiel armé, politique, économique et culturel pour détruire les ressources que possédait le Pays Basque pour être un pays libre dans l'avenir. L'activité obstinée de l'Espagne et de la France ont laissé de douloureuses blessures. Ce ne sera pas facile d'obtenir notre liberté.

Il nous semble que ces deux états voisins nous considèrent comme des ennemis qu'il leur faut soumettre, et qu'ils ne manifestent aucune volonté de respecter pacifiquement la parole du Pays Basque.
Malgré les agressions et les difficultés, guidés par la volonté de lutter qui donne un sens à la vie, le Pays Basque est parvenu aux portes du XXIème siècle, mais pas comme un pays libre même si nous avons la capacité à l'être. Jusqu'à présent nous avons démontré que nous sommes capables de lutter pour notre pays.

Démontrons à partir de maintenant que nous avons le droit, la volonté et l'intelligence pour organiser notre propre maison comme nous l'avons décidé.
Avant de poursuivre il nous paraît important de poser deux questions et d'y répondre. D'une part, comment est il possible que le Pays Basque à l'aube de l'an 2000 se retrouve avec la possibilité d'être un pays libre ? D'autre part, pourquoi le Pays Basque, à l'aube de l'an 2000 n'est - il pas encore libre ?
On peut répondre rapidement à la première question. Rapidement et avec honneur.

Nous ne pouvons oublier l'effort des basques par le passé, durant ces vingt dernières années grâce à l'engagement généreux de milliers d'hommes et de femmes audacieux grâce à qui nous sommes sur le point d'obtenir notre liberté.
Cette vérité/réalité est très présente dans les coeurs et les esprits des camarades de l'organisation Euskadi ta Askatasuna.

Nous ne serions pas là où nous en sommes, sans le sacrifice des citoyens et des compagnons assassinés par les armes de l'ennemi, sans la souffrance des citoyens et des compagnons qui ont subi la torture et les continuelles humiliations dans les casernes et les commissariats, qui jour après jour et en silence, mais toujours à leurs risques ont travaillé et travaillent en faveur de notre culture, de notre langue, de notre économie, de nos coutumes sociales, fuyant la routine et méprisant les actuelles lois étrangères tant espagnoles que françaises, nous ne serions pas là où nous en sommes non plus, sans la capacité d'endurance des citoyens et des compagnons qui supportent avec dignité les condamnations à des milliers et des milliers d'année d'emprisonnement et qui ont préparé l'avenir du Pays Basque.

Nous voulons ici adresser notre plus fervent hommage à tous ces citoyens, car ils ont constamment brisé les nombreuses chaînes qui nous barraient le chemin vers un avenir de liberté, aujourd'hui nous nous trouvons, à nouveau, à un moment historique rempli d'espoir. Sans l'engagement de tous, il y déjà longtemps que le Pays Basque aurait disparu.
La seconde réponse par contre est plus douloureuse. Il faut ici examiner ce que chacun a fait dans des situations importantes comme celle que nous vivons aujourd'hui. Il faut prendre en compte que si nous avons avancé nous ne l'avons pas fait autant que nous l'aurions dû. La voie proposée il y a vingt ans par la Gauche Patriotique d'avancer vers la démocratie n'a pas été suivie. En conséquence le « monde » patriotique s'est séparé en deux : une partie accepte les lois que de facto nous impose l'Espagne, et pour riposter l'autre partie veut la rupture avec l'Espagne et utilise comme légitimes tous les instruments dont dispose un Peuple pour se défendre. La première voie, celle de l'autonomie constitutionnelle a aggravé la division interne du Pays Basque qui sortait de la dictature de Franco. Si auparavant nous étions soumis à deux états, à partir de ce moment s'ajoute la division faisant suite à l'autonomie. Tout ce que nous avons obtenu, nous l'avons obtenu par la lutte ou nous l'avons obtenu par les ruses de l'ennemi pour affaiblir la lutte.

