vendredi 14 mars 2014

Les Nouveaux Conservateurs

Occupy antisémite Niark


Bref rappel sur la Réaction made in France

Le conservateur n'est pas toujours un proche du réactionnaire. Le réactionnaire assume une position franchement contre-révolutionnaire sans même avoir besoin de définir ce qu'il entend comme révolutionnaire.
Le réactionnaire surfe sur les peurs diffuses et les nostalgies passéistes en idéalisant le passé au profit de sa réécriture de l'histoire.
En France l'Action Française de Maurras a longtemps été le creuset de ces réactionnaires malgré leur complète défaite au début du 20 siècle face aux laïcs dans leur défense du monopole de l'éducation catholique et des congrégations religieuses. Vaguement royalistes1* ils seront finalement freinés par François de La Rocque (PSF, Croix-de-Feu) qui s'oppose au développement des groupes fascistes et antisémites. 
En février 1934 ils se serviront des ligues d'anciens combattants pour contester la république mais ne réussiront qu'a provoquer un puissant mouvement populaire qui par son audace débordera le Front Populaire politique et bousculera le patronat français avec des grèves sauvages tournantes et des occupations festives. C'est finalement un outsider politique, le tout jeune Mendès-France2*, qui crédibilise les lois sociales de 1936 favorables aux prolétaires que la SFIO de Blum hésitait à mettre en place.  
Plutôt Hitler que le Front Populaire deviendra le mot d'ordre de la droite, du patronat et des prétendus patriotes cagoulards3*, adeptes du terrorisme et du complot politique, préparant l'effondrement de mai 1940 au profit de l'un dès leurs, Pétain et son État Français particulièrement réactionnaire.

Les espoirs déçu de la Critique de la Valeur

Les conservateurs sont plus ancrés dans le présent, ils cherchent à faire durer. Ayant trouvé leur place dans le présent ils ne veulent pas la perdre. Le conservateur défend une position de pouvoir qu'il peut très bien avoir acquise depuis peu de temps.  Ainsi des révolutionnaires ou prétendant l’être peuvent se muer très vite en conservateurs, les bolcheviques après leur coup d’État d'Octobre 1917 sont de ce nombre.
Beaucoup plus proche dans le temps, les années 1980 ont vue d'ex-situationnistes devenir des conservateurs et c'est Guy Debord lui-même qui montra comment et pourquoi ses anciens camarades agissaient dans ce sens.
D'ex-situationnistes fondèrent en effet avec quelques autres l'EdN (Encyclopédie des Nuisances) organisation dont l'activité consista à publier un bulletin irrégulier mais soigné, plusieurs livres et pendant quelques temps à animer un regroupement de circonstance le "Comité Irradiés".4* 
On pourra se référer utilement à la "Correspondance Interdite" de JF.Martos et aux textes signés par Martos mais rédigés en partie par Debord qui conseilla Martos dans ses passes d'armes avec l'EdN.
Alors qu'il avait contribué par deux articles à la revue d'EdN et entretenait de bonne relations avec l'équipe dirigeante, Debord prit conscience du conservatisme  dans l'EdN à l'occasion des manifestations de 1986 à Paris (mort de Malik Oussekine). L'occupation brève de la Sorbonne fut dénoncé comme futile par un désinformateur collaborant à l'EdN qui désavoua l'ensemble du mouvement de contestation naissant. Après quelques hésitations les membres de l'EdN défendirent cette position incroyable. D'anciens situationnistes crachaient sur des émeutiers.
Debord résuma parfaitement le fond du problème en adressant de longues lettres à Martos qui les utilisa comme ossature pour un pamphlet polémique qu'il signa avec JP.Baudet: L’encyclopédie des Puissances.

Si l'argumentaire de Debord dans cette histoire mérite une si grande attention c'est qu'il peut s'appliquer aussi au conservatisme plus récent du courant "Critique de la Valeur" version EXIT comme version KRISIS. Il ne faut donc pas s'étonner si Jappe dit plutôt du bien d'un Jaime Semprun pilier de l'EdN.
Dans sa correspondance Debord fait remarquer à Jappe que son livre "Debord", qu'il à reçu et lu en 1993, est "Un peu trop indulgent à mon propos" une indulgence du thésard qui construit patiemment sa carrière sans jamais s'exposer vraiment.
Voila plus de 2O ans que ce courant existe mais il ne fait que se rapprocher chaque jour davantage du conservatisme suranné de l’École de Francfort.
Occupy Israël serait antisémite selon Saint Anselme alors que Netanyahu n'a pas osé dire une telle connerie Jappe le brame partout pour mieux dissimuler sa peur de toute contestation qu'il se croit chargé de désamorcer préventivement comme avant lui Adorno et sa clique d'idéologues bedonnant.

