lundi 1 février 2010

Rencontres de Bourges a Lyon Autour de la Critique de la Valeur.

Repenser la théorie critique du capitalisme,
Comprendre l’effondrement écologique.
 
De l’importance de repenser une théorie critique radicale du capitalisme
 au-delà de la pensée socialiste, altermondialiste et du marxisme traditionnel.
  
Vendredi 26 février à 21 h  –
  École des Beaux-Arts de Bourges

Conférence-débat avec le philosophe Anselm Jappe.
 
Le « Café décroissant » de Bourges vous invite à une conférence-débat exceptionnelle avec Anselm Jappe, philosophe et auteur d’ouvrages sur Guy Debord et du livre Les Aventures de la marchandise. Pour une nouvelle critique de la valeur (Denoël, 2003). Il fait partie du courant que l’on appelle en Allemagne la « wertkritik » (critique de la valeur) qui s’est constitué autour des revues Krisis et Exit !, connus notamment pour leur livre le Manifeste contre le travail. Ce courant a théorisé depuis 20 ans une critique renouvelée et stimulante du capitalisme, comme critique du travail en soi et du fétichisme de la marchandise, et a développé une théorie de l’effondrement généralisé de ce monde là.

La crise multidimensionnelle (c’est-à-dire financière, sociale, écologique…) que nous vivons n’est pas passagère, ce n’est d’ailleurs pas une « crise économique », car c’est la société moderne elle-même dans ses principes sociaux de constitution qui se heurte à sa propre limite interne, sa limite historique absolue. La simultanéité de différents aspects critiques et dramatiques d’une même crise de la modernité doit alors nous amener à changer nos façons de réfléchir et de nous représenter le capitalisme, c’est-à-dire les formes de vie et de socialisation lui correspondant et dans lequel nous vivons tous et toutes. Trop longtemps le mouvement ouvrier historique, l’extrême gauche, les décroissants et la social-démocratie européenne se sont identifiés aux formes capitalistes de vie et de socialisation, et surtout à l’Idole du travail, quand ils ne dénoncent pas dans le capitalisme ou le « néolibéralisme », une bourgeoisie et une spéculation parasite d’une « économie réelle » naturelle et bien portante, ou un simple problème de morale et de régulation politique qui devrait être plus sociale et écologique.
Pourtant le travail que chacun de nous exerçons quand on a encore paradoxalement la chance de se faire exploiter (ce qui n’est plus le cas pour des millions de personnes désormais superflues pour la machine à fric planétaire), a-t-il toujours existé comme tel dans l’histoire ? Le travail est-il naturel ? Le travail n’a-t-il pas dans le monde de la production marchande capitaliste, une dimension particulièrement nouvelle, invisible au premier abord mais surtout dominatrice et dévorante (dimension que nous appellerons le « travail abstrait »), qui est à la fois le fondement de nos vies modernes, une manière de se rapporter aux autres au travers des marchandises que nous fabriquons et achetons, une forme de richesse historiquement spécifique (la valeur), une façon aussi de se rapporter de manière indirecte à la nature ? Dimension nouvelle du travail qui parce qu’elle est dans une crise inguérissable (et notre invité nous expliquera pourquoi), est la source de l’effondrement généralisé que nous vivons. Cette limite interne au capitalisme sur laquelle vient se fracasser la société moderne en cours d’effondrement viendrait ainsi de l’existence d’une « contradiction interne incurable » depuis la naissance du capitalisme.
Mais nous savons tous aussi que partout où le recouvrement de la planète d’un blanc manteau de magasins s’est étendu, ce monde là s’est transformé en une planète malade d’une crise écologique généralisée. Pourtant à la différence des écologistes qui ne voient dans la course à la croissance que le fait d’une simple idéologie « productiviste », « accumulatrice » et « matérialiste », peut-on remonter aux sources de cette crise écologique en discernant un productivisme bien réel car inscrit dans la logique même du mécanisme implacable de la valeur qui se valorise (capital) ? Plus encore, au lieu d’être un simple rapport conscient au monde, le « productivisme » n’est-il pas alors un effet même de la crise du fondement social du capitalisme (le travail) ? N’est-ce pas logiquement que quand le capitalisme atteint sa limite interne, il touche alors simultanément sa limite externe en se construisant de lui-même une barrière écologique infranchissable ?
Et alors que l’économie réelle, c’est-à-dire le capitalisme, est déjà cliniquement mort au vu de la crise de la valeur, l’apparition depuis 30 ans d’une simulation de la valorisation du capital par le système des crédits et des marchés boursiers n’a-t-il pas permis au capitalisme de simuler sa bonne santé et son improbable survie ? N’est-ce pas justement cela que nous vivons ces dernières années, la fin de d’une simulation improbable et le retour fracassant du réel, c’est-à-dire de la véritable crise du travail qui était restée maladroitement masquée depuis 30 ans ? Cette fuite en avant dans l’endettement massif des Etats, des entreprises, des ménages et dans l’éclatement successif des bulles spéculatives n’est-il pas alors un pari impossible sur la rentabilité future puisque l’économie réelle est déjà morte ? Autrement dit, peut-on encore se leurrer longtemps d’une « relance de l’économie » ?
Il est alors peut-être temps de réfléchir non pas à libérer le travail du capital comme le pensait la gauche traditionnelle, mais à se libérer du travail, en inventant de nouvelles formes de vie et de socialisation au-delà du capitalisme et de l’Idole du travail. Car repenser d’abord le fonctionnement du capitalisme est probablement une question aujourd’hui de survie afin d’organiser nos sociétés différemment et peut-être enfin de manière au moins plus consciente qu’auparavant.
 Les 18, 19 et 20 mars 2010, les " Journées critiques " à Lyon

Conférence-débat à la faculté d’Anthropologie et de Sociologie de l’Université Lumière Lyon 2, Salle de Conférence IUT, Bron
Pour la présentation des journées :
: pdf_journees_critiques.pdf

Programme

Jeudi 18 mars

9 h Bienvenue et présentation
9.30 – 12.30h 1ier axe : Critique de l’économie politique

Anselm Jappe : Triomphe ou agonie du Capitalisme ? De l’utilité de la critique de l’économie
politique
Jacques Wajnsztejn : La révolution du capital
Jacques Guigou : L’institution résorbée


Débat

14 -17h 2ième axe : La dimension esthétique

François Laplantine : Politique du sensible. Esthétique et subversion
Max Schoendorff : L’artiste-philosophe ?
Jan Spurk : Critiquer le fétichisme de la marchandise ? De la soumission et de la résistance à
l’industrie culturelle

Débat

Vendredi 19 mars

9 -12h 3ième axe : La question de l’action

Jean-Marie Brohm : Le sport, la tache aveugle de la pensée critique
Fabien Ollier : La critique radicale du sport : agir en lieu et place de ceux qui ne font rien
Rehan Shaik-de Colnet : Les corps de la dissidence collective


Débat
14-16 h : La question de l’action (suite)

Dietrich Hoss : L’insurrection des sens et du sens
Philippe Riviale : Le principe espérance

Débat

Samedi 20 mars à l’URDLA-centre international estampe et livre, Villeurbanne

9-12h Débat : L’arme de la critique et la critique des armes : quelles perspectives politiques et
esthétiques ?


 

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