Cette première voie à rapproché toujours plus le Pays Basque de l'Espagne et de la France, nous condamnant à vivre tournés vers Madrid et Paris, il nous a fallu demander la permission aux étrangers au lieu de décider par nous mêmes et les espagnolistes se font fait arrogants. Cela a renforcé les nouvelles frontières internes du Pays Basque séparant les citoyens basques les uns des autres alors que d'autres tels des mercenaires étaient conduits à accepter et défendre les lois espagnoles les utilisant contre d'autres concitoyens. Ceux qui avons emprunté la seconde voie, malgré nos défauts et erreurs, avons maintenu vivant un projet de Pays Basque uni, libre et basque, confiants dans la capacité de travail et de création des citoyens, nous avons oeuvré pour surpasser la division institutionnelle et statutaire pour parvenir à la paix au Pays Basque, paix basée sur la justice et le droit démocratique. Le pari d'un projet de société propre au Pays Basque a porté ses fruits.

Nous voulons ici mentionner la stérilité et l'aveuglement de cet autonomie fractionniste, cela n'est pas rien de le constater sachant l'effort gigantesque fait par l'Espagne pour que l'autonomie soit le tombeau du Pays Basque. Ceux qui, avec enthousiasme et bonne volonté, ont choisi cette voie de l'autonomie fractionniste se sont pourtant rendu compte qu'au lieu d'aller de l'avant ils sont restés bloqués, que cette voie ne mène pas à la liberté du Pays Basque. Nous qui avons parié totalement pour le Pays Basque, sommes disposés à surmonter ce passé si récent et avancer ensemble remplis d'espoir vers un nouveau projet.

Pour résumer en quelques mots nous pouvons dire qu'au Pays Basque, il existe deux projets distincts, l'un qui croit au processus de construction du Pays Basque et qui croit qu'il est possible de créer une société plus juste, mieux enracinée et qui lutte pour cela, par contre l'autre projet veut continuer l'assimilation, l'aculturation et l'intégration entreprises voilà plusieurs siècles au nom de l'Espagne et de la France, qui voient le Pays Basque comme une quelconque partie du monde, sans aucune identité propre.

Au Pays Basque, il existe un conflit pour la langue et l'enseignement, une façon de concevoir la vie, un désir de construire par le biais de relations dans le travail, un modèle socio-économique différent. Ce conflit est le conflit de toujours, ce qui a changé c'est d'avoir l'opportunité de faire un nouveau pas, opportunité surgi après un nouveau rapport de forces, pour sortir de ce conflit. C'est cela le pari de ce moment historique, comment mettre en marche, tous ensemble, ce projet de Pays Basque. S'il existe une volonté et l'intelligence chez ceux qui représentent la direction politique de ce Peuple, dans la société basque il existe une force et une intelligence suffisante pour y parvenir.

Vers quoi se dirigent les forces ?

Le Pays Basque, nous l'avons déjà dit, se trouve face à son avenir. Nous sommes remplis d'espoir, mais cependant conscients de la grave situation que vit le Pays Basque et grandement préoccupés par le moment historique que nous vivons. La clé principale de notre avenir dépend uniquement de la réponse affirmative ou négative à une question essentielle.

Vers quoi se dirigent cette fois las partis patriotiques ?
Connaissant notre histoire récente, cela nous préoccupe. Il faut rappeler qu'il a vingt ans ces partis se sont soumis à l'Etat espagnol.

Sous prétexte d'une « danse de sabres » à ce moment et selon ce que nous savons, au Palais de la Moncloa et dans celui de la Zarzuela on a décidé de diviser encore un peu plus le Pays Basque, de continuer à lui refuser par les armes, le droit à l'Autodétermination qu'il possède ... Depuis lors, la Gauche Patriotique a défendu avec cohérence et souvent au prix de la vie le droit à la souveraineté du Pays Basque, alors que les autres forces politiques tombaient dans les filets de l'Espagne qui ressortait toujours plus renforcée. Là aussi nous regardons l'avenir avec optimisme.

Il n'y a pas de comparaison possible entre le peu de fruits pourris récoltés ces vingt dernières années et ceux que nous pouvons récolter sur le chemin de la Souveraineté. Ces années auront été longues, mais il est réconfortant de constater que d'autres se rendent compte des pas fondamentaux qu'ils faut accomplir pour conquérir l'Indépendance.

