vendredi 10 septembre 2010

Notes sur la « question des immigrés »

Notes pour Mezioud [1]                                                 

Tout est faux dans la « question des immigrés », exactement comme dans toute question ouvertement posée dans la société actuelle ; et pour les mêmes motifs : l’économie — c’est-à-dire l’illusion pseudo-économique — l’a apportée, et le spectacle l’a traitée.
On ne discute que de sottises. Faut-il garder ou éliminer les immigrés ? (Naturellement, le véritable immigré n’est pas l’habitant permanent d’origine étrangère, mais celui qui est perçu et se perçoit comme différent et destiné à le rester. Beaucoup d’immigrés ou leurs enfants ont la nationalité française ; beaucoup de Polonais ou d’Espagnols se sont finalement perdus dans la masse d’une population française qui était autre. Comme les déchets de l’industrie atomique ou le pétrole dans l’Océan — et là on définit moins vite et moins « scientifiquement » les seuils d’intolérance — les immigrés, produits de la même gestion du capitalisme moderne, resteront pour des siècles, des millénaires, toujours. Ils resteront parce qu’il était beaucoup plus facile d’éliminer les Juifs d’Allemagne au temps d’Hitler que les maghrébins, et autres, d’ici à présent : car il n’existe en France ni un parti nazi ni le mythe d’une race autochtone !
Faut-il donc les assimiler ou « respecter les diversités culturelles » ? Inepte faux choix. Nous ne pouvons plus assimiler personne : ni la jeunesse, ni les travailleurs français, ni même les provinciaux ou vieilles minorités ethniques (Corses, Bretons, etc.) car Paris, ville détruite, a perdu son rôle historique qui était de faire des Français. Qu’est-ce qu’un centralisme sans capitale ? Le camp de concentration n’a créé aucun Allemand parmi les Européens déportés. La diffusion du spectacle concentré ne peut uniformiser que des spectateurs. On se gargarise, en langage simplement publicitaire, de la riche expression de « diversités culturelles ». Quelles cultures ? Il n’y en a plus. Ni chrétienne ni musulmane ; ni socialiste ni scientiste. Ne parlez pas des absents. Il n’y a plus, à regarder un seul instant la vérité et l’évidence, que la dégradation spectaculaire-mondiale (américaine) de toute culture. Ce n’est surtout pas en votant que l’on s’assimile. Démonstration historique que le vote n’est rien, même pour les Français, qui sont électeurs et ne sont plus rien (1 parti = 1 autre parti ; un engagement électoral = son contraire ; et plus récemment un programme — dont tous savent bien qu’il ne sera pas tenu — a d’ailleurs enfin cessé d’être décevant, depuis qu’il n’envisage jamais plus aucun problème important. Qui a voté sur la disparition du pain ?). On avouait récemment ce chiffre révélateur (et sans doute manipulé en baisse) : 25 % des « citoyens » de la tranche d’âge 18-25 ans ne sont pas inscrits sur les listes électorales, par simple dégoût. Les abstentionnistes sont d’autres, qui s’y ajoutent.                                      
Certains mettent en avant le critère de « parler français ». Risible. Les Français actuels le parlent-ils ? Est-ce du français que parlent les analphabètes d’aujourd’hui, ou Fabius (« Bonjour les dégâts ! ») ou Françoise Castro (« Ça t’habite ou ça t’effleure ? »), ou B.-H. Lévy ? Ne va-t-on pas clairement, même s’il n’y avait aucun immigré, vers la perte de tout langage articulé et de tout raisonnement ? Quelles chansons écoute la jeunesse présente ? Quelles sectes infiniment plus ridicules que l’islam ou le catholicisme ont conquis facilement une emprise sur une certaine fraction des idiots instruits contemporains (Moon, etc.) ? Sans faire mention des autistes ou débiles profonds que de telles sectes ne recrutent pas parce qu’il n’y a pas d’intérêt économique dans l’exploitation de ce bétail : on le laisse donc en charge aux pouvoirs publics.
