jeudi 30 juin 2011

The decline and the fall of the "spectacular" commodity-economy

Une fois n'est pas coutume, la traduction en anglais du texte de Debord " le déclin et la chute de l'économie spectaculaire- marchande " sur les émeutes de Watts (13-16 août 1965) a été éditée trois mois avant la parution de l'original en français. Cette brochure de 7 pages, sortie fin décembre 1965, était conçue comme un supplément au numéro 10 de la revue Internationale Situationniste ; elle était par ailleurs complétée par un appendice d'une page, la note de présentation de l'I.S., version anglaise d'un texte collectif dont la rédaction en français avait été particulièrement ardue (entre Debord, Vaneigem et Khayati, du 22 octobre au 6 décembre) ; cette note était destinée à être placée en appendice d'un autre supplément au numéro 10, "Les luttes de classes en Algérie", paru le 21 décembre 1965 :
« Nous avons publié, cette fois, quelques " suppléments " avant le numéro 10 d'Internationale Situationniste, qui paraîtra seulement le mois prochain. [...] À la fin de notre récente brochure anglaise, je crois que vous pouvez trouver un bon résumé (très résumé) de la position fondamentale de l'I.S. » (Guy Debord à Chatterji, 12 janvier 1966). 
« Le rôle du traducteur doit être, chaque fois que c’est possible, d’améliorer le texte. »
Guy Debord à Jean-Pierre Baudet, 10 août 1985.
Dès l'automne 1965, Guy Debord cherche un traducteur qui puisse se charger de la version anglaise du texte : « Nous allons publier prochainement un numéro 10. Il y aura un article sur la révolte à Los Angeles. Nous pensons le traduire en anglais, pour en faire un tirage à part. Pourriez-vous faire cette traduction ? Il s'agit de onze pages dactylographiées, d'un texte assez difficile, je le crains. » (Guy Debord à Sean Wilder, 12 novembre 1965).

Parallèlement, on met à l'essai un " Anglais de Paris ", Donald Nicholson-Smith :
« Pour la traduction anglaise. Je saurai vendredi si l'Anglais - qui avait l'air très bien - à qui je l'ai confiée l'aura effectivement faite. Sinon, j'enverrai tout de suite le texte à Toulouse, où un abonné américain de l'I.S. a répondu qu'il traduirait volontiers cela en huit jours. Quand nous l'aurons, vous feriez bien en effet de la faire relire par le professeur américain ». (Guy Debord à Mustapha Khayati, mercredi 1er décembre 1965).

L'Anglais remet sa copie dans les délais (ou presque, compte tenu du retard pris pour la finalisation de la notice de présentation de l'I.S.) :
« La traduction anglaise de " Los Angeles " est presque achevée - par l'Anglais de Paris, qui est finalement très bien. Un autre traducteur virtuel - américain - est à Toulouse. Je vais essayer d'obtenir de lui la traduction d'un autre texte : on approche ainsi du matériel d'une brochure en anglais, quand on en trouvera l'occasion. » (Guy Debord à Mustapha Khayati, mardi 7 décembre 1965).
L'élaboration de la traduction anglaise aura aussi permis de donner enfin un titre à l'article à paraître en mars 1966 dans le numéro 10 de l'I.S. :
« J'ai déjà envoyé hier le projet sur Los Angeles (un article dans Le Monde d'avant-hier le renforce splendidement). Renvoyez vos observations. Et, si possible, un titre. On pense à quelque chose qui proclamerait la rationalité, la conduite parfaitement juste " des insurgés de Watts " (les mots nous manquent) - ou bien le titre détourné en bloc : " Introduction à une critique de l'économie politique ", mais c'est une plaisanterie un peu lourde pour un sujet si grave. » (Guy Debord à Mustapha Khayati, 4 novembre 1965).
« " Les raisons de la colère " ? Il semble que le jeu de mots est moins clair en anglais - et il faut que notre titre soit conçu aussi pour " l'édition anglaise ". Alice a proposé tout de suite : " Les raisons de la couleur "... J'ai pensé à " La décadence de l'empire du visible ", mais l'allusion à " l'empire invisible " du K.K.K. est un peu frêle. Peut-être faut-il un titre plus lourdement politique, moins " littéraire " ? Le sujet de l'article, finalement, n'est pas tant la révolte des Noirs que le commencement de l'émiettement du spectacle social régnant à son pôle américain, comme la burlesque querelle Pékin-Moscou est cet émiettement manifesté à son pôle idéologique-bureaucratique. » (Guy Debord à Mustapha Khayati, mercredi 1er décembre 1965)
« On a pris pour finir ce titre : Le Déclin et la chute de l'économie spectaculaire-marchande, parce que cela évoque en anglais The Decline and the Fall de Gibbon. L'idée étant la fin, la sortie de l'économie politique elle-même, qui subsiste comme décadence alors même qu'elle augmente la production (par et en tant que " du spectacle "). » (Guy Debord à Mustapha Khayati, mardi 7 décembre 1965)

http://dumauvaiscote.pagesperso-orange.fr

THE DECLINE AND THE FALL OF THE
“SPECTACULAR” COMMODITY-ECONOMY

From the 13th to the 16th of August, 1965, the blacks of Los Angeles revolted. An incident involving traffic police and pedestrians developed into two days of spontaneous riots.
The forces of order, despite repeated reinforcement, were unable to gain control of the streets. By the third day, the negroes had armed themselves by pillaging such arms shops as were accessible, and were so enabled to open fire on police helicopters. Thousands of soldiers – the whole military weight of an infantry division, supported by tanks – had to be thrown into the struggle before the Watts area could be surrounded, after which it took several days and much streetfighting for it to be brought under control. The rioters didn’t hesitate to plunder and to burn the shops of the area. The official figures testify to 32 dead, including 27 negroes, plus 800 wounded and 3,000 arrested.

Reactions on all sides were invested with clarity : the revolutionary act always discloses the reality of existing problems, lending an unaccustomed and unconscious truth to the various postures of its opponents. Police Chief William Parker, for example, refused all mediation proposed by the main Negro organizations, asserting correctly that the rioters had no leader. Evidently, as the blacks were without a leader, this was the moment of truth for both parties. What did Roy Wilkins, general secretary of the NAACP, want at that moment ?
He declared that the riots should be put down “with all the force necessary”. And the Cardinal of Los Angeles, McIntyre, who protested loudly, had not protested against the violence of the repression, which one would have supposed the subtle thing to do, at the moment of the aggiornamento of the Roman church ; instead, he protested in the most urgent tones about “a premeditated revolt against the rights of one’s neighbour ; respect for the law and the maintenance of order”, calling upon catholics to oppose the plundering and the apparently unjustified violence. All the theorists and “spokesmen” of the international Left (or, rather, of its nothingness) deplored the irresponsibility and disorder, the pillaging and above all the fact that arms and alcohol were the first targets for plunder ; finally, that 2,000 fires had been started by the Watts petrol throwers to light up their battle and their ball. But who was there to defend the rioters of Los Angeles in the terms they deserve ? Well, we shall.

Complet text:

The decline and the fall of the "spectacular" commodity-economy

English translation of "Le déclin et la chute de l'économie spectaculaire-marchande", by Donald Nicholson-Smith, Paris December 1965

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