La liberté même plus tard, c'est mieux que la soumission d'aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que le chemin qui s'ouvre devant nous sera facile, ni remplis de difficultés. Le pari actuel exige que tous les patriotes de gauche et les démocrates y répondent avec sincérité et dignité, surtout en constatant l'aveuglement de l'Espagne et de la France.

Nous souhaitons ardemment que la Gauche Patriotique ne soit pas la seule à travailler alors qu'il s'agit du labeur de tous, pourtant s'il n'en était pas ainsi nous continuerons avec la même énergie que par le passé, par le chemin que nous ont montré des milliers et des milliers de citoyens et combattants basques.
Face au défi.
Nous l'avons dit au début de ce communiqué, le défi et la caractéristique principale de la phase dans laquelle nous nous trouvons, est que le Pays Basque dans son intégrité, au delà des frontières des autonomies et des états, parvienne à la souveraineté. Nous ne voulons pas uniquement « récupérer » l'occasion manquée il y a vingt ans, nous allons accomplir un pas plus important, nous devons construire les fondations de ce futur Pays Basque, le défi qui nous est lancé est celui de définir avec précision où nous allons construire notre maison.

Il n'y a pas deux ou trois Pays Basque, il n'y en a qu'un avec ses particularités et ses différentes réalités, aussi bien linguistiques, sociales qu'économiques ou au niveau de nos usages. Nous sommes un Peuple !
Tous les patriotes, tous les démocrates, tous les progressistes, prenant en compte ces différentes réalités, il nous faut travailler de front pour construire un cadre politique nouveau qui touche le Pays Basque dans sa totalité. Pour ce travail enthousiasmant tous les acteurs de tout le Pays Basque ont leur place, la parole et leur part de labeur.

La conquête de la Souveraineté ne fait pas bon ménage avec la politique intéressée et partisane qui renforcent l'Espagne et la France. Tous les accords et les espaces de collaboration avec l'Espagne doivent disparaître, accords obtenus dans le secret et qui maintiennent notre Peuple soumis sur le plan économique. Il faut commencer à penser en tant que Pays Basque, entre tous. Assumer la véritable situation économique, linguistique, culturelle et sociale de notre pays.

Par la suite, il faudra impulser des projets qui concerneront le Pays Basque dans sa totalité concernant ses droits linguistiques, l'organisation territoriale, le développement économique et les droits sociaux. Les forces en faveur de la Souveraineté du Pays Basque doivent parvenir à des accords minimums.

Pourquoi nous sommes face à une nouvelle opportunité ?

Une nouvelle fois le Pays Basque se trouve face à son avenir. Suffit - il de croire que nous sommes dans une « nouvelle » situation ?

ETA après avoir réfléchi sur la nouvelle situation que nous vivons fait ici part de son analyse qui a permis la décision qui a été prise :
Grâce à la lutte de ces dernières années qui a rassemblé de nouveaux secteurs favorables à l'indépendance, il nous faut ici souligner l'avancée obtenue ces six dernières années. Nous sommes passés d'une attitude de résistance à une pratique de construction.

Il faut dire que cette « amélioration de la situation » est due à la générosité de nombreux membres de la Gauche Patriotique et à la lutte organisée qu'ils ont menée. Le chemin pour parvenir aux objectifs ultimes de notre lutte et ce que nous avons obtenu ces dernières années est un nouveau pas vers ce qu'il nous reste à parcourir.

Que personne ne pense que nous ne devons pas nous améliorer, d'améliorer notre façon de travailler et autres. Il est souhaitable que de temps en temps la Gauche Patriotique aimant si peu les flatteries reconnaisse que le travail effectué en valait la peine et que la lutte de libération est sur la bonne voie. Dans cette si changeante situation, il faut signaler que le fait d'avoir socialisé l'Alternative Démocratique, qui a pris la relève de la vieillissante Alternative KAS, est très important.

