vendredi 20 juillet 2012

DCD par erreur: Mort de Robert Kurz


Kurz serait mort des suites d'une opération des reins (une erreur chirurgicale aurait accidentellement sectionné  son pancréas...) le 18 juillet dernier dans sa ville de Nuremberg, il avait 68 ans.
Certainement le meilleur théoricien de l'école Marxienne allemande et qui justement n'était pas universitaire comme le sont l'ensemble des individus regroupés autour d'EXIT comme de KRISIS. Cette cohérence entre la vie réelle de ce fils de prolétaire et ses travaux de relecture et de prolongement de la théorie sociale de Karl Marx sont un bien rare qui pourrait le rapprocher de Guy Debord qu'il détestait au plus haut point.
En effet les fulgurances pratiques autour de L'I.S comme du "Groupe Debord" ensuite faisaient de l'hombre à son humble passé de gauchiste Allemand...

Sa thèse centrale sur la fin du capitalisme est la plus solide à ce jour, plus solide que l'analyse de Jappe qui pourtant est elle-même excellente. Les 2 ont travaillé ensemble mais visiblement Jappe n'a pas convaincu Kurz sur l'aventure situ ou la critique du Fétichisme de la Marchandise développée par Debord dans la SdS. Les dérives antisémites du gauchisme Allemand préoccupaient beaucoup Robert Kurz mais ne suffisent pas à expliquer sa position ultra-sioniste. Sa génération est née dans le 3e Reich, si l'on ajoute l'influence de l’École de Francfort et la symbolique de sa ville d'origine on s'approche sans aucun doute des raisons de son hypersensibilité aux dérives antisémites manipulées qui ont conduit, sous couvert d'une sympathie à la "Cause Palestinienne", certains jeunes allemands des années 70/80 dans les griffes des succursales du KGB sans être capables de réagir comme "Angie".
Son inacceptable défense de l’État d’Israël complète le tableau des mécanismes de "rachat" du passé de Nuremberg.
Mais cela n'affaiblit en rien sa limpide saisie du processus historique de la fin de l'utopie capitaliste.
Chapeau bas Robert Kurz !

Son acharnement à prétendre que Mai68 fut un "Mouvement Étudiant" parait suspect, s'agissant de la plus grande grève générale sauvage du 20 siècle. Comme de nettoyer les isme partout pour aussitôt  les ajouter à Situationniste et finalement  ne désigner que l'insignifiant Tarnac.
Il ne faut pas s'en affecter outre mesure s'agissant d'un égal de Marx qui lui aussi était un piètre Révolutionnaire dans l'action comme en témoigne son influence catastrophique dans la 1ere internationale qu'il vida de sa substance en liquidant les libertaires...
Ce qu'il fut contraint d'admettre contrairement à l'imbécile Engels, père de toutes les bureaucraties ouvrières.
On peut être un immense théoricien et ne rien savoir faire de l'organisation la plus révolutionnaire que le prolétariat n'ait jamais eu: L'AIT « pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat »..

Nous étions sur le point de répondre durement au texte de Robert Kurz de Janvier 2012 (Pas la moindre révolution nulle part) avec lequel nous sommes en désaccord presque complet sauf sur un point qui touche à son titre qui en effet est juste. Il n'y a de révolutions nulle part et quand bien même, elles ne seraient ni possibles ni souhaitables dans ce Titanic.
Les nombreuses révoltes sociales n'ont pas à être des révolutions et d'ailleurs elles se décomposent en deux groupes bien différents:


- Les "rattrapages Arabes" (merci Kurz) qui sont la suite de la "Chute du Mur" la fin du "Spectaculaire concentré" devenu caduc devant l'universalisation du "Spectaculaire Intégré" au moment de sa chute.

- Les nouvelles révoltes sociales type "Occupy" et "ANONYMOUS" - "WIKILEAKS" et même 2005* en France, qui engagent les combats du futur.

"Pas la moindre révolution nulle part" Lire ici  Version FR en PDF,  Version EXIT

En quelque mots:
Ce salmigondis voudrait résumer l'impuissance des luttes du moment alors qu'il n'est que l'éclatante révélation de l'impuissance d'EXIT à en comprendre le sens.
On y trouve une première erreur que partagent les "Théoriciens" séparés lorsqu'ils prononcent des sentences sur des pratiques qui leur sont étrangère du fait même de leur point-de-vue séparé, a-dialectique forcément.
La praxis n'est pas la seule "Pratique de la Théorie". On peut en effet considérer que la théorie est une pratique mais elle est singulièrement insuffisante lorsqu'on prétend œuvrer à la "Critique Sociale" et plus encore "Révolutionnaire".
C'est sur cette base qu'est née L'I.S comme "Internationale de Théoriciens Révolutionnaires". Plus que son Outillage Critique c'est sa pratique révolutionnaire que l'histoire à reconnue et qui se prolongeât bien après 1972 avec l'informel "Groupe Debord". Du "Coup de Strasbourg" à MAI68 en passant par le Mai rampant italien, le "Coup de Ségovie" et finalement celui du "Temps du SIDA". La liste est longue des éruptions subversives qui caractérisent une véritable "Pratique Révolutionnaire".
Vue d'une confortable position de "théoricien universitaire" cela parait trop scandaleux et surtout menaçant pour ne pas devoir censurer et désinformer sur de tels excès ce qui de fait retire toute légitimité aux "Théoriciens Séparés" minaudant devant leur Cour d'étudiants bêleurs...
Ce pauvre Adorno ne c'est jamais remis de la "danse aux seins nues" qui ringardisait définitivement les chaires de la parole séparée de l'autre coté du Rhin...
Pour cette fois il ne s'agissait pas d'un coup de l'I.S mais de l'air du temps.
C'est donc cette position séparée qu'EXIT et KRISIS devront abandonner pour pouvoir se permettre une réelle critique, pourtant si urgente, des insuffisances mais aussi des points de force de l'actuel mouvement multiforme qui ne se résume pas aux pauvres gesticulations Anticapitalistes des années 90/2000.

