jeudi 30 décembre 2010

Une enquête non grata

L'enquête sur les attentats du 11 Septembre
Le gouvernement Bush s'est opposé à ce qu'une enquête ait lieu sur le 11 Septembre.  Ce n'est que sous la pression médiatisée des familles de victimes qu'une Commission fut finalement mise en place ... mais l'enquête fut pilotée par la Maison Blanche et entachée d'obstacles et d'obstructions répétés qui compromettent la crédibilité du rapport final.
« Pouvez-vous croire qu’à la suite d’un tel attentat, le gouvernement ne voulait même pas ouvrir une enquête ? » s’exclama Ralph Nader, candidat indépendant aux élections présidentielles américaines de 2008, au cours d’une interview filmée lors d’un meeting de campagne à Cincinnati. 
L'administration Bush était effectivement opposée à ce qu'une enquête ait lieu sur les attentats du 11 Septembre CBS News, 23/05/02.  Ce n'est que sous la pression médiatisée des familles de victimes qu’une commission d’enquête fut finalement ordonnée le 27 novembre 2002 Congrès des États-Unis, 27/11/02, soit 441 jours  après les attentats.  A titre de comparaison, il avait suffi de 9 jours pour qu’une enquête soit ordonnée sur l’attaque de Pearl harbour, 7 jours sur l’assassinat de Kennedy, 7 jours également sur l’explosion de la navette Challenger, ou encore 6 sur le naufrage du Titanic.
La Commission fut composée d’un nombre égal de représentants des deux partis – 5 Républicains dont Thomas Kean nommé président et 5 Démocrates dont Lee Hamilton nommé vice-président – mais elle n’avait en réalité que l’apparence d’une commission non partisane. Elle fut bien au contraire étroitement pilotée par la Maison Blanche.
En effet, le poste de Directeur exécutif de la Commission d’enquête fut attribué au Républicain néo-conservateur Philp Zelikow, un proche collaborateur de la secrétaire d’État Condoleezza Rice et membre du gouvernement de transition de Bush fin 2000 et début 2001.  De l’aveu même des président et vice-président Kean et Hamilton dans leur livre Without Precedent : The Inside Story of the 9/11 Commission paru en  2006, c’est Philip Zelikow qui avec son staff administratif fut chargé du travail d’enquête Without Precedent, p.38 ; The Commission, pp. 69-70, 81-86.  Les Commissionnaires quant à eux étaient chargés de conduire les audiences et les entretiens sur la base des éléments que leur mettaient à disposition Philip Zelikow et les services gouvernementaux Without Precedent, pp. 269-270.  Dans une interview à CBC News le 21 août 2006, le vice-président Lee Hamilton a reconnu que « de nombreux sujets soumis à l'attention de l'équipe [dirigée par Zelikow] n'ont pas été transmis à la Commission. [...] La plupart des sujets ne sont pas parvenus directement jusqu'à moi. [...] Le groupe de travail a filtré nombre de ces choses » CBC News, 21/08/06, pp.5 et 8.  Par ailleurs, comme l’a montré le célèbre journaliste du New York Times Philip Shenon dans son livre d’investigation The Commission: The Uncensored History of the 9/11 Investigation, non seulement Philip Zelikow dirigea l'enquête, mais c'est également lui qui dirigea la rédaction du rapport final que les Commissionnaires ont simplement annoté et co-signé.  Le schéma détaillé et les conclusions du rapport avaient même été rédigés dés mars 2003, avant même que ne commencent les auditions de la Commission The Commission, pp. 388-389, 317-324 et 394-396.             

L'interdiction de procéder aux interrogatoires des prétendus comploteurs en détention, au premier rang desquels Khaled Sheikh Mohammed - « cerveau » présumé des attentats Note confidentielle de D. Rumsfeld, J. Ashcroft et G. Tenet, 16/01/04, p.26 ; Without Precedent, pp. 118-126New York Times, 2/01/08 ; .  Ainsi, toutes les déclarations que le rapport final attribue à ces détenus sont exclusivement des informations de troisième main transmises à la Commission par la CIA.  Comme le reconnaissent Kean et Hamilton, la Commission n'avait « aucun moyen de vérifier la fiabilité des informations [...] fournies » Without Precedent, p.119.  Or, c'est sur la base des aveux de Khaled Sheikh Mohammed et des autres détenus - « les seules sources disponibles sur le complot » Without precedent, pp. 118/119 - que la Commission a pu établir un lien entre al-Qaida, Ben Laden et les attentats du 11 Septembre rapport officiel, pp.145-155
La fiabilité des aveux rapportés est d’autant plus sujette à caution que les détenus clés, dont Khaled Sheikh Mohammed, avaient été soumis à la torture du  « waterboarding » lors de leurs interrogatoires par la CIA.  Michael Hayden, directeur de la CIA, l’a admis devant la Commission du renseignement du Sénat américain le 5 février 2008 Jurist, 5/02/08 ; The Australian, 7/02/08, puis un mémo rendu public par le Département de la Justice en avril 2009 révèla que Khaled Sheikh Mohammed fut torturé à 183 reprises en mars 2003 New York Times, 20/04/09 ; Le Monde, 20/04/09.  Ces révélations inspirèrent au journaliste du New York Times Philip Shenon le commentaire suivant : « Tout ceci jette un voile sur la crédibilité du rapport final de la Commission. Dans les cercles du renseignement, on n’accorde que peu de crédit aux témoignages recueillis sous la torture.  Les études démontrent que les gens diront n’importe quoi si on les menace d’une douleur physique intense » Newsweek, 14/03/09 - traduction française sur le site du Nouvel Obs.  Quant aux ultimes confessions de Khaled Sheikh Mohammed devant une commission militaire en mars 2007, elles ne sont pas moins suspectes.
suite
Christo  Reopen911

 

Aucun commentaire:

Archives du blog