Par le biais de cette nouvelle alternative de paix, ces trois dernières années s'est manifesté un concept de base : le besoin de donner la parole au Peuple, que le Peuple récupère la parole et que sa parole soit respectée Une nouvelle fois, nous avons été capables de socialiser le fait que le conflit entre le Pays Basque, l'Espagne et la France est politique. En plus de mettre entre parenthèses la légitimité « démocratique » des autorités espagnoles et françaises nous avons créé un concept positif, celui de la démocratie basque. Des minimums démocratiques (Autodétermination et Territorialité) se sont fait jour, minimums que tout démocrate doit défendre pour mettre fin au conflit, une fois parvenus à une situation démocratique chacun aura la possibilité de développer son propre projet dans des conditions identiques. La Gauche Patriotique a aplani le chemin pour développer son propre projet politique et social.

Dans cette nouvelle situation, il faut souligner l'échec des structures institutionnelles fractionnistes que les états qui nous soumettent nous ont imposées sur le chemin de la liberté. Le cadre institutionnel imposé au Pays Basque est caduc. Les forces impérialistes espagnoles et françaises sont les seules forces défendant le statut quo actuel.

Le Statut de la Moncloa, celui de la Navarre et la non reconnaissance des territoires basques sous domination française ne permettent pas de satisfaire les souhaits et les besoins des citoyens basques. A ce jour, ceux qui ont défendu ces structures institutionnelles reconnaissent qu'elles ne permettent pas d'aller vers l'indépendance, convergeant en cela vers l'analyse faite par la Gauche Patriotique. C'est pour cela que pour la première fois nous pouvons nous acheminer vers une seule voie de solution.

De la même façon que le cadre institutionnel est caduc, la « politique des pactes » imposés par les espagnols pour déformer la réalité politique et sociale des dix dernières années et détruire le projet indépendantiste s'épuise. Cette politique des pactes ne pourrait que prolonger la souffrance au Pays Basque. Ceux qui ont misé sur l'autonomie (les partis patriotiques, E.A et le P.N.V, le syndicat ELA et de nombreux vrais patriotes) se sont rendu compte de la stérilité de cette voie.

Ils démontrent maintenant la volonté de prendre un nouveau chemin, fuyant les pièges des espagnols et revenant vers les chemins du Pays Basque, rompant des liens et leur soumission avec l'Espagne ils parient résolument pour le Pays Basque. C'est cela le choix : l'Espagne et la France ou le Pays Basque. Les paroles démontrent une claire volonté de choisir le Pays Basque, parvenu à ce nouveau croisement nous devons agir avec le courage et la cohérence qu'exigé ce moment historique.

Les pouvoirs factices d'Espagne et de France n'ont aucune alternative politique pour le Pays Basque, en tous cas pas sans une nouvelle collaboration de partis comme E.A et le P.N.V. Entre «l'autonomie fractionniste » d'hier et d'aujourd'hui et la souveraineté basée sur l'Autodétermination et la Territorialité de demain il n'y a pas d'espace nouveau, si du moins on n'invente pas une fausse possibilité qui reportera une solution à vingt plus tard. L'Europe est en train de se construire comme axe politique, social et économique, comme centre de décision des principaux thèmes, passant par Madrid et Paris, s'éloignant des structures des états qui nous soumettent directement. Sans un projet efficace d'indépendance, la soumission et la déstructuration dont souffre le Pays Basque s'aggravera, plus encore si nous n'avons pas d'alternatives pour faire front aux gigantesques projets d'uniformisation culturelle et économique mondiale.

Enfin, au Pays Basque, la volonté de la majorité de souhaiter la paix et d'y parvenir par une solution politique sensée s'est généralisée. Cette volonté de paix, de négociation avec ou sans actions de ETA est reprise par tous. Il y à un grand changement par rapport à ce « désir de paix aseptique » d'il y a quelques années. Dans la société basque s'est imposée l'idée d'une paix pactée qui apporte des solutions politiques et pratiques. Ce besoin n'a pas seulement surgi pour « en finir » avec ETA, c'est la conséquence du fait que la société basque à mis en évidence l'origine politique du conflit, qu'elle a fait apparaître de nouvelles formes de lutte et a mis un arrêt ferme à l'agression subie par le Pays Basque.

