mercredi 21 février 2024

LES CONSIGNES PRO-ISRAÉLIENNES DONNEES A L’AFP


 

 

Le vade-mecum contenant les directives éditoriales de l'Agence France-Presse a été obtenu et publié par « Declassified », un très sérieux site d’investigation basé en Grande Bretagne. Ce guide-code demande à ses journalistes de présenter des informations qui tiennent compte des sensibilités du gouvernement israélien sans exiger un contexte similaire pour les Palestiniens.

Le siège parisien de l’AFP a exigé des modifications dans un article afin d’annuler l’assertion attribuant à Israël les frappes qui ont blessé ses propres journalistes
• Selon des sources de l’AFP des modifications similaires ont déjà été apportées aux reportages de l’agence sur le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh,
• L’AFP affirme qu’elle « n’est liée à aucun groupe d’intérêt ni à aucune pression ».
« Tout le monde se calme », tel était le message du directeur de l’information Phil Chetwynd au personnel de l’Agence France-Presse (AFP) récemment. Injonction retrouvée dans un courriel divulgué par « Declassified », où l’auteur reconnait les « fortes émotions » que les événements en Israël et à Gaza ont provoquées parmi son personnel.
Des journalistes de l’AFP avaient exprimé leurs inquiétudes quant à ce qu’ils considéraient comme un parti pris pour et contre Israël dans les reportages de l’AFP. Ailleurs, de la BBC au New York Times, il y a également eu des inquiétudes comparables quant à la « partialité éditoriale », allant de la grogne aux licenciements et aux démissions.
L’analyse de « Declassified » de plus de cent « unes » des médias occidentaux a révélé une déshumanisation systématique des Palestiniens.

Les directives éditoriales de l’AFP, publiées à la mi-octobre et divulguées à « Declassified » ne sont pas de nature à rassurer.
Les lignes directrices, pour les reportages sur le conflit disent que les « paragraphes d’ouverture » de tous les articles devraient au moins mentionner trois éléments : les morts des deux côtés, les otages détenus par le Hamas et l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Il n’est pas nécessaire de mentionner les décennies d’occupation israélienne de la Palestine les nettoyages ethniques, l’apartheid, la persécution du peuple palestinien et, bien sûr, le jugement d’ experts estimant que les actions d’Israël peuvent constituer un « génocide ».
 

Crimes de guerre

Les lignes directrices reconnaissent le « bombardement incessant de la bande de Gaza » par Israël et suggèrent aux journalistes de l’AFP d’ajouter comme contexte qu’« Israël a déclaré un siège complet de Gaza, coupant l’approvisionnement en eau, en électricité et en nourriture. Les Nations Unies se sont déclarées préoccupées par le siège total du territoire. »
Il n’est cependant pas nécessaire de mentionner qu’un tel siège, qui équivaut à une punition collective, est illégal. En ce qui concerne les crimes de guerre, les lignes directrices disent : « Le cas échéant, nous pouvons expliquer que selon des experts juridiques interrogés par l’AFP, les deux parties pourraient être accusées de crimes de guerre ».
Chetwynd, le patron de l’AFP, nous a dit : « Ce sont des directives générales et supplémentaires qui concernent l’histoire israélo-palestinienne. Elles complètent les directives existantes dans nos règles de l’agence, qui contiennent déjà beaucoup plus de détails. Ces directives sont mises à jour régulièrement, et la demande.
Chetwynd a ajouté : « Gardez à l’esprit qu’au plus fort de l’actualité, nous écrivions des centaines d’articles par jour à partir de lignes issues de nos correspondants de la région mais aussi du monde entier, de bureaux qui n’ont pas l’habitude d’écrire sur ce sujet. D’où la nécessité d’un arrière-plan simple et clair... Il serait tout à fait erroné d’insinuer que nos histoires manquent de contexte historique sur la question palestinienne. »
« Declassified » a examiné « un guide de style de l’AFP » datant de 2018 contenant des consignes pour ses reportages sur le Moyen-Orient et un « livre de style » en anglais qui date de 2016. A cette époque ces « tuteurs » n’indiquent pas aux journalistes quelles informations inclure ou mettre en avant dans leurs reportages sur le conflit Israël-Palestine.
La réponse reçue de l’AFP n’explique pas l’apparition subite de directives nouvelles inspirées des évènements du 7 octobre.

Brouiller le rôle d’Israël dans les bombardements

La déférence apparente de l’AFP à l’égard des sensibilités du gouvernement israélien s’étend à la couverture des blessures infligées par des tirs de chars israéliens à ses propres journalistes.
Le 13 octobre dernier, le reporter de Reuters Issam Abdallah a été tué et deux journalistes de l’AFP ont été blessés dans le sud du Liban. « Declassified » a obtenu les originaux de l’édition interne de l’article de l’AFP sur l’événement.
Ils révèlent que les premiers rapports de l’AFP ont mis l’accent sur le témoignage des autorités libanaises et de ses propres journalistes selon lequel « Israël a bombardé vendredi une région frontalière dans le sud du Liban. Et l’AFP ajoute que « l’armée israélienne ripostait à des tirs venus du Liban ».

« Les modifications annulant l’attribution des frappes à Israël ont été faites par un rédacteur en chef »

A propos du bombardement des journalistes, revenons sur l’ évolution de l’usage des mots de l’AFP. Vers 18 heures, heure locale, deux tirs de missiles ciblés à environ 40 secondes d’intervalle ont touché le groupe de journalistes, qui portaient clairement la mention « presse »...
Peu après la mort d’Abdallah, le journaliste de Reuters, l’AFP a retiré le langage attribuant les frappes à Israël...pour affirmer que les journalistes avaient donc été « pris dans des bombardements transfrontaliers ». Les modifications annulant l’attribution des frappes à Israël ont été effectuées par un rédacteur en chef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, censure faite à la suite d’une demande du siège parisien de l’AFP.
« C’était une situation très tendue. Nous venions d’apprendre que nos collègues Christina Assi et Dylan Collins avaient été grièvement blessés », raconte un journaliste de l’AFP sous couvert d’anonymat.
Au bout du compte l’ AFP a été contrainte de reconnaître qu’Israël était responsable des frappes . Tout cela sous la pression d’ une enquête conjointe avec Airwars publiée huit semaines après la frappe. 

Claire LAUTERBACH et Namir CHABIBI

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Tuerie de Masse à Gaza !




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