mercredi 10 décembre 2014

Toulouse: La ZAD débarque en ville

Une expérimentation de critique sociale dans la moribonde université française, voilà qui n'est pas banal...

Depuis plus d’un mois, un mouvement  prend forme à la fac du Mirail.


Un mouvement contre la police suite à la mort de Rémi Fraisse ?
Les différentes manifs, massives et déterminées qui ont lieu chaque semaine dans les rues de Toulouse en attestent.
Un mouvement étudiant contre l’austérité budgétaire ?
La tenue d’AG de 1200 personnes décidant d’actions de jour en jour montre le lien avec les luttes des dernières années dans les facs.

Surtout, la ZAD est passée par là. D’emblée la grève qui se met en place s’est accompagnée d’une installation effective sur des lieux arrachés à leur normalité : construction de cabanes, occupation de salles de cours.

Comme pour attester de ce lien que l’on sent avec les occupations sur les lieux des grands projets, un chantier Vinci nous nargue à quelques mètres des lieux occupés. Un chantier Vinci qui reconstruit la fac, détruit les lieux qui ont historiquement fait de la fac du Mirail une fac de lutte, pour ériger à la place des bâtiments neufs plus facilement contrôlables. Pour ancrer cette transformation, ils tentent même de changer le nom de la fac. Le Mirail reste le Mirail !

Cette occupation prend de l’ampleur avec l’ouverture de nouvelles salles, où des personnes se retrouvent, dorment dans l’université. Différentes stratégies et manières d’envisager l’occupation se côtoient selon les lieux, et se retrouvent pour envisager ensemble la forme que peut prendre le mouvement. Une hétérogénéité des pratiques qui fait que ce mouvement est directement l’affirmation d’une autre manière de s’organiser, d’une autre manière de vivre. ZAD partout !
De la ZAD, nous prenons la détermination à rester quoi qu’il arrive, à tenir ensemble des lieux que nous avons détournés et auxquels nous tenons maintenant pour ce qui s’y passe.
Des mouvements étudiants, nous savons comment les blocages permettent une grève effective et libèrent des espaces pour donner de l’ampleur au mouvement.
Cette hybridation fait peur.

Que les barricades soient faites de troncs d’arbres, de barrières de chantiers, ou de tables et de chaises, la réaction est la même partout. L’occupation du Mirail est expulsable, les flics peuvent venir nous déloger dès aujourd’hui.
Nous appelons chacun à venir rejoindre cette occupation, parce que comme dans n’importe quelle ZAD, ce sont les réactions de partout qui ont permis des victoires effectives sur le terrain.
Le Mirail a aujourd’hui voté en AG de lutte le blocage de la fac pour toute la semaine, jusqu’à la prochaine AG de mardi. Il va permettre à tous de pouvoir se mobiliser, de tenir un rapport de force et de s’organiser pour tenir cette occupation.
Nous appelons chaque université à rejoindre ce mouvement et à porter une solidarité en acte avec le Mirail.

Appel à soutien de l’occupation du Mirail

IL N’Y AURA PAS D’EXPULSION
Vendredi 5 Décembre, la présidence a pris l’initiative de mettre en place un vote électronique (dont elle a décidé unilatéralement les modalités) sur l’ENT concernant la banalisation et le blocage de la fac. Tandis qu’elle prétend soutenir les revendications de ce mouvement, avec l’organisation de ce vote électronique elle tente une fois de plus d’en orienter le déroulement vers un retour à la normale sur le campus.
Outre le fait de nier la capacité des étudiant-e-s à s’organiser eux-même, ce même vendredi, cette chère présidence a également déposé une plainte contre les occupant-e-s de l’université du Mirail auprès du Tribunal Administratif de Toulouse. Suite à cette plainte, un huissier est venu constater les faits et un procès aura lieu lundi 8 Décembre à 14h30. Il ne fait aucun doute qu’à l’issue de ce procès une procédure d’expulsion sera engagée.
Notons qu’un reproche qui nous est adressé est que parmi les occupant-e-s se trouvent des personnes non-inscrites au Mirail. Il est exact que des personnes partageant notre lutte (qui ne se limite pas au petit monde universitaire) se sont jointes à nous. Toutefois nous ne pouvons nous empêcher d’observer que la présidence a recours aux mêmes méthodes que nous en faisant intervenir un huissier (en attendant les CRS…) lui-même non-inscrit à l’université mais partageant sa lutte... pour le maintien de l’ordre !
Nos raisons d’occuper
Nous vivons dans une société qui ne nous correspond pas, dans un modèle économique violent et oppressif, dans lequel l’université telle qu’elle existe a sa part de responsabilité. Notre fac ressemble de plus en plus a un lieu de passage et de consumérisme, où les savoirs sont considérés comme des marchandises à évaluer et valider d’un diplôme, passeport pour une vie productiviste et balisée.
Étudiant-e-s parce que nous avons soif d’apprentissages émancipateurs, pour comprendre ce qui nous opprime et imaginer de nouvelles formes de vie collective, nous avons décidé d’occuper la fac du Mirail et d’y inventer une université alternative. Pour cela nous avons déjà organisé de nombreux ateliers, débats, projections, soirées de soutien aux inculpé-e-s du 1er et du 8… et expérimenté au quotidien une autre manière de vivre ensemble. Ces 3 semaines d’occupation collective, d’auto-gestion, de réflexions et d’échanges nous ont appris davantage que 3 mois de cours !
Aussi, malgré la menace d’expulsion pesant désormais sur nous, nous affirmons notre détermination à poursuivre cette occupation légitime et fructueuse !
Nous appelons à TOUS LES SOUTIENS POSSIBLES, à partir d’aujourd’hui et pour tous les jours à venir.
Rejoignez-nous ! Échangeons ! Créons ! Résistons !
Des occupant-e-s

Décision du collectif occupant le Mirail

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