Faire front à tous ceux qui sont et seront des ennemis de ce projet sera aussi le travail de tous, il est l'heure pour ceux qui ont déploré si souvent l'usage des armes de mettre en pratique une attitude si peu utilisée : la rébellion sociale. Nous disions que nous ne pouvions occulter la situation du Pays Basque. Un projet consensuel comme celui que nous sommes en train de mener, nous permettra aussi d'affronter ensemble les conséquences dues à la posture de la France et de l'Espagne.

Pour cela aussi il faudra de l' audace.

De l'audace pour dire que toutes les forces armées étrangères sont de trop sur notre territoire, pour aller de l'avant avec toutes les grandes et petites actions pour les expulser. L'heure est venue d'intérioriser ce qui ne se fait pas et de commencer à travailler pour cela.

Quel est ce nouveau pas de ETA ?

Avant de communiquer notre décision nous croyons souhaitable d'éclaircir certaines choses à cause des spéculations et des nombreuses déclarations de ces jours derniers et dire ce que représente cette phase politique qui s'annonce. H n'est pas juste que quelqu'un soit trompé par les propos des politiques de profession. Le but n'est pas la pacification que propose Ardanza qui a mené pendant une longue décade « 1' espagnolisation » dans la partie du pays qui lui correspondait, il s'agit encore moins de donner une « apparence » politique à cette « pacification » pour tranquilliser les consciences de la Gauche Patriotique.

Il faut être plus audacieux actuellement, car nous nous trouvons dans une situation complètement nouvelle. Après le pas important accompli par Euskadi Ta Askatasuna ceux qui cherchent la « normalisation » tromperont la société avec une fausse paix qui ne changera rien et renforcera le cadre actuel.

Ce serait aussi faux que de dire que dans le conflit du Pays Basque ETA doit faire face à l'ennemi au moyen de la lutte armée. Il n'y aura pas de paix si l'on ne respecte pas les droits du Pays Basque, c'est cela le noeud du conflit dont nous souffrons, on refuse ses droits au Pays Basque, nous ne sommes pas souverains pour structurer la société comme nous le souhaitons.

ETA a fait un pas, maintenant il faut que les autres s'intègrent avec audace dans l'espace qui vient de surgir. Ce n'est pas le moment de tergiverser, ni des calculs égoïstes ou partisans : il nous faut mériter le Pays Basque.

Déclaration :

Compte tenu de ce que nous dit précédemment, ETA, organisation basque, socialiste révolutionnaire de libération nationale rend publique la déclaration suivante destinée à la société basque et à l'opinion internationale :

1 - La construction du Pays Basque est le travail des citoyens, jusqu'à présent ce travail à été mené clairement et sans équivoque par la Gauche Patriotique.

Il nous a fallu parcourir un long, difficile et compliqué chemin, nous avons dû subir la répression et toutes sortes d'agressions. Pourtant grâce au travail réalisé, aujourd'hui nous avons l'opportunité pour que à partir de maintenant sur le chemin de l'indépendance du Pays Basque les responsabilités et les efforts soient partagés, et que des accords pour travailler ensemble se créent.

ETA pour sa part veut faire savoir que dans cette nouvelle phase d'accords, qu'elle manifeste une claire volonté d'avancer sur ce chemin et qu'elle attend autant de bonne volonté et d'efforts des autres intervenants.

2- ETA lance un appel aux partis politiques, aux syndicats, aux associations culturelles, aux organisations sociales et aux citoyens basques en général pour qu'ils prennent l'engagement nécessaire et accomplissent le chemin nécessaire afin que cette phase débouche sur la Souveraineté.

3- Le plus important pas à franchir concernera celui qu'il faudra accomplir pour dépasser l'actuelle division administrative des états, dans ce but, dès aujourd'hui il faut créer une structure institutionnelle unique et souveraine qui englobe l'Alava, la Biskaye, le Guipuzkoa, le Labourd, la Navarre et la Soûle.

4- Si pour y parvenir s'unissent les différents agents politiques et sociaux pour toute initiative qui dépasse l'actuelle division institutionnelle des états, ETA salue cette initiative et s'engage à la renforcer et à la défendre. ETA demande le même engagement et le même effort à ceux qui jusqu'à présent sont restés à l'écart de ce travail ou qui s'y sont montrés récalcitrants.

