Depuis le 25 avril dernier, et la révélation des dossiers détaillés de 779 détenus du camp de Guantánamo, WikiLeaks s’était fait silencieux. Le site lanceur d’alerte fait son retour aujourd’hui, avec la publication de plus de 35 000 câbles diplomatiques américains faisant partie des 250 000 documents annoncés en novembre 2010 lors du « Cablegate ». La France est plutôt bien servie : 2 331 de ces câbles concernent ses relations avec les États-Unis. De quoi donner du travail aux amateurs des secrets des soirées de l’ambassadeur.
Hasard du calendrier ou non, Daniel Domscheit-Berg a confessé au journal allemand Der Spiegel, dimanche, avoir détruit 3500 documents secrets en sa possession. Cet ancien porte-parole de l’organisation, parti l’année dernière créer le rival OpenLeaks, explique qu’il l’aurait fait pour « s’assurer que les sources ne soient pas compromises ».
Parmi ces 3500 documents obtenus par WikiLeaks entre janvier et août 2010, des informations de taille : La liste des personnes interdites de vol aux États-Unis, des données détaillées concernant des groupes néo-nazis ainsi que des dizaines de milliers d’emails du parti national-démocrate allemand, et surtout 5 Go de documents concernant la Bank of America. Ces derniers, promis de longue date par Julian Assange, étaient effectivement restés lettre morte. Ils étaient censés être le prochain gros coup de WikiLeaks. Domscheit-Berg prétend toutefois qu’aucun document concernant la banque américaine ne se trouvait parmi ceux en sa possession.
Dans un long communiqué, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, n’a pas tardé à réagir en accusant son ex bras droit d’être de mèche avec la CIA. Depuis leur séparation, la protection des sources est l’un des points de désaccord entre Assange et Domscheit-Berg. OpenLeaks est d’ailleurs censé offrir davantage de garanties en termes de sécurité pour ces derniers. Un point qui a crée des remous la semaine dernière au dernier Chaos Communication Camp, le plus grand rassemblement de hackers européens. Questionné sur la fiabilité de la structure de son site, Domscheit-Berg a mis au défi les personnes présentes de pirater OpenLeaks. Beaucoup y ont vu une façon de crédibiliser la nouvelle plateforme sur leur dos et s’en sont énervés. Le Chaos Computer Club, l’influent groupe de hackers allemand dont fait partie Domscheit-Berg, a été jusqu’à le renvoyer. C’est pourtant lors du même évènement qu’Andy Müller-Maguhn, le porte-parole du CCC, était sensé tenter de conclure sa médiation qu’il entretient depuis 11 mois entre Assange et Domscheit-Berg pour la remise des documents dérobés.
Toute médiation semblant aujourd’hui définitivement impossible, les relations entre les deux sites rivaux ne devraient pas aller en s’arrangeant. Mais c’est surtout leur crédibilité qui est sérieusement remise en cause. L’idée de transparence totale se conjugue en effet mal avec celle de la destruction de documents. Pas sûr que les 35 000 câbles publiés par WikiLeaks parviennent à faire oublier cette affaire dans l’immédiat.
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