jeudi 25 août 2016

Les 27 et 28 août, Nantes accueillera l’enterrement du Parti Socialiste




« Désemparés par l’annonce de l’annulation de l’Université d’été du PS, les manifestants décidèrent pourtant de maintenir leur appel. Avec ou sans Parti Socialiste, la vie doit continuer. »


Le 3 juillet dernier, alors que les juillettistes s’élançaient sur la route des vacances, la France apprenait avec stupeur l’annulation de l’université d’été du Parti Socialiste.

L’annonce était faite par son premier secrétaire : le regard vitreux, la voix hésitante, Jean-Christophe Cambadélis balbutiait quelques obscures explications devant la presse. Par pudeur, il n’évoquait pas directement l’état de son parti en lambeaux et se contentait d’énumérer les différentes menaces qui pesaient sur la fête annuelle. Depuis plusieurs semaines, des syndicalistes, des étudiants, des zadistes et tant d’autres anonymes avaient annoncé qu’ils s’inviteraient en masse. On imagine aisément les rapports des services de renseignements que M. Cambadélis devait recevoir par palettes, pour une partie conséquente de la population, les festivités annuelles du premier parti de France s’apparentait à une sale provocation, une de plus.

De l’université à l’enterrement

Finalement, l’annulation ravi tout le monde. Policiers, élus nantais, partisans socialistes, nonobstant l’humiliation, la décision était raisonnable. Quitte à ce que l’Université soit annulée autant qu’elle le soit par ses organisateurs plutôt que par une marée de manifestants. En supprimant une cible aussi logique, cela permettait aussi de soustraire au mouvement contre la loi « travaille ! » la possibilité d’une rentrée sur les chapeaux de roue.

Désemparés par l’annonce, les manifestant décidèrent pourtant de maintenir leur appel. Avec ou sans Parti Socialiste, la vie doit continuer.

C’est pourquoi se tiendra ce week-end, en lieu et place de l’Université d’été, la cérémonie d’enterrement du « Parti ». Nous reproduisons ci-dessous une invitation qui circule massivement sur les réseaux sociaux.

À l’abordage

Le programme du rassemblement des 27 et 28 août, est déjà écrit. Comment opérer la transition d’un mouvement contre une loi particulièrement impopulaire au sabordage méthodique de ce que tous les français redoutent : la campagne présidentielle pour 2017.

Dans un communiqué, le collectif à l’abordage propose quelques pistes :

 "Le sentiment d’impasse qui d’abord nous pousse dans la rue contre une loi, contre un projet d’infrastructure, contre une injustice, ce sentiment nous l’avons partagé au parage des manifs, dans la fraîcheur matinale des blocages, dans les nombreuses assemblées, sur les panneaux de contre-plaqué qui recouvrent encore la fonction méprisable des banques. De ce sentiment nous avons vécu 4 mois d’une rare intensité avec ses doutes et ses certitudes, ses rencontres et ses conflits. Pour finir, la loi travail est passée au forceps, espérant consumer l’espoir qui a agité des centaines de milliers de manifestants. Mais si la sensation de défaite est si peu palpable ici à Nantes et partout en France, c’est parce que la bataille n’est pas finie, elle n’a pas produit son lot de résignation, elle a suscité le désir d’aller plus loin et pour commencer, celui de s’organiser contre la lourde période présidentielle qui s’annonce et dont l’université d’été annulée devait être le geste inaugural.

Mais s’organiser contre la fatalité électorale que tout le monde pressent, c’est d’abord se poser ensemble les bonnes questions, comprendre le type de pouvoir qui nous fait face, déceler ses faiblesses, sentir nos forces, nos ponts communs, nos divergences, c’est prendre au sérieux l’idée de construire pas à pas un processus capable de faire face à l’organisation méthodique de la résignation.

L’année 2017 ressemblera-t-elle aux années précédentes ? Que doit-on attendre du travail et de ses transformations ? De quel type de politique internationale sommes-nous les complices, ou les détracteurs ? Est-ce grave si nous n’avons pas peur ? Et vivre sans gouvernement, ce serait quoi ? Ça va continuer encore ? Longtemps ? Que sommes-nous prêt.e.s à défendre ? Est-ce que nous trouvons ça normal, de mourir dans un commissariat ? Et la répression pénale ?

Nous vous donnons rendez-vous. Les 27 et 28 août à Nantes. Pour que nous réunissent les questions qui nous animent. Pour que les réponses en actes que nous leur donnons produisent quelques fêtes. Et pour que cette rentrée, nous la pensions et la commencions ensemble."

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