5- Les forces favorables à la construction et au respect des droits démocratiques du Pays Basque doivent créer et parvenir à des accords concernant les besoins minimums.

6- Le projet de Pays Basque s'oppose aussi bien à l'Espagne qu'à la France.

Ce conflit qui dure depuis siècles nous a appris que pour les citoyens basques il n'existe pas d'espace intermédiaire.

Nous avançons en tant que citoyens basques ou nous disparaissons en tant que peuple sous la domination de l'Espagne et de la France.

C'est pour cela que nous croyons inévitable que tous ceux qui sont d'accord avec les points traités antérieurement rompent leurs amarres et les accords avec ceux qui soutiennent les intentions dominatrices de l'Espagne et de la France l'heure est venue de parier sans équivoque en faveur de la Souveraineté.

L'heure est venue de briser les accords et les liens avec les partis politiques dont le but est la disparition du Pays Basque.

L'heure est venue de rompre tous les pactes avec les partis, les structures institutionnelles et répressives dont le but est la liquidation du Pays Basque et la construction de l'Espagne et de la France.

7- Prenant en compte la situation du Pays Basque, les possibilités et le désir d'aller vers la Souveraineté, Euskadi Ta Askatasuna (ETA) décide de mettre fin aux actions armées de manière indéfinie. Elle se consacrera uniquement au maintien de ses structures, a ses approvisionnements et à la possibilité de se défendre de possibles affrontements. Ce cessez le feu total prend effet le 18 septembre 1998.

8- L'objectif de tous étant que soit respectée la réalité du Pays Basque, ses droits et les décisions prises librement, l'objectif de ETA étant que la société basque prenne la responsabilité d'obtenir l'indépendance du Pays Basque, pleins d'espoir nous pensons que la réponse que nous allons recevoir sera aussi importante que la décision que nous avons prise et que les événements qui surviendront à partir de maintenant permettront de donner un caractère définitif à ce cessez le feu.

prisonniers politiques basque
autonomia 
euskalherria 
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SEGI, organisation de la jeunesse indépendantiste et révolutionnaire Basque, est en voie d’illégalisation. Nous condamnons la répression par les Etats espagnol et français des mouvements sociaux au Pays Basque.
Segi
Batasuna est un parti indépendantiste basque d’extrême gauche, proche des mouvances marxistes et libertaires. Le terme batasuna signifie unité en basque. Le gouvernement espagnol le déclare illégal, en 2003, pour ses liens avec le groupe armé indépendantiste ETA. Son porte-parole est sur le point d’être condamné par la justice espagnole.
ETA (Euskadi ta Askatasuna). “Pays basque et liberté” en basque. Organisation armée socialiste de libération nationale, créée sous le franquisme. De l’attentat contre le dauphin de Franco en 73 à l’attentat du 30 décembre 06, elle aurait provoqué la mort d’environ 800 personnes dont une majorité de militaires et policiers.
EUSKAL HERRIA. Délimitation culturelle du pays-basque comprenant les 3 régions sous domination française (Iparralde), la Navarre et le pays-basque dit “espagnol”.
Loi sur les partis (juin 2002). Loi liberticide née des attentats du 11 sept. 2001, qui s’attaque à « toute formation politique complice d’une organisation terroriste » ou qui ne condamne pas le terrorisme. Elle a permis l’interdiction d’une dizaine d’organisations basques.

