lundi 22 octobre 2012

Merci au professeur Séralini

Liberté Égalité Fraternité

Le professeur Gilles-Eric Séralini, un homme de bien qui frappe un grand coup:

"Les études de Monsanto qui ont permis des mises sur le marché sont gardées secrètes tandis que les nôtres, on les décortique jusqu'à la moëlle. Moi, mes tests, pour l'instant ils n'ont servi ni à l'autorisation ni à l'interdiction des produits"
G-E Séralini


En effet la méthodologie utilisé par Séralini est très supérieure aux pseudo-études qui autorisent la mise sur le marché des différents poisons capitalistes par centaines. Son étude a semé la panique dans le système Étatico-Économique qui s'autorise lui l’empoisonnement généralisé des esclaves-citoyens consommateurs comme de l'ensemble du vivant sur cette misérable planète Terre. Les réseaux Ad Hoc espèrent noyer le poison en critiquant les méthodes de Séralini pour faire oublier le vrai scandale des OGM et de la néo-nourriture en général. Ils s'autorisent eux-mêmes par cooptation de faire des bénéfices sans jamais évaluer sérieusement les effets nocifs de leurs vaches folles et autres produits trafiqués.

"...Je ne reconnais pas l’Efsa comme une autorité indépendante. Le quitus de son budget n’a pas été donné pendant une longue période pour conflits d’intérêts par le Parlement européen."
"...Je rappelle que nombre de personnes siégeant à l’Efsa vont devoir se prononcer sur une étude qui remet en cause leurs propres procédures d'évaluation des plantes transgéniques. Comment imaginer que ces personnes se déjugent à ce point ?"

Le professeur Gilles-Eric Séralini, auteur de recherches dénonçant la toxicité d’un maïs OGM, répond aux critiques sur ses méthodes.

Depuis sa parution, votre étude est très controversée, notamment sur sa méthodologie. Que répondez-vous à toutes ces attaques ?
Ce qui est extraordinaire, c’est de voir que la polémique part de ces mêmes personnes qui ont demandé et autorisé la mise sur le marché du maïs OGM NK-603 et du Roundup. On nous reproche d’avoir utilisé une souche de rats sensibles, qui développent des tumeurs en fin de vie. Ce sont des Sprague-Dawley, une souche habituellement utilisée en toxicologie, et je rappelle que c’est sur la même souche de rats qu’ont été testés tous les OGM autorisés. Avec une espèce plus résistante, on ne verrait pas le développement des effets des pesticides ou des plantes transgéniques sur les organismes. On nous accuse de ne pas avoir de statistiques. Mais il n’y a pas d'équation qui puisse être écrite à partir de ces courbes factuelles. Les courbes des tumeurs ne sont pas des moyennes, mais des valeurs brutes.

On nous reproche notre protocole, or, nous avons récolté jusqu'à 100 paramètres biochimiques par rat, 11 fois sur 200 rats. Nous avons prélevé 34 organes de rat ! Notre protocole est bien meilleur que la plupart des protocoles existants. Par ailleurs, notre étude porte sur vingt-quatre mois, soit deux ans, il n’y a pas de test OGM plus long au monde, puisque les études qui conduisent à l’autorisation des plantes transgéniques portent sur trois mois seulement. Objectivement, nous avons réalisé le test le plus long et le plus détaillé au monde sur n’importe quel OGM et n’importe quel pesticide. Je note également que nous sommes attaqués par des personnalités qui ne publient pas dans des revues à comité de lecture, et pas sur ces sujets.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) estime que votre article n’a pas été élaboré «conformément aux bonnes pratiques scientifiques en vigueur, telles que les lignes directrices reconnues sur le plan international en matière d’études scientifiques et de communication des résultats».

Bien sûr, notre étude a des limites : au lieu de 10 rats par groupe, nous aurions dû travailler sur des groupes de 50 rats. Mais pour cela, il nous fallait 20 millions d’euros. Je veux bien admettre qu’avec dix rats par groupe, nous sommes limités. Mais il faut savoir que c’est ce que recommandent les protocoles de l’OCDE pour les analyses de toxicologie à court terme [protocoles 408 et 413, ndlr] : des groupes de vingt rats, répartis en dix rats par sexe. Personne au monde n’a lancé d'étude de carcinogénèse avec des groupes de 50 rats sur ces produits. Notre étude était un préalable indispensable pour cela. Qu’attendent les pouvoirs publics pour le faire ? Vous comprenez ce qui se passe si on a raison ? On montre pour cela le laxisme de celles et ceux qui ont autorisé le NK-603. Tous ces gens-là se sont assis sur des études, notamment celles de Monsanto, qui ont révélé 50 effets significatifs en trois mois de tests et les ont sous-estimés.