Nous nous sommes faits américains. Il est normal que nous trouvions ici tous les misérables problèmes des USA, de la drogue à la Mafia, du fast-food à la prolifération des ethnies. Par exemple, l’Italie et l’Espagne, américanisées en surface et même à une assez grande profondeur, ne sont pas mélangées ethniquement. En ce sens, elles restent plus largement européennes (comme l’AIgérie est nord-africaine). Nous avons ici les ennuis de l’Amérique sans en avoir la force. Il n’est pas sûr que le melting-pot américain fonctionne encore longtemps (par exemple avec les Chicanos qui ont une autre langue). Mais il est tout à fait sûr qu’il ne peut pas un moment fonctionner ici. Parce que c’est aux USA qu’est le centre de la fabrication du mode de vie actuel, le cœur du spectacle qui étend ses pulsations jusqu’à Moscou ou à Pékin ; et qui en tout cas ne peut laisser aucune indépendance à ses sous-traitants locaux (la compréhension de ceci montre malheureusement un assujettissement beaucoup moins superficiel que celui que voudraient détruire ou modérer les critiques habituels de « l’impérialisme »). Ici, nous ne sommes plus rien : des colonisés qui n’ont pas su se révolter, les béni-oui-oui de l’aliénation spectaculaire. Quelle prétention, envisageant la proliférante présence des immigrés de toutes couleurs, retrouvons-nous tout à coup en France, comme si l’on nous volait quelque chose qui serait encore à nous ? Et quoi donc ? Que croyons-nous, ou plutôt que faisons-nous encore semblant de croire ?
C’est une fierté pour leurs rares jours de fête, quand les purs esclaves s’indignent que des métèques menacent leur indépendance ! Le risque d’apartheid ? Il est bien réel. II est plus qu’un risque, il est une fatalité déjà là (avec sa logique des ghettos, des affrontements raciaux, et un jour des bains de sang). Une société qui se décompose entièrement est évidemment moins apte à accueillir sans trop de heurts une grande quantité d’immigrés que pouvait l’être une société cohérente et relativement heureuse.
On a déjà fait observer en 1973 cette frappante adéquation entre l’évolution de la technique et l’évolution des mentalités : « L’environnement, qui est reconstruit toujours plus hâtivement pour le contrôle répressif et le profit, en même temps devient plus fragile et incite davantage au vandalisme. Le capitalisme à son stade spectaculaire rebâtit tout en toc et produit des incendiaires. Ainsi son décor devient partout inflammable comme un collège de France. » Avec la présence des immigrés (qui a déjà servi à certains syndicalistes susceptibles de dénoncer comme « guerres de religions » certaines grèves ouvrières qu’ils n’avaient pu contrôler), on peut être assurés que les pouvoirs existants vont favoriser le développement en grandeur réelle des petites expériences d’affrontements que nous avons vu mises en scène à
travers des « terroristes » réels ou faux, ou des supporters d’équipes de football rivales (pas seulement des supporters anglais). Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques (y compris les leaders du Front national) s’emploient à minimiser la gravité du « problème immigré ». Tout ce qu’ils veulent tous conserver leur interdit de regarder un seul problème en face, et dans son véritable contexte. Les uns feignent de croire que ce n’est qu’une affaire de « bonne volonté anti-raciste » à imposer, et les autres qu’il s’agit de faire reconnaître les droits modérés d’une « juste xénophobie ». Et tous collaborent pour considérer cette question comme si elle était la plus brûlante, presque la seule, parmi tous les effrayants problèmes qu’une société ne surmontera pas. Le ghetto du nouvel apartheid spectaculaire (pas la version locale, folklorique, d’Afrique du Sud), il est déjà là, dans la France actuelle : l’immense majorité de la population y est enfermée et abrutie ; et tout se serait passé de même s’il n’y avait pas eu un seul immigré. Qui a décidé de construire Sarcelles et les Minguettes, de détruire Paris ou Lyon ? On ne peut certes pas dire qu’aucun immigré n’a participé à cet infâme travail. Mais ils n’ont fait qu’exécuter strictement les ordres qu’on leur donnait : c’est le malheur habituel du salariat. Combien y a-t-il d’étrangers de fait en France ? (Et pas seulement par le statut juridique, la couleur, le faciès.) Il est évident qu’il y en a tellement qu’il faudrait plutôt se demander : combien reste-t-il de Français et où sont-ils ? (Et qu’est- ce qui caractérise maintenant un Français ?) Comment resterait-il, bientôt, de Français ? On sait que la natalité baisse. N’est-ce pas normal ? Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. Ils les envoient à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour apprendre l’analphabétisme. Et avant qu’ils aient trois ans, de plus en plus nombreux sont ceux qui les trouvent « insupportables » et les frappent plus ou moins violemment. Les enfants sont encore aimés en Espagne, en Italie, en Algérie, chez les Gitans. Pas souvent en France à présent. Ni le logement ni la ville ne sont plus faits pour les enfants (d’où la cynique publicité des urbanistes gouvernementaux sur le thème « ouvrir la ville aux enfants »). D’autre part, la contraception est répandue, l’avortement est libre. Presque tous les enfants, aujourd’hui, en France, ont été voulus. Mais non librement ! L’électeur-consommateur ne sait pas ce qu’il veut. Il « choisit » quelque chose qu’il n’aime pas. Sa structure mentale n’a plus cette cohérence de se souvenir qu’il a voulu quelque chose, quand il se retrouve déçu par l’expérience de cette chose même.