Interview de Segi

Primero, diganos lo que representa SEGI en EH, sus objectivos politicos, y sociales. Qué tipo de acciones hechas por SEGI ?
SEGI est un mouvement qui se définit comme indépendantiste et socialiste. Dans le contexte de globalisation actuel, nous nous battons pour impulser la souveraineté populaire comme voie de libération nationale et sociale pour un peuple qui a été nié et exploité durant des décennies. Nous nous battons pour la solidarité internationale entre les peuples comme moyen de dépasser l’aliénation qu’est le néolibéralisme mondial, exprimé à travers les Etats modernes.
SEGI a 3 objectifs principaux :
- Le premier que nous appelons « de construction nationale » à moyen terme, le développement d’alternatives populaires « sectorielles » (socio-économie, éducation…). Nous prétendons créer, peuple par peuple, des alternatives réelles, instruments autogérés par lesquels nous allons dessiner jour après jour le Pays Basque dont nous rêvons.
- La deuxième ligne de travail est dédiée à dénoncer et répondre aux attaques répressives qui isolent ce peuple et spécialement la jeunesse basque. Jour après jour, nous constatons des expulsions de logements, des détentions, des tortures, la répression des mobilisations étudiantes, des illégalisations d’alternatives populaires, et devant cela, nous ripostons par une réponse unitaire du mouvement de la jeunesse basque ;
- Et tout cela dans une perspective internationaliste par laquelle nous entendons qu’un peuple seul dans le monde ne pourra nous débarrasser du cancer néolibéral, tandis que tous unis, nous y arriverons. Ce qui se résume dans cette maxime : « Nous ne serons libres que lorsque tous les peuples du monde seront libres ».
Hablemos de la illegalizacion de Segi : porqué el estado español puede prohibiros ? Cuales son los riesgos con la prohibicion de SEGI ? Eso no es la primer ataque sobre el movimiento vasco. Hablad de su istoria reciente (illegalisaciones de batasuna, egunkaria,…).
L’Etat Espagnol -avec l’inestimable collaboration de l’Etat Français- nous illégalise pour la simple et bonne raison que ce n’est pas un Etat démocratique. Pour nous, les problèmes que vit le Pays Basque ne sont pas issus de problèmes internes, c’est une question de « qualité démocratique ». Le jacobinisme en France et le nationalisme impérialiste en Espagne sont les racines du conflit, associées au grand réseau des intérêts essentiellement économiques et géostratégiques.
“Les Etats Espagnol et Français ne sont pas capables d’accepter qu’au pays basque, l’alternative populaire soit un mouvement articulé par de vrais instruments. C’est pour ça qu’ils les attaquent.”
Pas seulement SEGI, ils interdisent des périodiques (Egunkaria, Egin, Ardi Beltza…) des radios (egin irradia) des assemblées populaires (Udalbiltza) des coordinations pour l’enseignement de la langue (AEK), des mouvements sociaux qui éveillent la désobéissance civile (Joxemi Zumalabe fundazioa).
Ces dernière années, à cause de ces illégalisations, 200 personnes sont allées en prison. Nombre d’entre elles dénoncent des tortures, et les peines accumulées s’élèvent à des milliers d’années de prison. Tout cela derrière l’excuse qu’ils répondraient au diktat de l’ETA, et sont considérés comme terroristes. Ce qui veut dire que le travail politique et social pour une alternative populaire serait terroriste…
Ils le font sans complexe : le ministre de la justice espagnole, autour du cas de Juana Chaos a dit : « nous ferons le nécessaire pour que Juana ne puisse pas sortir ».
Il risque 96 ans de prison pour avoir écrit deux articles d‘opinion. Un simple exemple qui illustre la qualité de démocratie de l’Etat de droit et la division des pouvoirs dans l’Etat espagnol.
En Francia se habla de Euskal Herria como de Corcega : los medias hablan de violencia, pero NO daN ni razones ni motivaciones politicas. Porque hay tanta violencia en EH ? Porqué SEGI tiene que caer en la logica de violencia ? Que tipo de represion se vive ?
On traite la violence en Euskal Heria avec beaucoup d’hypocrisie. C’est l’Etat qui exerce sa violence, jour après jour. Des informateurs de l’Observatoire des droits de l’Homme, amnesty international, de l’ONU et de nom breuses autres institutions internationales ont dénoncé le manque total de respect de l’Etat espagnol envers les droits humains. Des milliers de dénonciations pour torture, détentions préventives (autour de 300 ces dernières années), illégalisations des mouvements politiques, sociaux et même culturels… Tout ça, c’est pas de la violence ? Pour nous,la violence de la jeunesse nous paraît légitime pour élever sa voix contre la violence d’Etat. Et nous ne sommes pas disposés à éteindre des feux pour couvrir ceux qui les ont allumés. A moins que l’on cherche les raisons qui font que n’importe quel jeune d’Euskadi ait à recourir à la violence pour s’exprimer, et qu‘on y cherche des solutions. Le problème, c’est que sur ce chemin, nous sommes toujours seuls.
Que tipo de relaciones tiene SEGI con otras organisaciones en el mundo ? Que hace SEGI en consecuencia de esa represion ? Hablanos del 10 de febrero…
SEGI a eu de sérieux problèmes ces dernières années pour réaliser un travail dans le cadre international. La détention répétée de ses responsables internationaux a engendré un travail international discontinu.
Mais dans l’actuel cadre de globalisation, la solidarité, l’échange de perspectives et le travail commun entre peuples opprimés au niveau social et national sont indispensables à la recherche d’une alternative. La dernière année a renforcé nos relations avec des organisations qui travaillent pour un changement politique et social dans le monde dans une perspective de « gauche ».
Dans ce but, nous avons des relations avec des mouvements politiques du monde entier, Afrique du Sud, Colombie, Palestine, Irlande, Kurdistan….et des organisations sociales en Europe comme Revolution, Solid, SUF, Rote Hilfe…Dans les mois à venir nous allons faire une tournée dans toute l’Europe dans l’objectif de connaître les différents projets développées par les organisations politiques.
Notre objectif est de chercher les points de rencontre qui surgissent au delà des différences, qui nous situent dans le même front. Partager les analyses de la situation européenne. Et s’accorder sur des lignes de travail communes pour une autre Europe, pour un autre monde. Nous sommes convaincus que c’est possible, chacun depuis sa réalité, mais avec des objectifs communs nous pourrons l’obtenir. La solidarité internationale est notre meilleure arme.
C’est de cette manière qu’ici aussi nous voulons répondre à l’attaque contre SEGI. Ce 10 février, des milliers de jeunes d’Euskal Herria manifesteront en réponse à l’appel que des dizaines d’organisations et autour de 2000 personnes, ainsi que des organisations du monde entier pour dire clairement qu’aucune attaque, aucune répression ne fera plier la jeunesse basque. Et pour affirmer que comme nous l’avons fait en 27 ans de résistance populaire et de construction nationale, « seguiremos adelante ». Face à la répression, travaillons, face à la frustration, il n’est qu’illusion et compromis.
Ce fut notre chemin jusqu’à présent et nous le suivrons, coûte que coûte.