Qu’attendez-vous de la saisie du Haut Conseil des biotechnologies, de l’Anses et de l’Efsa, qui doivent rendre des avis d’ici au 20 octobre ?
Très franchement, rien. Je ne reconnais pas l’Efsa comme une autorité indépendante. Le quitus de son budget n’a pas été donné pendant une longue période pour conflits d’intérêts par le Parlement européen. L’Efsa nous réclame les données de nos tests. Nous sommes d’accord pour les rendre publiques, à condition que ces agences mettent elles-aussi sur le tapis les données de leurs tests qui ont conduit à l’autorisation des OGM et du Roundup. Il faut que ces éléments soient tous disponibles, mis en ligne sur un site public, afin que chacun puisse comparer ce qui a été fait ou pas. Je rappelle que nombre de personnes siégeant à l’Efsa vont devoir se prononcer sur une étude qui remet en cause leurs propres procédures d'évaluation des plantes transgéniques. Comment imaginer que ces personnes se déjugent à ce point ?
http://www.criigen.org/SiteFr//index.php

Comment un OGM, un pesticide et un système peuvent être toxiques


Dans le domaine de la toxicologie alimentaire, Food and Chemical Toxicology est sans aucun doute la revue la plus réputée au monde. Son comité de lecture a étudié quatre mois durant notre étude et pris soin de nous demander des analyses complémentaires avant d'accepter de la publier (Tous cobayes, Flammarion, 256 p., 19,90 euros).

Nos résultats ont montré la nocivité d'une absorption sur le long terme d'un organisme génétiquement modifié (OGM) alimentaire, le maïs NK603, et de l'herbicide qui lui est associé, le Roundup. Il s'agit de la première étude toxicologique menée sur deux ans et fondée sur un tel nombre de paramètres biologiques, d'analyses anatomo-pathologiques, etc. A ce jour, plus de 160 scientifiques du monde entier nous ont apporté leur soutien ou souligné l'originalité de notre travail, dont l'unique statisticien de l'Académie des sciences.

En moins de trois semaines, différentes agences chargées de l'évaluation de ces substances ont nommé des sous-comités qui viennent de discréditer notre recherche. Ainsi peuvent-ils ne pas interdire l'OGM et le pesticide en question...

Néanmoins, il y a un premier pas : l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et le Haut Conseil des biotechnologies (HCB) appellent à tester dorénavant à long terme ces substances. Ce que quelques autres et moi-même n'avons cessé de réclamer depuis quinze ans. Les citoyens savent désormais que la science "digne" et "bonne", les autorités garantes de leur santé, n'ont jusqu'à présent pas cru bon de devoir l'exiger.

En 2003, ces mêmes comités ont accepté la mise sur le marché par Monsanto dudit maïs NK603 à partir de tests réalisés sur une durée huit fois inférieure à celle de notre étude, sur la même souche de rats (le Sprague Dawley, qui est le mammifère utilisé dans les expériences de ce type) et des groupes d'animaux analysés n'excédant pas dix individus (comme dans notre étude). Que le nombre de paramètres biologiques et d'organes analysés ait été très largement inférieur aux nôtres ne les a nullement empêchés de donner leur feu vert (je siégeais à l'époque à la commission du génie biomoléculaire). C'est du Dr Jekyll et Mr Hyde !

Ces agences reprochent à notre étude une faiblesse statistique, elles qui n'ont jamais exigé des industriels le dixième de ce qu'elles nous intiment de fournir aujourd'hui, elles qui ont même accepté, sans sourciller, des tests sanitaires de quatre-vingt-dix jours ou moins, menés sur des groupes de quatre ou cinq rats, par exemple pour la mise sur le marché de la pomme de terre Amflora (EFSA, 2006) !