Dans le spectacle, une société de classes a voulu, très systématiquement, éliminer l’histoire. Et maintenant on prétend regretter ce seul résultat particulier de la présence de tant d’immigrés, parce que la France « disparaît » ainsi ? Comique. Elle disparaît pour bien d’autres causes et, plus ou moins rapidement, sur presque tous les terrains. Les immigrés ont le plus beau droit pour vivre en France. Ils sont les représentants de la dépossession ; et la dépossession est chez elle en France, tant elle y est majoritaire. et presque universelle. Les immigrés ont perdu leur culture et leurs pays, très notoirement, sans pouvoir en trouver d’autres. Et les Français sont dans le même cas, et à peine plus secrètement. Avec l’égalisation de toute la planète dans la misère d’un environnement nouveau et d’une intelligence purement mensongère de tout, les Français. qui ont accepté cela sans beaucoup de révolte (sauf en 1968) sont malvenus à dire qu’ils ne se sentent plus chez eux à cause des immigrés ! Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux, c’est très vrai. C’est parce qu’il n’y a plus personne d’autre, dans cet horrible nouveau monde de l’aliénation, que des immigrés.
Il vivra des gens sur la surface de la terre, et ici même, quand la France aura disparu. Le mélange ethnique qui dominera est imprévisible, comme leurs cultures, leurs langues mêmes. On peut affirmer que la question centrale, profondément qualitative, sera celle-ci : ces peuples futurs auront-ils dominé, par une pratique émancipée, la technique présente, qui est globalement celle du simulacre et de la dépossession ? Ou, au contraire, seront-ils dominés par elle d’une manière encore plus hiérarchique et esclavagiste qu’aujourd’hui ? Il faut envisager le pire, et combattre pour le meilleur. La France est assurément regrettable. Mais les regrets sont vains.

[1] Rédigées en décembre 1985, ces notes furent communiquées à Mezioud Ouldamer, qui publiera en novembre 1986 aux éditions Gérard Lebovici « Le cauchemar immigré dans la décomposition de la France »

Notes on the "immigrant question"

Everything is false in the "question of the immigrants," as is the case in all questions openly posed in current society, and for the same reasons: the economy -- that is to say, the pseudo-economic illusion -- has supplied it and the spectacle has treated it.
One only discusses stupidities. Must we keep or eliminate immigrants? (Naturally, the true immigrant is not the permanent inhabitant of foreign origin, but the one who is perceived and perceives himself as different and destined to remain so. Many immigrants or their children have French nationality; many Poles or Spaniards are finally lost in the mass of a French population that was different.) Like the waste products of the nuclear industry or oil in the ocean -- and here one defines the thresholds of intolerance slower and less "scientifically" -- the immigrants, products of the same management of modern capitalism, will remain for centuries, millennia, always. They will remain because it was much easier to eliminate the Jews from Germany in Hitler's time than the Maghrebians and others from here today: because in France there does not exist either a Nazi party or the myth of a native race!