Le cas Juana Chaos

700 prisonniers basques sont emprisonnés dans toute l’Europe (militants de l’ETA, d’oranisations politiques diverses, journalistes, associatifs…). Iñaki Juana Chaos avait déjà été condamné pour sa participation à l’ETA, et risque aujourd’hui 96 ans pour avoir écrit deux tribunes libres. En détention préventive, il a fait une grève de la faim, protestant contre les conditions d’emprisonnement. Au bout de deux mois, on l’a forcé à s’alimenter. Un vote des juges devait décider si l’on incarcèrerait dans de meilleures conditions. Ce vote fut truqué pour que des juges anti- terroristes statuent, et sa demande fut refusée. Il risque actuellement de mourir d’un instant à l’autre. Tout ce fonctionnement est lié aux lois espagnoles qui permettent d’interdire à quelqu’un sa libération, même après qu’il ait purgé sa peine, s’il ne fait pas amende honorable. L’ombre de Franco plane sur l’Etat espagnol…

Quelle crédibilité démocratique  accorder à l'État espagnol créateur du GAL (Groupe antiterroriste de libération) ? : Zéro. 
Des groupes clandestins furent créés par de hauts fonctionnaires du Ministère espagnol de l'intérieur, dirigé par José Barrionuevo, membre du gouvernement González. Disposant de fonds secrets, ils étaient composés de membres des services spéciaux espagnols (CESID-Centro Superior de Información de la Defensa), de la Guardia Civil (équivalant de la gendarmerie) et de la Police Nationale (Policía Nacional). Ceux-ci recourraient eux-mêmes aux services de criminels de droit commun pour leurs opérations.

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