D'Horkheimer à Adorno pour finir chez Kurz et Jappe

Le raisonnement est le suivant: Les insuffisances de la critique du capitalisme dans le passé ont généré un antisémitisme nouveau (nazisme) et radical, la critique suffisante et complète du capitalisme passe par un effort de remise en question total et particulièrement abstrait dans sa saisie dont les prolétaires dressés par cinq siècle de capitalisme sont incapables dans l'immédiat. En conséquence ils ne peuvent QUE dériver vers la même fausse critique que leurs aînés allant tout droit vers l'antisémitisme à l'exclusion de tout autre "isme". Jappe en voit la preuve dans le slogan utilisé par OCCUPY sur les 1% contre les 99%.
Le fait que pendant plusieurs mois une majorité de New-yorkais aient approuvé l'idée "d’Occuper Wall Street" est pour lui insignifiante, comme l'ensemble des pratiques déployées par le Mouvement Occupy, il lui suffit du slogan des "1%-99%" dont il sait qu'il vient du marketing pour condamner absolument l'ensemble. C'est la répétition de ce que l’École de Francfort grava dans le marbre de son idéologie antirévolutionnaire, une condamnation de toute révolte sociale conséquente pour cause de menace contre-révolutionnaire antisémite obligatoire, quasi immanente.
On comprend bien pourquoi l'armée américaine et la CIA confièrent avec enthousiasme le recyclage des prisonniers de la Wehrmacht à l’École de Francfort...
Pour un Postone (membre de Mémorial) la "Fin du Capitalisme" n'est pas en vue contrairement aux positions de Kurz et en partie de Jappe. Si le capitalisme a encore un avenir alors forcément l’État-Nation d’Israël a un avenir radieux ou au moins possible comme celui de Russie par exemple.
Les forces agissantes des États ne sont jamais analysées par ce courant de pensée. Comme si le monde capitaliste était seulement gouverné mécaniquement par le cycle de la valeur alors qu'il existe une dialectique État/Capital même dans la fusion Intégrée des deux.
Poutine n'agit pas au nom de la valeur capitaliste mais au nom d'une idéologie comme Hitler et Staline avant lui.
Parmi tous les possibles les 1% sont bien détenteurs du choix du pire et ils sont les seuls à avoir ce pouvoir. Hitler à bien liquidé les juifs d'Europe mais il a aussi contribué à la création d’Israël de 1933 à 1942 en exilant en Palestine une élite juive-allemande qui manquait pour structurer le projet d’État des sionistes.
Anselme Jappe est une caricature d'Adorno, réincarnation du petit prof accroché à sa docte chaire professoral, esbroufant les étudiantes fans  de "Musique Antique"...

L'analyse de Guy Debord s’emploie à merveille pour comprendre la tare originelle de KRISIS comme d'EXIT:

«.../...Au pied du mur de la pratique, même s’il s’agit d’une pratique aussi vulgaire, le réel gêne, le talent n’est plus là. Nul doute que parmi ceux que le bluff était en passe de duper, beaucoup vont perdre leurs illusions d’un seul coup, rien que pour la maladresse avec laquelle ces gens se sont mis à "parler franchement".../...»

«.../...Lorsque l’EdN considère la théorisation séparée comme étant la seule vraiment révolutionnaire, l’intervention pratique n’est plus saisie et fixée que sous sa forme vulgaire et avant-gardiste d’activisme ; car elle ne comprend plus la signification de l’activité révolutionnaire, critico-pratique. Ce qui se présente comme « la tentative intellectuelle la plus importante de cette fin de siècle » ne sera alors que cela : une tentative intellectuelle, une prouesse étrange dans un genre impossible. En scindant théorie et pratique (jusque dans sa théorie, et jusque dans ses polémiques), elle oublie simplement qu’aucune idée ne peut mener au-delà du spectacle existant, mais seulement au-delà des idées existantes sur le spectacle ; et que la théorie critique n’est vraie qu’en s’unifiant activement au courant pratique de la négation dans la société. Lorsqu’une forme de pratique surgit face à cette sphère de la théorie autonomisée, elle ne peut plus être saisie rationnellement ; elle ne peut plus qu’être diffamée, car cette théorie ne lui avait ménagé aucune place en elle-même.
Jusqu’ici, l’EdN était à elle-même son propre but : sa plus grande, mais néanmoins amère victoire, était sa propre existence sans actes, où les Nuisances ne nuisaient qu’à elles-mêmes. C’est cette essence même de l’EdN, sa réalisation littéraire comme fin séparée du mouvement réel, qui est maintenant devenue visible, en la menant à se déterminer ouvertement contre ce mouvement. Après avoir craché sur les rebelles, elle peut être désormais assurée que la prochaine révolte ne se fera pas seulement sans elle, mais aussi contre elle. Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle.»

Septembre 1987. 
 L’Encyclopédie des Puissances

Circulaire publique
relative à quelques nuisances théoriques
vérifiées par les grèves de l’hiver 1986-1987



1*Bien qu'ils comptent quelque nobles dans leurs rangs ils ne sont avant tout que des "Bourgeois Gentilhomme". 
2*Mendès-France chiffre les mesures du Front Populaire et prouve que l'économie française peut encaisser les mesures sociales au grand scandale du patronat. Son second plan de réforme économique keynésiens est axé sur le contrôle des actifs et sur le soutien de l'investissement militaire. Il est refusé par le sénat comme trop marxiste.
3*La cagoule abandonnera vite le terrorisme pour l'infiltration des parti politiques et leur contrôle.
4* Il existe aujourd'hui une suite "pouet pouet" à l'EdN qui mixe menu la pseudo "Radicalité" pour en faire une soupe inoffensive et confuse à dessein Les Éditions de l’Échappée façon post-modern... à gerber, cela n’échappe pas à un Max Vincent...
Le but est d'affaiblir la véritable Critique Anti-Industrielle qui s'exprime avec PMO. PMO ne semble même pas s'en apercevoir en confiant ses éditions à cette suite de Quilombo, le journal qui sans rire n'avait pas vue d'influence Situationniste dans l'Autonomie parisienne, avec des ciseaux et des gommes tout s'arrange.


Sources:
http://debordiana.chez.com/francais/encyclopedie.htm
https://sites.google.com/site/lefinmotdelhistoire/

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