La seconde erreur est malheureusement plus courante encore et partagé avec tous ceux qui identifient le "hacking" avec la pensée binaire des ordinateurs, le réseau "libre" avec les prolongements internet du médiatique. Le capitalisme a mis à son service tout ce qui pouvait l’être à commencer par le "Temps Réel" du réseau, sa démultiplication, sa dématérialisation du "séparé". Pour le consommateur une prison interactive aliène chaque jour un peu plus dans la continuité de ce qu'il était devenu, un spectateur.

Cependant la partie libre du réseau a justement été pensée et construite pour échapper à ces prévisibles pièges et sur les bases irrécupérables d'une liberté complète et sans contrôle possible de nouvelles formes de "rapports sociaux" sont né. Mieux encore le "code propriétaire" secret a reculé devant le "code libre" qui est devenu INDISPENSABLE aux réseaux du capitalisme. Armées, États et transnationales n'ont eu d'autre choix que le modèle imposé par les hackers. IBM à troqué ses costards/cravates contre les piercings et iroquois des hackers. L’oppression contrainte de s'en remettre au savoir faire des amis de la liberté, étonnant paradoxe qui n'est encore que la pointe émergé de l'iceberg.
L'implication la plus incroyable c'est que le salariat devient inutile, coûteux et inefficace face au modèle du "travail distribué-partagé".
Aucun secret n'est inaccessible aux hackers et ce secret généralisé des États et transnationales devient nuisible au fonctionnement même du capitalisme au moment de son déclin et de sa fin.
 



Bien loin des niaiseries décroissantes, volem lou paîs Roquefort et autres tarnaqueries néo-opêraistes sont les analyses de Michel Bounan dans "La Folle Histoire du monde" sur ce que nous réserve un avenir proche de survie dans l'hostilité la plus complète des ruines de l'agonie capitaliste.

“L’histoire de l’humanité n’est pas seulement celle de son développement technique ou de ses ‘progrès’ en tous genres, ni même celle de ses institutions et de ses révolutions. Elle est aussi l’histoire des folies collectives qui ont permis ce développement et ces institutions.” 

"...Les peuples amérindiens furent tout aussi étonnés d’observer l’acharnement au travail de leurs envahisseurs, leur fébrilité industrieuse d’insectes, et surtout leur inébranlable détermination à inculquer au monde entier cette extravagante folie : “Vous nous dites que pour vivre il faut travailler... Vous autres, hommes blancs, vous pouvez travailler si vous le voulez, nous ne vous gênons nullement ; mais à nouveau vous nous dites : ‘Pourquoi ne devenez-vous pas civilisés ?’ Nous ne voulons pas de votre civilisation  !” Et encore : “Mes jeunes gens ne travailleront jamais, les hommes qui travaillent ne peuvent rêver, et la sagesse nous vient des rêves .”

                                                                                                                    La Folle Histoire du monde  
              Michel Bounan
Tiens pour les plus niais un extrait PDF de La Folle Histoire du monde



A propos du terme décroissance: Dans dé-croissance il-y-a "croissance" et cela n'est pas approprié. Déconstruction du capitalisme, oui mais pas décroissance qui reste dans le même sombre plan. C'est du réformisme puérile. Pourquoi pas inverser la machine fordiste comme Chaplin dans "les temps moderne" qui des boites de vaches folles fait sortir des ruminants...

Sur le forum http://contreletravail.blogspot.fr/ Jeremy voudrait discutailler avec nous: Réponse
http://www.hepatites-forum.net/krik/Kurz%20r%C3%A9actions.html

                                                                                                   Heil Guy Debord !


* Il y aurait beaucoup à dire sur ce saut qualitatif de 2005 qui a universalisé une question d'éthique centrale et unifié les quartiers autrefois séparés dans de simple émeutes symboliques émotionnelles.  2005 explique en partie le calme trompeur de 2012 malgré la multiplications des bavures policières. La conscience est exigeante et désormais partagée et publique, plus que 2005 sera forcément un nouveau dépassement. 
"Ce qui n'est pas dépassé pourrit, ce qui pourrit incite au dépassement"...

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