Must we assimilate them or "respect cultural diversities"? Inept, false choice. We can no longer assimilate anyone: neither the young, nor the French workers, nor even the provincials or the old ethnic minorities (Corsicans, Bretons, etc.) because Paris, a destroyed town, has lost its historic role, which was making the French. What is a centralism without [a] capital? The concentration camp did not create any Germans among the deported Europeans. The diffusion of the concentrated spectacle only makes spectators uniform. In a language that is simply that of advertising, one gargles with the rich expression "cultural diversities." What cultures? There no longer are any. Neither Christian, nor Muslim; neither socialist nor scientist. Do not speak of the absent. If we face the truth and the evidence for a single instant, we find there is nothing but the worldwide-spectacular (American) degradation of all culture.
It is especially not by voting that one assimilates. A historic demonstration that the vote is nothing, even for the French, who are voters and nothing else (1 party = another party, an electoral engagement = its contrary; and, more recently, a program -- which all know will not be kept -- has moreover finally ceased being deceptive, since it can no longer envision any important problem. Who voted on the disappearance of bread?[1]). One recently confessed this revealing number (no doubt manipulated downward): 25% of the "citizens" in the 18-25 age group are not registered to vote, due to simple disgust. Add to them the abstentionists, who are different.
Certain people put forward the criterion of "speaking French." Laughable. Do the current French people speak it? Is it French that the illiterates of today speak -- Fabius ("Hello damages!") or Francoise Castro ("This inhabits you or this touches you?") or B.-H. Levy?[2] Even if there were no immigrants, does not one clearly head towards the loss of all articulate language and all reasoning? What songs do today's young people listen to? Which sects, infinitely more ridiculous than Islam and Catholicism, have easily acquired control over a certain fraction of the contemporarily instructed idiots (Moon,[3] etc.)? Without mentioning the autistics or serious mental defectives whom such sects do not recruit because there is no economic interest in the exploitation of this livestock; one thus leaves them in charge of the public services.
We have made ourselves Americans. It is normal that we find here all the miserable problems of the USA, from drugs to the Mafia, from fast-food[4] to the proliferation of minorities. Italy and Spain -- Americanized on the surface and even to a quite great depth -- are not mixed ethnically. In this sense, they largely remain European (as Algeria is North African). Here we have the troubles of America without having its strength. It is not sure that the American melting-pot[5] still functions (for example, the Chicanos have a different from [from English]). But it is quite sure that it cannot function for a moment here. Because it is the USA that is the center of the fabrication of the current way of life, the heart of the spectacle, which extends its pulsations as far as Moscow and Peking, and which in any case cannot allow any independence to its local subcontractors (the comprehension of this unfortunately reveals a submission that is much less superficial than the one that would like to destroy or moderate the customary critiques of "imperialism"). Here, we are no longer anything: the colonized who have not known how to revolt, the beni-oui-oui[6] of spectacular alienation. What pretense -- envisioning the proliferating presence of immigrants of all colors -- do we suddenly again find in France, as if one stole from us something that might still be ours? And what is it? That we believe or, rather, that makes us still seem to believe? It is the pride in their rare holidays, when the pure slaves are indignant that the foreigners threaten their independence!
The risk of apartheid? It is quite real. It is more than a risk; it is a misfortune that is already here (with its logic of ghettos, racial confrontations and, someday, bloodbaths). A society that is entirely decomposed is obviously less apt to welcome, without too much difficulty, a large number of immigrants than a coherent and relatively happy society. In 1973, we had already observed the striking adequation between the evolution of technique and the evolution of mentalities:
The environment, which is always reconstructed more hastily for repressive control and profit, at the same time becomes more fragile and more of an incitement to vandalism. At its spectacular stage, capitalism rebuilds everything that is worthless and produced incendiaries. Thus, its decor everywhere becomes as inflammable as a high school in France.[7]
With the presence of the immigrants (which has already served certain unionists who are capable of denouncing certain workers' strikes that they could not control as "religious wars"), one can be assured that the existing powers will favor the development in real grandeur of the small experiments in confrontations that we have seen staged by real or fake "terrorists," or supporters of rival soccer teams (not only English fans).
