mercredi 26 janvier 2011

Les Égyptiens veulent renverser le régime

Le gouvernement égyptien a tout fait, mercredi 26 janvier, pour tenter d'empêcher une répétition des manifestations de la veille. Au moins 500 personnes ont été arrêtées dans tout le pays, selon les services de sécurité. Parmi celles-ci figurent 121 membres des Frères musulmans, organisation islamiste officiellement interdite mais tolérée dans les faits, interpellés à Assiout, au sud de la capitale égyptienne. Le ministère de l'intérieur égyptien avait prévenu qu'il interdisait toute nouvelle manifestation, mercredi et que tout contrevenant serait déféré devant la justice. L'agence Associated Press rapporte de son côté que 860 personnes ont été interpellées.
L'accès à Facebook a également été bloqué mercredi après-midi, selon plusieurs témoignages recueillis sur Twitter, qui est également bloqué par les autorités (les manifestants utilisent des proxys pour contourner cette censure). Plusieurs internautes du Monde.fr confirment qu'ils ne peuvent plus de se connecter au réseau social depuis le début d'après-midi.
Déclaration du sit-in de la place Tahrir au Caire
Nous sommes les masses de manifestants, qui allumons l’étincelle de la révolte contre l’injustice et la tyrannie ;
 
Nous sommes la volonté souveraine du peuple, qui subissons depuis 30 ans l’oppression, l’injustice et la pauvreté sous le règne de Moubarak et des voleurs du régime du Parti National.
 
Les Égyptiens ont prouvé aujourd’hui qu’ils sont capables de détruire la tyrannie et d’en extraire la liberté.
 
Demandes de la population dans les slogans chantés aujourd’hui dans les rues :
1) Moubarak quittera le pouvoir immédiatement. 
2) Le licenciement complet du gouvernement.
 3) La dissolution du Parlement fantoche. 
4) La formation d’un gouvernement national.
 
Nous continuerons à occuper cette place jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites, et nous invitons toutes les masses égyptiennes, les syndicats, les partis politiques et les associations, à se soulever pour faire valoir ces exigences.
 
Grèves, sit-ins et manifestations partout, jusqu’à la chute du régime.
 
Vive la lutte du peuple égyptien.
 
L'Égypte a connu, mardi 25 janvier, une journée de mobilisation hostile au régime en place sans précédent dans l'histoire récente du pays. Dans la nuit de mardi à mercredi, le réseau social Twitter (relayant les informations à partir des mots clés #egypt et #jan25) continuait à témoigner de l'intensité de la protestation et de l'espoir de voir se jouer au pays du président Hosni Moubarak un scénario à la tunisienne. C'est sur cette même place Tahrir qu'un policier a été  blessé. Le fonctionnaire est mort quelques heures plus tard. "Moubarak, dégage !", "la Tunisie est la solution !", ont scandé les manifestants au Caire comme à Alexandrie (Nord), la deuxième ville du pays, face à un dispositif policier massif. Environ 15 000 personnes ont manifesté dans plusieurs quartiers du Caire, notamment aux abords des bâtiments officiels du centre-ville. Ces manifestations ont été organisées dans l'optique de suivre l'exemple de la révolte populaire tunisienne, et répondaient à l'appel d'un groupe militant pour la démocratie, le "Mouvement du 6-Avril". Avec d'autres organisations proches, le mouvement appelait à descendre dans la rue pour faire de mardi une "journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage".
La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour tenter de disperser plusieurs milliers de personnes, en grande partie des jeunes, rassemblées sur la grande place Tahrir et ses environs, à proximité du Parlement et de nombreux ministères. En fin d'après-midi, de vifs affrontements continuaient d'opposer manifestants et forces de l'ordre, selon plusieurs témoignages recueillis sur Twitter. Le service de micro-blogging a été bloqué, vraisemblablement par les autorités, dans l'après-midi. Avec plus de 80 millions d'habitants, l'Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe, et plus de 40 % de sa population vit avec moins de deux dollars par jour et par personne. Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours en Égypte, rappelant celle d'un jeune Tunisien qui avait déclenché la révolte dans son pays. Le président Moubarak, 82 ans, est au pouvoir depuis 1981. Une élection présidentielle est prévue en septembre, mais il n'a pas dit s'il se présenterait. Son fils Gamal, 47 ans, est donné comme un possible successeur.
Le site de micromessagerie Twitter était inaccessible en Égypte, mardi 25 janvier, alors que des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak.

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