mardi 26 octobre 2010

Le Blousons Noirs 1955/65


Les Actes de Vandalisme qui traduisent une hostilité à l'environnement constituent un autre facteur de la délinquance des blousons noirs. Souvent le vandalisme découle du chahut et se transforme en rage de détruire. On dégrade les monuments publics ou on s'attaque aux voitures dont on lacère les pneus ou les capotes pour s'amuser, pour le plaisir.
La délinquance sexuelle avec le viol collectif est une forme de délit caractéristique des bandes de l'époque. Le viol appelé dans leur langage ; " le barlut, complot, queue, rodéo..." est perçu par le groupe sur le mode ludique. Un gars de la bande drague une fille puis lui donne rendez-vous le soir, la fille tombe dans un traquenard et se fait violer par ses copains. A Lyon, rien que dans le dernier trimestre de l'année 1959, il y a eu 52 arrestations pour viols collectifs. Yves Charrier éducateur spécialisé dans les problèmes de la jeunesse délinquante note une recrudescence des viols collectifs vers les années 1962-1963 avec l'apparition de jeunes moins sûr d'eux, dont le comportement d'inadaptation s'exprima en particulier par des viols collectifs. Il signale même une bande qui avait monté un système d'appât très élaboré en utilisant deux filles dont la fonction consistait à contacter une fille que la bande avait choisit et de nouer des relations amicales avec elle. Et un soir elles amenaient leur victime sur les lieux ou la bande attendait, tout en assistant en spectatrice au viol ! 
Autre aspect de la violence, les bagarres entre bandes rivales forment une modalité de délinquance très particulière. Dans l'esprit des participants elles sont plutôt considérées comme un sport violent qui joint le plaisir de la lutte à la satisfaction de montrer sa supériorité dans un domaine perçu comme typiquement masculin. Elles ont généralement des causes très significatives: empiétement de terrain, présence de filles, enjeux divers. Toutes ces motivations mettent en question le prestige collectif d'un groupe, son territoire de chasse. On se donne rendez-vous le soir sur un terrain vague pour se bastonner, et si les flics débarquent les deux clans se liguent contre eux.  
Contrairement à leurs homologues US souvent armés de pistolets, les bandes françaises n'utilisent que des armes par destinations dont l'arsenal est constitué de: chaîne à vélo affûtée, bâton, "goumi" (matraque en caoutchouc), coup de poing américain, outil, ceinturon clouté ou couteau à cran d'arrêt italien.
 "Les cités industrielles sont surtout pathogènes parce qu'elles favorisent les rassemblements de jeunes gens sur un territoire restreint ".
Effectivement, les bandes urbaines profilent surtout dans les quartiers abritant des grands immeubles collectifs type HLM ou des groupes d'habitations à bon marché souvent insalubre. Si les blocs HLM marquent un progrès certain par rapport au taudis, l'essentiel y manque trop souvent. La plus part du temps, il n'y a ni jardins, ni espace, ni équipement sportif sans parler de l'absence totale de distraction. Les enfants et les adolescents ont le sentiment d'être en cage et la rue les attire comme un refuge mauvais.
"On ne sait pas quoi faire, racontent des adolescents. Alors on se retrouve et on s'ennuie ensemble " 
 Les blousons noirs sont un phénomène essentiellement urbain. A Paris chaque porte, chaque quartier prolo possède sa bande. Un article de presse daté de l'été 1959 fait état de six bandes principales à Paris et de 70 autres cliques de moindre importance. Selon la préfecture de police 10000 jeunes fréquentent des bandes dans la capitale. 
A l'époque la bande la plus importante de la capitale était celle du Talus capable de regrouper 250 à 300 jeunes le samedi soir. Ceux de la porte de Saint-Ouen se distinguent par la parfaite maîtrise des diverses langues des voyous. La bande du square des Batignolles et leur chef Pilule sont le sujet d'un reportage de l'émission télé Cinq colonnes à la une en 1960. Tout aussi médiatisée, la bande de la Bastille, forte d'une centaine de membres qui parlait un argot forcé. Une enquête est publiée sur eux l'été 1961 par Christian Magret dans le magazine des têtes couronnées Point de Vue. Le chanteur Moustique membre de ce groupe déclare quelques années plus tard dans un entretien:
" A la fin des années 50, on attaquait un car de flics, on cassait les vitres et on piquait le car pour une virée "
« LA SOCIÉTÉ NOUS AIME PAS, NOUS LES JEUNES ! » Serge de la bande du Square des Batignolles (Cinq colonnes à la une 1960) ça vous rappel rien les keums ?

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