But one quite understands why all of the politicians (including the leaders of the National Front[8]) apply themselves to minimizing the seriousness of the "immigrant problem." All that they want to conserve prohibits them from facing a single problem directly and in its real context. While some feign to believe that this is only an affair of "anti-racist good will" to be imposed, others pretend that it is a question of winning recognition of the moderate right to a "just xenophobia." And they all collaborate by considering this question as if it were the most burning one, almost the only one, among the frightening problems that society will not surmount. The ghetto of the new spectacular apartheid (not the local, folkloric version from South Africa) is already here, in contemporary France: the immense majority of the population is enclosed and brutalized within it; and all this would exist even if there was not a single immigrant. Who decided to construct Sarcelles and les Minguettes,[9] to destroy Paris and Lyon? One can certainly not say that no immigrant participated in this infamous work. But they only executed strictly the orders that were given to them: this is the customary misfortune of the salariat.[10]
How many de facto foreigners are there in France? (And not only by juridical statute, by policy, by facial features). It is obvious that there are so many that one must ask instead: how many of the French remain and where are they? (And what today characterizes a French person?) How would this person remain French? One knows that the birth rate is falling. Isn't this normal? The French can no longer support their children. They send them to school at the age of three, and at least until the age of sixteen, to learn illiteracy. And before they are three, there are more and more people who find them "unsupportable" and strike them more or less violently. Children are still loved in Spain, Italy and Algeria, and among the Gypsies. Not often in France at the moment. Neither lodgings nor towns are made for children (from whence comes the cynical publicity of the governmental urbanists on the theme of "opening the town to children"). On the other hand, contraception is widespread and abortion is available. Almost all the children in France today were wanted. But not freely! The voter-consumer does not know what he wants. He "chooses" something that he does not want. His mental structure no longer has the coherence to remember that he had wanted something when he finds himself disappointed by the experience of this very thing.
In the spectacle, a society of classes has very systematically wanted to eliminate history. And now one claims to regret this sole particular result of the presence of so many immigrants, because France thus "disappears"? Comic. It disappears for many other reasons and more or less rapidly on nearly all terrains.
The immigrants have the greatest right to live in France. They are the representatives of dispossession and dispossession is at home in France, as it is in the majority and almost universal. The immigrants have quite notoriously lost their cultures and their countries, without being able to find others. And the French are in the same situation, and hardly more secretly.
With the equalization of all of the planet in the poverty of a new environment and a purely mendacious intelligence about everything, the French -- who have accepted this without much resistance (except in 1968) -- are ill-advised to say that they no longer feel at home because of the immigrants! They have reason to no longer feel at home, it is true. This is because, in this horrible new world of alienation, there is no one other than immigrants.
People will live on the surface of the Earth, and even here, when France has disappeared. The ethnic mix that will dominate is unforeseeable, as are their cultures, their very languages. One can affirm that the central and profoundly qualitative question will be this: will these future peoples dominate, through an emancipated practice, the current technique, which is globally that of the simulacrum and dispossession? Or, on the contrary, will they be dominated by it in a manner that is even more hierarchical and pro-slavery than today? One must envision the worst and fight for the best. France is assuredly regrettable. But regrets are vain.


[1] See Debord's 1985 essay on hunger abatement.
[2] Laurent Fabius, a Socialist, was the Prime Minister when Debord wrote these notes. Francoise Castro was his wife and a film producer. Bernard-Henri Levy was a "New Philosopher" must despised by Debord.
[3] Sun Myung Moon, the Korean founder of a sect (the "Moonies") that he relocated to the United States in 1972.
[4] English in original.
[5] English in original.
[6] A mocking half-Arabic, half-French expression among Algerian immigrants in France, circa 1866, that means "the sons of he who always say 'yes.'"
[7] This passage appears in the film version of The Society of the Spectacle.
[8] Far-right, nationalist political party founded by Jean-Marie le pen in 1972.
[9] Locations on the outskirts of Paris that include immense, rent-controlled apartment buildings.
[10] "Salariat" is a neologism that combines "salary" and "proletariat," so as to such the proletariat of salaried workers.
(Written by Guy Debord in December 1985 for Mezioud Ouldamer, who was working on his own book, The Immigrant Nightmare in the Decomposition of France, for Editions Gerard Lebovici. Published in the collection Guy Debord: Oeuvres [Quarto Gallimard, 2006] and in Guy Debord: Correspondance, Vol. 6, January 1979 - December 1987 [Librairie Artheme Fayard]. Translation from the French and all footnotes by NOT BORED! May 2007.)

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