Elles ont même parfois donné leur accord sans qu'il y ait eu tests sur des animaux. Elles nous réclament des détails encyclopédiques sans lesquels il leur "serait impossible de conclure à la validité de nos résultats", mais n'ont jamais exigé des industriels la simple transmission publique des analyses de sang dont elles ont pourtant confirmé qu'elles ne révélaient rien. Ce sont elles qui ont entretenu l'omerta des industriels sur les données sanitaires de leurs tests. "Secret industriel oblige", rétorquent-elles.

Surtout lorsqu'on est juge et partie et qu'aucune loi n'empêche les scientifiques ayant des conflits d'intérêt de siéger dans des commissions d'intérêt national ou international... Mais qui s'offusque de ces collusions, de cette absence de transparence préjudiciable à la santé publique, donc aux citoyens ?

La science "digne" et "bonne" ne s'arrête pas en si tordu chemin : l'ensemble des six académies scientifiques – ou plus exactement, d'après témoins, deux personnes par académie et pas en séance plénière... – a rendu un avis sur notre étude. Tout y prête à commentaire, aussi m'arrêterai-je seulement sur trois points.

1. "Il serait particulièrement dangereux d'évoquer une nécessité éventuelle d'expériences à long terme à l'occasion de cet article...".

On croit cauchemarder en boucle. Ces académiciens qui, en leur temps, ont minimisé les dangers de l'amiante, etc., ne sont même pas capables de préconiser le minimum du minimum, des tests obligatoires de trois petits mois pour la mise sur le marché d'un OGM ; ni d'imposer qu'un pesticide soit testé dans sa formulation commerciale, tel que l'agriculteur ou le jardinier l'utilise (ce que nous avons fait dans notre étude).

Car l'industriel n'a l'obligation de tester à long terme que la molécule active (le glyphosate dans le cas du Roundup). Des adjuvants sont intégrés pour potentialiser l'effet d'un produit chimique ou d'un vaccin, mais cette synergie n'a aucune conséquence sur les organismes vivants... C'est bien connu puisque ce n'est pas testé.

2. Contrairement à ce qu'ils me reprochent, je n'ai pas employé indifféremment les mots "tumeur" et "cancer" dans notre étude : le Roundup s'avère un perturbateur endocrinien, et nous avons constaté qu'il provoquait plus de cancers chez les femelles que chez les mâles.

3. "La mobilisation médiatique savamment orchestrée autour de travaux sans conclusion solide pose un problème éthique majeur." Vraiment ?

Mais minimiser les effets sanitaires, fermer les yeux sur les lacunes du système d'évaluation et les conflits d'intérêts, soutenir l'omerta industrielle, est-ce éthique et responsable ? Enfin, qui peut penser que nous avons organisé la médiatisation de nos résultats simultanément en Russie et en Inde, pays qui ont pris immédiatement des mesures sur les OGM agricoles, en Chine, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, au Canada, en Afrique, et j'en passe ?

Des personnes "expertes" sont allées jusqu'à demander, avec une violence exceptionnelle dans notre milieu, à l'éditeur de Food and Chemical Toxicology de retirer notre publication. Certains comprendront pourquoi nous avons choisi de ne pas avertir à l'avance les autorités sanitaires du pays : si nous l'avions fait, c'est l'étude elle-même qui n'aurait pu être conduite jusqu'à son terme. Et il importe plus que jamais que notre étude soit examinée et prolongée, mais par des scientifiques indépendants.

On lit ici ou là que des millions d'animaux et d'Américains mangent des OGM tous les jours depuis des années, sans conséquence aucune : comment proférer une telle contre-vérité ? Outre-Atlantique, les filières ne sont pas séparées, les OGM pas étiquetés, aucune épidémiologie n'est donc possible.

La transparence des données sanitaires, les études de long terme et l'expertise contradictoire sont des nécessités absolues. Nous pouvons contribuer à les mettre en place. L'explosion des maladies chroniques depuis une soixantaine d'années devrait inciter nos responsables politiques à prendre en compte les alertes en matière de santé et d'environnement, et à ne pas cautionner la réfutation précipitée, la mise au pilori organisée.

C'est de conscience et de solidarité que notre société a besoin ; en un mot, de sagesse. Les scientifiques ont le droit de se tromper. Mais ils ont le devoir d'éviter ce qui peut être évitable : la plupart des grands scandales de santé publique le sont. La science que je pratique n'est pas faite pour nourrir l'ogre insatiable de la finance mais pour protéger les êtres humains d'aujourd'hui et de demain.


Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, Criigen

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