mardi 16 novembre 2010

Mediator le nouveau Sang Contaminé

Le sang contaminé: C'est la première crise du genre à faire autant de bruit en France. En 1991, on découvre que le Centre national de transfusion sanguine distribue aux hémophiles des lots de sang contaminé par le virus du sida. 50% des hémophiles dans notre pays contractent alors le VIH. La contamination date alors  des années 1983-85. Malgré le combat des associations de malades Act-Up Paris hémophiles et la mobilisation de l'Opinion Publique, rien n'y fait: Pas de Responsables pas de Coupables.  Laurent Fabius et Georgina Dufoix sont déclarés innocents des délits d'«atteinte involontaire à la vie ou à l'intégrité physique des personnes» par un arrêt du 9 mars 1999.

L'hormone de croissance: A causé la mort de dizaines de jeunes atteints de la Maladie de Creutzfeldt-Jacob (MCJ), n'est toujours pas clos. Fernand Dray, 88 ans, ancien responsable d'un laboratoire de l'Institut Pasteur, et Elisabeth Mugnier, 61 ans, pédiatre à la retraite, sont jugés en appel jusqu'au 24 novembre pour leur rôle dans cette affaire. Ils sont accusés, entre autres, d'homicides involontaires en raison de «graves fautes d'imprudence et de négligence» dans le traitement de 1.698 enfants atteints d'une certaine forme de nanisme. Ces derniers ont été soignés avec une hormone fabriquée entre 1974 et 1988 à partir de l'hypophyse prélevée sur des cadavres.

Le Mediator: Entre 1976 et 2010, plus de 500 patients seraient morts en France d'avoir pris du Mediator. Et plus de 3600 auraient été hospitalisées pour des lésions des valves cardiaques. Le Mediator des laboratoires Servier (deuxième groupe pharmaceutique français après Sanofi-Aventis) était à l'origine réservé aux diabétiques en surcharge pondérale ou présentant une hypertriglycéridémie puis prescrit aux personnes désireuses de perdre du poids. Le Mediator (dont le principe actif est le benfluorex) serait responsable de 1750 interventions en chirurgie cardiaque. Le Mediator a été mis sur le marché en 1976 et retiré du marché en novembre 2009.  

L'Afssaps est-elle crédible pour délivrer les autorités de mise sur le marché ? En 2005, une commission d'enquête du Sénat avait dénoncé le désengagement de l'État dans la  structure de L'Afssaps, censée pourtant être indépendante : "En 2003, les ressources de l'Afssaps provenaient pour 83 % de l'industrie pharmaceutique et pour seulement 6,4 % de l'État" écrivait la commission d'enquête. Conclusion des sénateurs : "N'étant plus soutenue financièrement par l'État, l'Afssaps n'ose plus prendre de décisions contrariant un tant soit peu les intérêts immédiats des firmes. (...) La préservation de la santé de l'industrie pharmaceutique semble ainsi passer avant celle des patients." Aujourd'hui, l'Afssaps dépend à 100 % des laboratoires pour vivre, même si, rappelle Fabienne Bartoli, cet argent est récolté par l'État via une taxe puis attribué à l'établissement, "exactement comme l'impôt". Gérard Bapt critique quant à lui à le climat d'"opacité" dans lequel les décisions de l'agence sont prises, et leur caractère "anonyme". Il dénonce surtout la "collusion" existant entre les laboratoires pharmaceutiques et les organismes de contrôle : "Le trésorier de la société française de pharmacologie, qui a plus que son mot à dire dans les interdictions, est le directeur scientifique de Servier ; M. Servier lui-même a été fait Grand' croix de la Légion d'honneur par Sarkozy... [le 31 décembre 2008]".

 

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